La Finul accuse l'armée israélienne d'avoir visé son QG dans le sud du Liban, blessant deux Casques bleus

Israël rejette le rapport publié jeudi par la Commission d'enquête internationale sur les territoires palestiniens. Celle-ci estime que l'Etat hébreu a perpétré un crime contre l'humanité d'extermination contre le système de santé dans la bande de Gaza.

Vendredi, la mission israélienne à l'ONU à Genève a ciblé des accusations "outrageuses". Elle dit que les trois enquêteurs, qui ne s'expriment pas au nom de l'ONU, choisissent délibérément, selon elle, de ne pas considérer l'utilisation des centres de santé par le Hamas.

La mission rejette également les crimes contre l'humanité présumés identifiés par la Commission d'enquête sur les abus perpétrés contre les détenus palestiniens. Israël estime se conformer à ses obligations internationales.

Le président du Conseil européen Charles Michel a condamné vendredi les tirs israéliens contre la force de l'Onu déployée au Liban (Finul) les qualifiants d'"inacceptables". "Une attaque contre une mission de maintien de la paix des Nations unies est irresponsable, inacceptable, et c'est pourquoi nous appelons Israël et toutes les parties à respecter pleinement le droit humanitaire international", a déclaré le dirigeant, en marge d'un sommet des pays d'Asie du Sud-Est au Laos.

La Suisse a condamné dans les termes les plus forts l'attaque contre le quartier général de la mission de l'ONU, la Finul, au Liban. Selon les Nations unies, au moins deux de ses soldats ont été blessés lors de ce bombardement.

Les incidents doivent faire l'objet d'une enquête, a écrit le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sur la plateforme en ligne X jeudi soir.

Lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, la représentation suisse a de nouveau exigé la cessation immédiate des hostilités, a ajouté le DFAE. "On attend des forces de défense israéliennes et du Hezbollah qu'ils garantissent en tout temps la sécurité des troupes de la Force intérimaire des Nations unies au Liban."

Vingt-deux personnes ont été tuées et 117 blessées dans deux frappes israéliennes sur Beyrouth jeudi soir, indique un nouveau bilan du ministère libanais de la Santé.

Il s'agit du bilan le plus meurtrier dans la capitale depuis qu'Israël et le Hezbollah sont en guerre ouverte. C'est par ailleurs la troisième fois que l'aviation israélienne vise la ville.

Les raids aériens israéliens se concentrent principalement sur le sud et l'est du pays, ainsi que sur la banlieue sud de la capitale, bastion du Hezbollah, où l'armée israélienne a annoncé un nouvel ordre d'évacuation jeudi soir.

L'Italie, la France, l'Espagne et l'Irlande, les contributeurs européens de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), ont fait part de leur colère après les tirs d'un char israélien ayant blessé deux Casques bleus indonésiens.

Une réunion des quatre Etats par visioconférence, décidée lors d'un entretien entre le ministre français Sébastien Lecornu et son homologue italien Guido Crosetto, se tiendra la semaine prochaine.

"Ces incidents sont intolérables et doivent être soigneusement évités", a lancé Guido Crosetto, qui a convoqué jeudi l'ambassadeur d'Israël à Rome. Il a appelé à une "désescalade" et au "rétablissement du droit international". Plus tard, le ministre a déclaré que les tirs contre la Finul "pourraient constituer des crimes de guerre". L'Italie est le premier pays occidental contributeur de la Finul en termes d'effectifs, avec près de 900 militaires mobilisés.

Le ministère des Affaires étrangères espagnol a pour sa part dénoncé une "violation grave du droit international". La France "attend des explications", a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Paris. Enfin, le Premier ministre irlandais Simon Harris a fustigé de son côté "un acte irresponsable" ajoutant que "cela doit cesser".

Le chancelier allemand a annoncé jeudi de nouvelles livraisons d'armes allemandes à Israël, prenant le contrepied notamment du chef de l'Etat français qui a appelé à cesser de le faire quand elles doivent servir à Gaza. Olaf Scholz a fait cette déclaration devant la chambre des députés lors d'un débat commémoratif sur l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023.

