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Philipp Müller (PLR): "Le parti entend se profiler sur les questions européennes"

Pour le président du PLR, les relations de la Suisse avec l'Union Européenne seront un thème central de sa campagne.
Pour le président du PLR, les relations de la Suisse avec l'Union Européenne seront un thème central de sa campagne.
Le PLR, qui ne cesse de perdre du terrain à Berne, pourrait remonter la pente lors des élections fédérales du 18 octobre. Son président Philipp Müller entend se distinguer de l'UDC sur les questions européennes.

RTSinfo: En 2011, vous n’avez séduit que 15,1% des électeurs, un pourcentage qui ne cesse de dégringoler depuis 1987. Selon le 3e baromètre SSR, le PLR inverserait la tendance et dépassera la barre des 17%. Qu'avez-vous fait?

Philipp Müller (président du PLR): Après les élections de 2011, nous avons fait une analyse et avons constaté que nous n’avions pas réussi à mobiliser les gens sur le terrain. Nous avons donc commencé à faire un tour de Suisse, les parlementaires et moi-même, afin de nous rapprocher des gens.

Vous êtes-vous fixé des objectifs chiffrés pour le 18 octobre?

Non. Je ne peux qu'espérer de bons résultats, c’est tout. Le PLR a eu des sondages favorables, c’est une bonne motivation. Mais ce ne sont que des sondages, ils ne sont pas toujours représentatifs.

Quels moyens avez-vous à disposition pour mener votre campagne?

Comme en 2011, entre 3 et 3,4 millions de francs pour le parti national.

A droite, vous êtes derrière l’imposante UDC. Comment faites-vous pour vous affirmer?

Nous avons une position qui nous est propre. Le PLR se distingue de l’UDC dans de nombreux domaines, notamment dans les relations avec l'Union européenne, ou pour la question de la migration. Mais il est vrai que nous sommes souvent d’accord avec l’UDC concernant la politique économique et financière.

Cela n’a pas suffit pour accepter les demandes d’apparentement de l’UDC?

La demande de Monsieur Brunner est toujours la même: il souhaite un apparentement des listes avec le PLR dans toute la Suisse. Notre parti ne peut pas l’accepter, car ce sont avant tout les sections cantonales qui décident. Chaque canton a une atmosphère politique qui lui est propre et des affinités différentes. Actuellement, trois cantons ont accepté une alliance avec l’UDC: Argovie, Schaffhouse et Bâle-Campagne. Sinon, dans d'autres cantons, le PLR a fait des alliances avec le PDC. C’est un allié fiable, avec lequel nous avons beaucoup de points en commun.

La crise de l’asile est l’une des préoccupations actuelles majeures. De quelle manière appréhendez-vous cette problématique?

Nous vivons une grave crise avec les réfugiés qui viennent en Europe, surtout en Allemagne, et cela va durer encore des semaines. En Suisse aussi, les chiffres vont augmenter, c’est certain. Le PLR n’a pas de recette. Mais qu'on le veuille ou non, nous faisons partie de l’Europe. Pour trouver une solution, il faut travailler avec l’Union européenne.

Que faites-vous pour tenter de sortir de l’impasse des accords bilatéraux?

Je n’ai pas la recette miracle pour maintenir les accords bilatéraux. Le Conseil fédéral est en train de négocier avec l’Union européenne. Il va nous apporter une proposition d’application de l’initiative UDC sur l’immigration de masse et j’espère que l’on va trouver un compromis qui soit accepté et par l’Union européenne et par un référendum de la population suisse.

Il s'agit du référendum que vous aviez proposé en mai dernier pour appliquer de manière beaucoup plus souple l’initiative UDC. Mais vous ne soutenez par l’initiative RASA qui veut faire revoter sur le même objet. Pourquoi?

L’initiative RASA ne tient pas compte du taux d’immigration qui est très élevé. Je ne crois pas que la population suisse accepte cette initiative, qui n'a aucune solution pour limiter un peu l’immigration, comme nous le proposons en luttant notamment contre les abus de la libre circulation des personnes.

