La société financière zurichoise GAM prévoit près d'un milliard de pertes

Le gestionnaire d'actifs va aussi supprimer le dividende 2018 et infliger un régime minceur à sa direction, a-t-il annoncé jeudi à Zurich. GAM était autrefois un joyau de la place financière zurichoise, présent aussi à Lugano et dans une douzaine d'endroits dans le monde. Il vit aujourd'hui une crise sans précédent.

Son gérant vedette a été suspendu l'été dernier, soupçonné d'avoir enfreint des règles de gestion de risques. GAM a gelé, puis liquidé les fonds concernés par ces irrégularités présumées. Mais le lien de confiance semble avoir été clairement rompu: en quelques semaines ses clients ont retiré plusieurs milliards de francs, et l'hémorragie continue aujourd'hui.

Qui dit moins d'argent à gérer dit moins de recettes, alors que 2017 s'était soldé par un bénéfice de 123 millions. Il faut donc faire des économies. En supprimant notamment des postes de cadres, dans une société réputée pour offrir de très bons salaires.

Une crise financière et de gouvernance

Personne mieux que son ancien patron, éjecté avec fracas en novembre dernier, ne peut personnifier la crise que la société travaille. Alexander Friedman a longtemps été un financier parmi les mieux payés de Suisse, pas loin de patrons de multinationales, banques ou autres assureurs autrement plus importants.

Un salaire tellement hors-norme que les actionnaires de GAM, événement rarissime en Suisse, ont rejeté l'an dernier le rapport sur les rémunérations présenté lors de l'assemblée générale.

Alexander Friedman a bel et bien été éjecté avec fracas de son poste le mois dernier, mais l'avenir de GAM s'inscrit plus que jamais en pointillés. Les annonces de jeudi n'ont pas rassuré les investisseurs. En chute libre depuis l'été dernier, son action perdait près de 23% jeudi à la mi-journée.

Olivier Schorderet/ebz