"Nous n'avons pas décidé de ne pas livrer d'armes", a ajouté Olaf Scholz, en réponse à des accusations de l'opposition conservatrice, faisant état notamment d'un arrêt depuis plusieurs mois dans les faits des livraisons et de "fissures dans la solidarité" allemande à l'égard d'Israël.

"Nous avons livré des armes et nous livrerons des armes", a-t-il encore dit, sans préciser leur nature, leur volume ou ce à quoi elles doivent servir.

Une frappe israélienne sur la bande de Gaza a fait 28 morts jeudi dans une école de Deir el-Balah, dans le centre du territoire, abritant des familles déplacées, a annoncé le Croissant-Rouge palestinien, faisant aussi état de 54 blessés.

L'armée israélienne affirme de son côté avoir mené une frappe aérienne "précise" sur des "terroristes" dans un poste de commandement "installé dans des bâtiments ayant servi auparavant" d'école.

Cette attaque est la dernière en date d'une longue série de frappes israéliennes sur des écoles reconverties en centres d'hébergement pour déplacés dans la bande de Gaza. L'armée israélienne accuse les combattants du Hamas d'opérer sciemment à partir d'écoles ou d'infrastructures civiles et de se servir de la population comme de boucliers humains, ce que le Hamas dément.

Le Hezbollah libanais a affirmé jeudi avoir "détruit un char israélien qui avançait" vers la localité de Ras Naqoura, sur la frontière, alors que l'armée israélienne dit déployer de nouvelles troupes dans le sud du Liban.

Le mouvement pro-iranien assure avoir fait des victimes parmi les troupes israéliennes. Israël et le Hezbollah sont désormais en guerre ouverte après un an de tirs transfrontaliers.

Une frappe israélienne a visé jeudi matin une nouvelle route dans la région de Qoussair, reliant la Syrie au Liban dans le cadre des tentatives israéliennes de couper les routes d'approvisionnement du Hezbollah libanais, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), sans faire état de victime.

"C'est la deuxième fois que cette région est visée, après une première frappe le 5 octobre", a précisé l'ONG basée au Royaume-Uni, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

La semaine dernière, l'aviation israélienne avait déjà mené un raid dans l'est du Liban près du poste-frontière de Masnaa avec la Syrie, coupant la principale route entre les deux pays.

La force de l'ONU (Finul) déployée entre le Liban et Israël a indiqué jeudi qu'un "char israélien" avait tiré sur son QG dans le sud du Liban, blessant deux casques bleus.

La Force intérimaire des Nations Unies au Liban, dont 10'000 soldats sont déployés dans le sud, appelle depuis le début de l'escalade entre l'armée israélienne et le Hezbollah à l'arrêt des hostilités.

"Ce matin, deux Casques bleus ont été blessés après qu'un char Merkava de l'armée israélienne a tiré sur une tour d'observation du QG de la Finul à Ras al-Naqoura, la touchant directement et provoquant la chute" de deux Casques bleus, indique la Finul dans un communiqué.

Un bunker touché, des caméras détruites

"Les soldats israéliens ont également tiré sur une position de l'ONU à Ras al-Naqoura, touchant l'entrée du bunker où des Casques bleus avaient trouvé abri et endommageant des véhicules et des systèmes de communication", poursuit le texte.

Mercredi, "des soldats israéliens ont délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d'usage et ont également tiré délibérément sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant que ce conflit n'éclate", selon la même source.

>> Ecouter les explications du 27 septembre dernier sur le rôle de la Finul :

RTS

Les Etats-Unis ont mis en garde Israël mercredi contre toute offensive au Liban semblable à ce qu'il s'est passé dans la bande de Gaza, au moment où l'armée israélienne a promis de combattre "sans répit" le Hezbollah.

"Je dis très clairement qu'il ne devrait pas y avoir d'action militaire au Liban qui ressemblerait à Gaza et dont le résultat ressemblerait à Gaza", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain Matthew Miller.

La veille, Benjamin Netanyahu avait averti que le pays pourrait subir les mêmes "destructions et souffrances" que Gaza, et appelé les Libanais à "libérer leur pays" du Hezbollah, mouvement islamiste allié de l'Iran.

