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Crise financière: le Conseil fédéral réagit

Eveline Widmer-Schlumpf s'est opposée en vain à la "Lex pharma".
La ministre s'est engagée à garantir les dépôts bancaires.
Le Conseil fédéral entend prendre de nouvelles mesures, en cas de besoin, pour stabiliser le système financier. Il veut tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité des dépôts des citoyens suisses, a promis Eveline Widmer-Schlumpf.

Remplaçante du grand argentier Hans-Rudolf Merz en arrêt
maladie, la conseillère fédérale réagissait ainsi lundi à la
déclaration des Etats membres de l'UE, interrogée par la télévision
alémanique SF.

Ces derniers se sont dits prêts à faire tout leur possible pour
stabiliser le système financier, en pleine dégringolade des
Bourses mondiales . Plusieurs pays
membres se sont en outre engagés à garantir les dépôts bancaires de
leurs citoyens.

Vérifications en cours

La protection des dépôts en Suisse n'est «pas pleinement
optimale» et «fait l'objet de vérification», a concédé la ministre
grisonne. Mais les mesures prises à ce niveau ne produiront leurs
effets «qu'à moyen terme», selon elle.



Dans un communiqué diffusé par le Département fédéral des
finances, le Conseil fédéral dit considérer «d'une importance
cruciale» une dotation suffisante en fonds propres, un
approvisionnement garanti en liquidités et des bilans épurés de
postes problématiques.



Il a toutefois déjà pu «s'assurer que la Commission fédérale des
banques a pris toutes les mesures suffisantes et que la BNS veille
à ce que les marchés financiers disposent de liquidités
suffisantes». Mais les banques ont encore des efforts
supplémentaires à faire, a déclaré Mme Widmer-Schlumpf.

Dans le sillage de l'UE

Plusieurs Etats européens ont pris des initiatives similaires
ces derniers jours pour garantir l'épargne de leurs citoyens, des
promesses qui visent avant tout à éviter un mouvement de panique et
des retraits massifs comptes qui mettraient à mal tout le système
bancaire.



Les ministres des Finances européens discutent du reste d'une
mesure concertée sur le sujet. «Parmi les idées évoquées figure
l'augmentation du minimum de garantie des dépôts dans l'Union
européenne», actuellement fixé à 20'000 euros par client, a indiqué
une source diplomatique à Luxembourg.



Les 27 pays membres se sont engagés lundi à prendre «toutes les
mesures nécessaires» pour garantir la stabilité du système
financier et protéger les épargnants, dans une déclaration lue en
leur nom par le président français, Nicolas Sarkozy. La déclaration
des 27 cite l'injection de liquidités par les banques centrales,
des mesures ciblées sur certaines banques et des dispositifs
renforcés de protection des dépôts.

Plafonds augmentés

Le Portugal et l'Espagne ont rejoint lundi la liste des pays
européens qui entendent améliorer la protection de l'épargne des
particuliers pour tenter de rassurer face à la crise. Les
gouvernements français, belge, allemand, grec et italien ont d'ores
et déjà promis de protéger les dépôts de leurs ressortissants dès
le premier euro.



Certains pays ont augmenté le plafond de garantie de leurs dépôts.
Il a ainsi doublé en Suède, à 51'110 euros par personne, et, au
Royaume-Uni, il a été porté de 35'000 à 50'000 livres. L'Irlande a
été le plus loin en s'engageant à rembourser pendant deux ans
toutes les sommes déposées au sein des établissements financiers,
et notamment l'épargne des particuliers, au cas où ils viendraient
à faire faillite. Ce qui a irrité la Grande-Bretagne, qui redoute
une fuite de capitaux.



L'Allemagne a de son côté annoncé dimanche soir la couverture par
l'Etat de toute l'épargne des ménages. Vienne a dû suivre.
«L'Autriche est prête, comme je l'ai annoncé, soit à rehausser la
limite de la garantie d'Etat, soit à supprimer la limite, selon
l'issue des discussions aujourd'hui et demain», a dit le ministre
des Finances Wilhelm Molterer à Luxembourg.



agences/sbo

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Sauvetage de l'allemande Hypo...

Frappée de plein fouet par la crise financière, l'Allemagne a adopté dimanche soir un plan de sauvetage pour Hypo Real Estate, 4e banque du pays, au bord de la faillite.

Après de dures négociations nocturnes au ministère des Finances, le gouvernement a obtenu du secteur bancaire et des assurances qu'il accorde une ligne de crédit supplémentaire de 15 milliards d'euros à Hypo Real Estate.

"Grâce à cette solution trouvée en commun, l'institut va être stabilisé et la place financière de l'Allemagne renforcée en des temps difficiles", a assuré le ministère des Finances.

La chancelière Angela Merkel avait affirmé dimanche que son gouvernement ne permettrait pas "que la situation critique d'un établissement bancaire entraîne une crise de tout le système" financier.

Hypo Real Estate avait déjà bénéficié d'un plan de sauvetage de 35 milliards le 29 septembre. Mais les banques privées avaient retiré leurs lignes de crédit ce week-end en découvrant que ses besoins de liquidités étaient beaucoup plus graves qu'elle ne l'avait avoué.

... et reprise de la belge Fortis

La réorganisation du secteur bancaire précipitée par la crise financière se poursuit également dans d'autres pays: BNP Paribas reprend le contrôle de Fortis en Belgique et au Luxembourg pour 14,7 milliards d'euros, tandis que l'Etat belge devient le premier actionnaire du groupe français.

Après un week-end de tractations, les autorités belges et luxembourgeoises ont annoncé que BNP Paribas prendrait 75% des activités bancaires belges de Fortis - l'Etat belge conservant les 25% restants - et 100% des activités assurance Belgique.

Le français prendra aussi 66% de Fortis Luxembourg, le reste revenant au gouvernement luxembourgeois. En échange, BNP Paribas verra l'Etat belge devenir son premier actionnaire avec "environ 11,7%" du capital, tandis que l'Etat luxembourgeois prendra 1,1%, a expliqué à Bruxelles son directeur général, Baudouin Prot.

Par ailleurs, une structure séparée va être créée pour y parquer les actifs douteux de Fortis, à hauteur de 10,4 milliards d'euros. BNP Paribas détiendra 10% de cette structure.