Les trois principaux thèmes que vous allez mettre en avant pendant la campagne?

Les relations entre la Suisse et l’Union européenne, d’abord. Puis les questions économiques, à commencer par le chômage. Ici aussi, le taux de chômage va augmenter. Et finalement, le franc fort, qui représente un gros problème pour les entreprises.

Vous avez une solution pour lutter contre le franc fort?

Le principal problème que nous rapportent les entrepreneurs est la bureaucratie. Notre conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann m’a rapporté que l’administration fédérale produit chaque semaine 140 pages de régulation. Il faut dire stop, c’est assez.

Depuis 2012, le discours du PLR se rapproche plus de l’économie réelle que de la finance. Est-ce une stratégie pour attirer des électeurs après la crise financière?

Il ne faut pas construire une différence entre la place financière, les PME, les entreprises d’export, ou les multinationales comme Nestlé. Toutes font partie de l’économie Suisse. Nous n’avons jamais critiqué les banques. Nous avons critiqué les personnes qui ont pris des salaires exorbitants. C’est différent.

Pourtant, le secteur bancaire se sent aujourd'hui abandonné, voire même trahi par les politiques. Est-ce que le PLR les représente toujours?

Le mot trahison est un peu fort. Mais il faut accepter que la culture a beaucoup changé. Les banques savent que la liberté est limitée. Si l’on fait quelque chose qui n’est pas acceptable aux yeux de la population suisse, il y a une réaction politique. Nous savons que les banques sont en train de travailler pour avoir une place financière propre.

La gauche accuse particulièrement le PLR de faire des lois qui favorisent toujours les riches et aggravent les inégalités. Que leur répondez-vous?

C’est faux. Si on prend l’argent aux riches, il y aura toujours des pauvres. Nous ne faisons pas une politique pour les riches. Nous faisons une politique pour la population entière en Suisse. Pour les places de travail.

La réforme énergétique et l’abandon du nucléaire coincent en partie à cause du PLR. Pourquoi ? Vous ne souhaitez pas vivre dans un monde plus propre?

Bien sûr, nous voulons une énergie propre. Mais d’abord, nous voulons arrêter de gaspiller de l’énergie. Le PLR est le premier à avoir fait des propositions il y a des années pour mieux isoler les bâtiments. Mais pour nous, la stratégie 2050 est un monstre de subventions. Ceux qui prennent ces décisions aujourd'hui ne seront plus ici le jour où les suivants devront payer la facture.

>> Les interviews des autres dirigeants de partis : sur le site des élections fédérales

Propos recueillis par Feriel Mestiri

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En bref

Faut-il passer à un Conseil fédéral à 9 membres?

Non

Faut-il relancer le processus d’adhésion à l’Union européenne?

Non

Faut-il accueillir davantage de migrants?

Non

Faut-il augmenter l’âge de la retraite pour assurer le financement de l’AVS?

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Faut-il instaurer une caisse publique d’assurance-maladie?

Non

Faut-il restreindre le droit d’initiative populaire?

Non

Faut-il sacrifier un peu de liberté individuelle au profit de la sécurité en augmentant la surveillance?

Oui

Faut-il autoriser les couples de même sexe à adopter?

Non

Faut-il abroger le service militaire obligatoire?

Non

Faut-il doubler le montant de la vignette autoroutière?

Non

Faut-il que l’Etat aide à la formation d’imams en Suisse?

Non

Faut-il imposer l’apprentissage d’une langue nationale comme première langue à l’école?

Oui

Nombre de sièges du PLR en 2007 et 2011

En 2011, le Parti libéral-radica avait perdu 4 sièges au Conseil national, de 35 à 30 mandats, mais était parvenu à rester le 3e parti du pays devant le PDC, avec un total de 15,1%. Selon les sondages, le PLR devrait maintenir en 2015 ce troisième rang au niveau fédéral.

Au Conseil des Etats, le PLR était parvenu à se maintenir en 2011, ne perdant qu'un mandat et passant de 12 à 11 fauteuils de sénateurs.