Au Liban, les jeunes écoliers ont vu leur année scolaire bouleversée par la guerre. Alors que l’armée israélienne multiplie ses incursions terrestres, plus d'un million de personnes, dont une moitié d’enfants, ont dû quitter la zone des combats avec le Hezbollah.

La moitié des écoles publiques ont été transformées en centre de déplacés d’urgence, une situation dramatique pour le secteur éducatif.

"Nous allons perdre une année entière"

Interrogé dans le village d'Adloun, au sud du pays, par le correspondant de la RTS au Liban, un professeur dans la cinquantaine cache mal son inquiétude. "Je pense que je suis le dernier maître d’école ici dans le coin. Le Ministère de l’éducation a suspendu les cours jusqu’à nouvel ordre, et à mon avis, nous allons perdre encore une année scolaire entière", témoigne-t-il.

Pour l'heure, aucune aide pour les écoliers n'est prévue pour compenser cette année perdue. Déjà victime du Covid, de l'effondrement économique et maintenant de la guerre, jamais le système éducatif libanais, pourtant réputé dans tout le monde arabe, n’aura connu une telle crise.

>> Le reportage de La Matinale :

Reuters - Louisa Gouliamaki

Un peu plus d’une semaine après le tir de missiles iraniens sur I'Etat hébreu, Israël pèse toujours ses représailles, annoncées "mortelles, précises, et surprenantes". Pour tenter de les garder restreintes, Joe Biden s’est entretenu mercredi par téléphone avec Benyamin Netanyahu.

L’appel a duré une quarantaine de minutes. Dans les communiqués respectifs de la Maison Blanche et du bureau du Premier ministre israélien qui ont suivi l'entretien, aucune information n'a transpiré quant au plan de riposte de Tel Aviv.

Les USA tracent deux lignes rouges

Ces derniers jours, Joe Biden avait toutefois clairement exprimé son opposition à deux options: des frappes sur les sites nucléaires et sur les installations pétrolières iraniennes.

Derrière les communiqués et sous couvert d’anonymat, des responsables américains ont fait part de leur frustration dans la presse. Israël serait, selon eux, peu enclin à partager avec son allié tous les détails des opérations envisagées.

>> Ecouter le sujet de La Matinale :

Keystone/AP Photo - Mark Schiefelbein

Le Conseil de sécurité de l'ONU, y compris les Etats-Unis, a mis en garde Israël mercredi contre le vote d'une loi qui interdirait l'agence pour les Palestiniens, l'UNRWA, au lendemain du même avertissement lancé par le chef des Nations unies Antonio Guterres.

Lors d'une réunion convoquée par l'Algérie consacrée à la crise humanitaire dans la bande de Gaza, l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a, fait rare, prévenu qu'elle suivait "avec une grande inquiétude la proposition de loi israélienne qui pourrait modifier le statut juridique de l'UNRWA".

La diplomate américaine réagissait à un projet de deux textes de loi approuvé dimanche par la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le Parlement israélien, qui ont pour but de mettre fin à l'activité et au statut de l'UNRWA dans les Territoires palestiniens occupés par Israël.

L'agence officielle syrienne a fait état d'une attaque "israélienne" visant une zone industrielle de la région de Homs, dans le centre de la Syrie, au lendemain d'une frappe israélienne dans le sud du pays.

"Une attaque israélienne" a visé une zone industrielle dans la ville de Hassia, à une trentaine de kilomètres au sud de la ville de Homs, a rapporté l'agence officielle Sana, évoquant des "informations préliminaires" selon lesquelles l'attaque avait visé "une usine automobile" et avait fait des dégâts.

La Défense civile libanaise rapporte mercredi que cinq de ses secouristes ont été tués dans une frappe israélienne sur une de ses casernes dans le sud du pays, où l'armée israélienne multiplie incursions terrestres et raids aériens.

Les fouilles se poursuivent dans les décombres après la frappe dans la localité de Dardeghaya, à une vingtaine de kilomètres au nord de la frontière, ajoute le ministère de la Santé. Depuis le début des affrontements il y a un an entre Israël et le Hezbollah, qui ont récemment tourné à la guerre ouverte, une centaine de secouristes et pompiers ont été tués, selon un bilan de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Joe Biden a demandé mercredi à Benjamin Netanyahu de "réduire au maximum l'impact sur les civils" au Liban, en particulier à Beyrouth, tout en "affirmant le droit d'Israël à protéger ses citoyens du Hezbollah", selon un compte-rendu de leur conversation téléphonique du jour.

