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La fusion entre Siemens et Alstom qui devait créer un géant du rail rejetée

Les directeurs généraux de Siemens Joe Kaeser (g.) et d'Alstom Henri Poupart-Lafarge, lors de la conférence de presse annonçant le projet de fusion. [Keystone/AP Photo - Thibault Camus]
La fusion entre Alstom et Siemens qui devait créer un géant du rail rejetée / Le 12h30 / 1 min. / le 6 février 2019
Bruxelles a interdit mercredi la fusion entre le français Alstom et l'allemand Siemens au grand dam de Paris et Berlin, fervents partisans de la création d'un champion européen du ferroviaire pour faire face à la concurrence chinoise.

"La Commission a interdit la concentration parce que les entreprises n'étaient pas disposées à remédier aux importants problèmes de concurrence que nous avons relevés", a déclaré Margrethe Vestager, commissaire chargée de la Concurrence, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

"En l'absence de mesures compensatoires suffisantes, cette concentration aurait entraîné une hausse des prix pour les systèmes de signalisation qui assurent la sécurité des passagers et pour les futures générations de trains à très grande vitesse", a ajouté la Danoise.

La commissaire s'est souvent inquiétée des effets de ce rapprochement qui réduirait le nombre d'industriels rivaux dans l'Union, risquant de faire monter les prix des trains pour les compagnies ferroviaires, et celui des billets pour les consommateurs.

"Erreur économique", regrette la France

Cette décision était largement attendue. Grillant la politesse à l'exécutif européen, le ministre français des Finances Bruno le Maire avait affirmé en matinée sur France 2 que les jeux étaient faits et qu'il s'agissait d'une "erreur économique" qui "va servir les intérêts" de la Chine. La secrétaire d'État à l'Economie Agnès Pannier-Runacher a de son côté dénoncé une décision "complètement à côté de la plaque", estimant que cela revenait à "appliquer des règles du XXe siècle à une économie du XXIe siècle".

Le Premier ministre français Edouard Philippe a ensuite dénoncé "une mauvaise décision" prise "sur de mauvais fondements".

Par la voix de sa ministre de l'Economie Peter Altmaier, le gouvernement allemand s'est pour sa part dit convaincu de la nécessité de modifier les règles européennes sur la concurrence. Il a indiqué qu'une initiative en ce sens était en préparation à Paris et Berlin.

Alstom enterre le projet

Le patron de Siemens a lui regretté ce veto européen, appelant aussi à une réfonte "structurelle" de la politique industrielle européenne face à la concurrence chinoise ou américaine. "Protéger les intérêts des clients localement ne signifie pas se priver d'être sur un pied d'égalité avec des pays leaders comme la Chine et les Etats-Unis", a déclaré Joe Kaeser.

De son côté, Alstom a indiqué que le rapprochement avec Siemens était enterré et que le groupe allait désormais se concentrer sur la poursuite de sa croissance et se projeter dans un futur nouveau.

ats/laj/boi

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Bombarder satisfait

Le constructeur ferroviaire canadien Bombardier s'est dit "heureux" de cette décision, estimant qu'une telle opération aurait "gravement compromis la santé et la compétitivité de l'ensemble du marché ferroviaire européen".

"La Commission indique clairement que la fusion proposée ne respecte pas les exigences de la loi sur la concurrence de l'Union européenne", a déclaré Daniel Desjardins, vice-président principal du groupe, ajoutant que cette fusion dans le rail aurait laissé "les consommateurs européens en payer le prix, à la fois comme utilisateurs du rail et comme contribuables".