Ce communiqué de la Maison Blanche ne donne pas de détails sur la riposte attendue d'Israël à l'attaque de missiles iranienne du 1er octobre, mais souligne que le président américain et le Premier ministre israélien ont convenu de "rester en contact étroit ces prochains jours, directement et via leurs équipes de conseillers à la sécurité nationale".

Il s'agit de la première discussion officielle entre Joe Biden et Benjamin Netanyahu depuis le 21 août.

Benjamin Netanyahu a appelé mardi les Libanais à "libérer [leur] pays du Hezbollah pour que cette guerre puisse se terminer", en menaçant le pays d'une destruction similaire à celle de Gaza. Un discours qui a été qualifié d'"effroyable" par de nombreux habitants.

"Cette forme d'injonction du Premier ministre israélien résonne très mal", explique dans Forum Elena Aoun, professeure et chercheuse en relations internationales à l'Université catholique de Louvain. "C'est comme si Benjamin Netanyahu dictait aux Libanais ce qu'ils devaient faire, dans le contexte de frappes incessantes qui ont réduit en poussière des villages entiers, qui ont réduit en poussière une bonne partie de la banlieue sud de Beyrouth.

Elena Aoun doute que la population libanaise se rebelle contre le Hezbollah. "Il faut se souvenir que le Hezbollah n'est pas un corps étranger. Il est né de l'histoire du pays et de l'histoire de la région, mais aussi de l'histoire des occupations israéliennes dans le pays. Et il est en symbiose avec une très large partie de la population chiite. Pas toute, mais une bonne partie."

La chercheuse rappelle que la communauté chiite constitue 32% de la population libanaise, alors que le reste de la population est très loin d'être unifié. "Vous n'avez pas le Hezbollah d'un côté avec sa communauté chiite et le reste du Liban qui est sur une même longueur d'onde. Bien au contraire", conclut la chercheuse.

>> L'interview de Elena Aoun dans Forum :

Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a promis mercredi que la riposte de son pays à la récente attaque de missiles iraniens serait "mortelle, précise et surprenante". "Ceux qui tentent de nuire à l'Etat d'Israël en paieront le prix", a précisé le ministre.

Le 1er octobre, la République islamique a lancé 200 missiles en direction d'Israël, disant avoir agi en représailles aux assassinats du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et d'un de ses commandants.

Des représentants de l'ONU et de pays arabes ont appelé à la protection de l'aéroport de Beyrouth, vital pour l'entrée de l'aide humanitaire au Liban, situé au sud de la ville à proximité d'un bastion du Hezbollah visé par de nombreuses frappes israéliennes.

L'aéroport est pratiquement "le seul passage pour l'aide humanitaire", a déclaré mardi Lolwah Al-Khater, la ministre d'Etat qatarie chargée de la coopération internationale, affirmant que le protéger était une "nécessité absolue".

"Il est important que l'aéroport reste ouvert. Il est absolument essentiel que les ports restent ouverts. Il est également essentiel que les corridors terrestres vers le Liban restent ouverts", a affirmé Matthew Hollingworth, le directeur du Programme alimentaire mondial des Nations unies pour le Liban.

"Il s'agit d'un pays qui dépend des importations pour couvrir la plupart, sinon la totalité, de ses besoins, en termes de carburant et de nourriture", a-t-il assuré mardi.

L'officier Avichay Adraee, porte-parole arabophone des forces armées israéliennes, s'est imposé comme une figure familière pour les Libanais. Depuis le 23 septembre, il tweete en arabe les ordres d’évacuation, parfois à la dernière minute, aux habitants de zones sur lesquelles l’armée israélienne lance ensuite des frappes.

Les messages se ressemblent. Il est précisé qu’il faut quitter immédiatement telle ou telle zone, car elle se trouve a proximité, affirme-t-il, d’installations du Hezbollah. Le quotidien francophone L’Orient-Le Jour qualifie Avichay Adraee d’"oiseau de mauvais augure", ou encore d’incarnation, pour les Gazaouis et les Libanais, de "la voix et du visage du malheur".

>> Le portait d'Avichay Adraee dans Forum :

Le Hezbollah avait informé les autorités libanaises de son accord pour un cessez-le-feu avec Israël le jour où son chef Hassan Nasrallah a été tué dans une frappe israélienne, a indiqué à l'AFP mercredi une source gouvernementale libanaise.

Jusqu'alors, la puissante formation pro-iranienne conditionnait tout cessez-le-feu au Liban à un arrêt des combats à Gaza entre son allié palestinien, le Hamas, et l'armée israélienne.

La France organisera le 24 octobre une conférence internationale de "soutien à la population et à la souveraineté" du Liban, a annoncé mercredi le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.

Cette conférence ministérielle réunira les Etats partenaires du Liban, les Nations unies, l’Union européenne et les organisations internationales, régionales et de la société civile, est-il précisé.

"Elle aura pour objectif de mobiliser la communauté internationale pour répondre aux besoins de protection et de secours d’urgence de la population du Liban et d’identifier les voies d’un soutien aux institutions du Liban, en particulier des Forces armées libanaises, garantes de la stabilité interne du pays", indique le ministère.

L'armée israélienne poursuit son offensive dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, mais les responsables palestiniens et de l'ONU soulignent que les habitants ne disposent plus d'aucun endroit sûr où fuir les combats.

Les services de secours palestiniens disent avoir reçu des informations non confirmées selon lesquelles des dizaines de Palestiniens pourraient avoir péri à Jabaliya et dans d'autres secteurs du nord de la bande de Gaza. Ils ajoutent que les bombardements israéliens incessants les empêchent de se rendre sur place.

"Au moins 400'000 personnes sont piégées dans cette zone", a écrit Philippe Lazzarini, chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), sur le réseau X mercredi.

Campagne anti-polio menacée

Philippe Lazzarini a déclaré que l'UNRWA était obligée de fermer des abris et de suspendre ses services pour la première fois depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza il y a un an. Faute d'approvisionnements en fournitures de base, la faim se répand à nouveau dans le nord de la bande de Gaza, a-t-il dit.

"La récente opération militaire menace également la mise en oeuvre de la deuxième phase de la campagne de vaccination contre la polio chez les enfants", a-t-il ajouté.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mercredi un nouveau bilan de 42'010 morts dans ce territoire palestinien depuis le début de l'intervention israélienne.

Au moins 45 personnes ont été tuées au cours des 24 dernières heures, selon un communiqué du ministère ajoutant que 97'720 personnes ont été blessées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.

Deux personnes ont été tuées mercredi par des tirs de roquettes depuis le Liban voisin sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, ont indiqué les services de secours israéliens.

Il s'agit des premières personnes tuées en Israël par des roquettes en provenance du Liban depuis l'intensification de l'offensive militaire israélienne contre le mouvement islamiste Hezbollah dans la deuxième quinzaine de septembre.

"Nous avons trouvé un homme et une femme âgés d'environ 40 ans, inconscients et blessés par des éclats d'obus. Nous avons procédé à des examens médicaux, mais leurs blessures étaient graves et nous avons dû constater leur décès sur place", indique un communiqué du Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge.

La Bolivie s'est jointe à la procédure intentée contre Israël devant la Cour internationale de justice par l'Afrique du Sud, qui allègue que l'offensive israélienne à Gaza viole la Convention de l'ONU sur le génocide, a déclaré la cour mercredi.

Le pays sud-américain est le dernier pays en date, après notamment la Colombie, la Libye, l'Espagne et le Mexique, à se joindre à cette procédure contre Israël, qui nie avec véhémence les accusations.

La Bolivie avait déjà annoncé en novembre qu'elle rompait ses relations diplomatiques en raison de ce qu'elle décrivait comme des attaques "disproportionnées" à Gaza par Israël. Israël avait dénoncé cela comme une "capitulation face au terrorisme".

>> Lire aussi : La CIJ ordonne à Israël de "prévenir et punir" l'incitation au "génocide"

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a qualifié mercredi d'"invasion" l'offensive israélienne au Liban, estimant que la communauté internationale ne pouvait pas "rester indifférente" face à cette situation et déplorant "l'absence d'accord" sur le sujet au sein de l'UE.

"Il est clair qu'il y a une invasion par un pays tiers d'un État souverain comme le Liban et, par conséquent, la communauté internationale ne peut pas rester indifférente", a déclaré le chef du gouvernement socialiste pendant un débat au Parlement.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé mercredi qu'une réunion avec le parti rival du Fatah, basé en Cisjordanie occupée, était en cours au Caire pour discuter de la guerre à Gaza avec Israël et des efforts d'unité nationale.

"Une réunion vient de commencer dans la capitale égyptienne, Le Caire, entre les délégations du Hamas (...) et du Fatah", a-t-il indiqué dans un communiqué, en ajoutant que la rencontre visait à "discuter de l'agression contre la bande de Gaza, des développements politiques et sur le terrain, et de l'unification (...) des rangs" palestiniens.

La tenue de la réunion a été confirmée à l'AFP par deux sources du Fatah, s'exprimant sous couvert d'anonymat car elles ne sont pas autorisées à parler aux médias.

L'Union européenne a annoncé mercredi l'envoi de trois avions chargés d'aide humanitaire à destination du Liban où les combats font rage entre l'armée israélienne et le Hezbollah.

"L'UE se tient aux côtés des populations affectées par la crise en cours au Liban", a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, sur X.

Ces avions, remplis de produits d'hygiène ou d'abris de fortune, décolleront de Brindisi, dans le sud de l'Italie, ou de Dubaï. Le premier est attendu le 11 octobre à Beyrouth, a précisé la Commission européenne dans un communiqué.

L'Union européenne financera également l'acheminement d'aides à destination du Liban décidées par plusieurs Etats membres, dont l'Espagne, la Slovaquie, la Pologne, la Belgique, la Grèce et la France, selon ce communiqué.

Ces aides comprennent des médicaments et des équipements médicaux, indispensables pour aider les Libanais, en particulier les personnes déplacées.

Six personnes ont été blessées mercredi à la mi-journée par un assaillant ayant poignardé des passants à Hadera, ville du centre d'Israël, avant d'être "neutralisé", a indiqué la police.

"Il s'agit d'un incident terroriste en quatre endroits différents au cours duquel six personnes ont été poignardées", a indiqué le porte-parole de la police, laissant ainsi entendre que l'attaque était liée au conflit israélo-palestinien.

L'assaillant qui s'est enfui à moto a été "neutralisé", ajoute le communiqué de la police, sans plus de précisions.

Les six blessés ont été évacués vers l'hôpital de Hadera dont un dans un état critique et un grièvement blessé, a précisé un porte-parole de l'établissement.

La Confédération délie les cordons de sa bourse pour fournir plus d'aide humanitaire au Liban et en Syrie en raison de l'escalade de violence au Proche-Orient. Le Conseil fédéral a décidé mercredi de débloquer sept millions de francs supplémentaires à cet effet.

Ces sept millions s'ajoutent aux 79 millions de contributions en faveur des actions humanitaires au Proche-Orient pour 2024. Ils sont destinés au Fonds humanitaire des Nations Unies pour le Liban, au Comité international de la Croix-Rouge, à la Croix-Rouge libanaise, ainsi qu'à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés en Syrie.

Ces organisations offriront abri, soin et protection aux personnes affectées. Elles leur fourniront également des denrées alimentaires de base, un approvisionnement en eau et assainissement, des médicaments, des soins de santé de base et des produits d'hygiène.

Les commissions de politique extérieure seront consultées sur cet octroi. Cette enveloppe sera prélevée des fonds réservés à l'aide d’urgence de la Direction du développement et de la coopération (DDC).

L'armée israélienne a annoncé mercredi matin avoir intercepté "deux projectiles" en provenance du Liban peu après que les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs localités de la plaine côtière au sud de Haïfa.

Des sirènes ont également retenti dans le nord du pays. Mardi, l'armée avait indiqué qu'"environ 180 projectiles" avaient été tirés depuis le Liban par le Hezbollah, essentiellement sur Haïfa et le nord du pays.

Le mouvement libanais Hezbollah a affirmé mercredi avoir repoussé à deux reprises des troupes israéliennes qui tentaient de s'infiltrer dans le sud du Liban.

Dans deux communiqués distincts diffusés mardi après minuit et tôt mercredi, le mouvement pro-iranien a indiqué que des soldats israéliens avaient tenté de s'infiltrer dans les secteurs frontaliers de Blida (sud-est) et Labouneh (sud-ouest).

Bombardements de terres agricoles, récoltes impossibles à cause des combats: la guerre au Liban ressemble de plus en plus à celle à Gaza. L'ONU et ses partenaires peuvent pour le moment distribuer environ 200'000 repas chauds par jour aux Libanais déplacés par les bombardements israéliens. Ce chiffre est loin de l'objectif d'une assistance pour un million de personnes.

Le Liban est le pays qui a la plus grande surface de terres arable de tout le Moyen-Orient. Pendant des décennies, c’est l’agriculture qui a d’ailleurs tiré l’économie libanaise. Mais faute d’investissement, le secteur ne représente plus que 3,5% du PIB.

Près de 2000 hectares brûlés

La plaine de la Bekaa, à l’est, et le Sud-Liban, font partie des régions les plus productives, mais ce sont aussi les plus bombardées, a expliqué Matthew Hollingworth, directeur du PAM à Beyrouth, mercredi dans La Matinale.

"Dans le Sud-Liban, on ne récoltera ni les olives, ni les bananes, ni les agrumes cette année. Les légumes sont en train de pourrir sur place dans les champs. Le pays est déjà dépendant des importations pour se nourrir. Et là, la sécurité alimentaire est encore plus fragilisée parce que ce que le Liban pourrait produire est en train d’être décimé".

Au total, près de 2000 hectares ont été brûlés, 12'000 abandonnés. C’est quasiment l’équivalent de toute la production agricole du canton de Genève. Les milliers d’agriculteurs qui ont fui ne savent pas quand ils pourront retourner dans leurs exploitations, ni ce qu’ils y trouveront. A cause des restes explosifs et de la pollution, les champs pourraient ne plus être utilisables avant plusieurs années.

Parmi les nombreux théâtres d’opérations où sont engagées les forces israéliennes, il y a également la Syrie. Plusieurs frappes ont été menées ces derniers jours et le régime Assad, sous forte dépendance de l’Iran, n’échappe pas à la riposte de Tsahal.

Mais comment expliquer ces bombardements? C’est d'abord par la Syrie que transitent les armes à destination du Hezbollah. Le mouvement pro-iranien est bien implanté dans le pays où il a pris part à la guerre civile. Pour Fabrice Balanche, maître de conférence à l’Université de Lyon 2, l’emprise iranienne grandissante sur le système syrien a modifié la donne.

Les frappes contre des infrastructures et les assassinats ciblés de responsables iraniens dessinent une tactique israélienne visant la Syrie, a expliqué mercredi le spécialiste dans La Matinale.

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Keystone

Le Liban pourrait connaître le même sort que Gaza. Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé les Libanais de subir des "destructions" comme à Gaza s'ils ne "libéraient" pas leur pays du Hezbollah. Dans le même temps, Israël élargit son offensive terrestre contre le mouvement islamiste dans le sud du Liban.

Pour l'heure, les bombardements se poursuivent quotidiennement sur la capitale Beyrouth et dans le sud du pays. Devant la violence des combats, plus d'un million de personnes ont fui, se réfugiant chez des proches, dehors sous des tentes ou dans des écoles.

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Keystone

Au moins 12 Palestiniens ont été tués dans le nord et le centre de la bande de Gaza dans des frappes israéliennes, a rapporté tôt mercredi l'agence de presse palestinienne Wafa.

Neuf membres d'une même famille ont été tués dans une frappe ayant visé leur appartement à Chedjaïa, un quartier de la ville de Gaza, a indiqué Wafa, citant des membres du personnel médical d'urgence du Croissant-Rouge palestinien.

Trois personnes, dont un enfant, ont péri et plusieurs autres ont été blessées dans une attaque israélienne contre le camp de réfugiés de Nouseirat, dans le centre de la bande de Gaza, a ajouté Wafa.

>> A Lire : L'armée israélienne lance des opérations contre le Hezbollah dans le sud-ouest du Liban