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"Ex Anima", l'âme des chevaux sous le chapiteau de Zingaro

La puce à l'oreille: Zingaro. [RTS - Marion Tubiana]
Spectacle: Zingaro, toute la gloire pour les chevaux / Vertigo / 6 min. / le 7 juin 2018
"Ex Anima", c'est à la fois le souffle et l'âme. C'est aussi le nom de la nouvelle création de Zingaro, théâtre équestre du fameux cavalier en chef, Bartabas, qui se joue du 8 juin au 1 juillet à l'institut équestre national d'Avenches.

Il se murmure dans les paddocks que ce spectacle pourrait être l'ultime création de Zingaro. Je ne parierais pas mon cheval là-dessus. Le mot "ultime" vient de Bartabas lui-même. Il déclare ne pas savoir ce qu'il pourrait faire après "Ex Anima".

L'inspiration lui reviendra peut-être plus tard et au galop. On peut toutefois interpréter sa déclaration ainsi. Cette nouvelle création représente une sorte d'achèvement, d'apothéose, le stade… ultime d'une démarche singulière entreprise avec des chevaux et des hommes, il y a 34 ans. En 1984.

Des chevaux sans cavaliers

Zingaro, ce sont des cavaliers et des chevaux, une forme de théâtre centaure qui magnifie l'animal et rompt avec l'idée de prouesses circassiennes pour préférer imaginer des univers et raconter des histoires. Pour "Ex Anima", les cavaliers de Zingaro ont mis pied à terre. Les voici piétons, palefreniers, valets de pied. On les remarque à peine depuis les gradins. Furtifs, ils évoluent comme des ninjas, au bord du rond noir du chapiteau de Zingaro. Dans la lumière, sur la piste, les chevaux sont désormais seuls. Ce spectacle est le leur.

"Ex Anima" est une suite de tableaux qui racontent la vie des chevaux. Une vie au passé et au présent. Dans leur solitude, en leur société et dans leurs jeux. Ainsi, la première scène du spectacle donne à voir ce que très peu de gens peuvent contempler: des chevaux, dans la brume du petit matin, qui vont et viennent comme bon leur semble. Sobre, ce tableau coupe le souffle par sa noblesse et sa puissance d'évocation.

"Ex Anima" raconte aussi le rapport du cheval à l'Homme à travers l'Histoire. Pour le meilleur et pour le pire: chevaux de traits, chevaux de bataille, chevaux de mines, chevaux de guerre, chevaux de reproduction… Qui dit âme, dit souffle. Et qui dit souffle pense flûtes. Elles proviennent de Chine, d'Irlande, d'Arabie ou du Caucase et s'accompagnent de percussions véloces pour rythmer les différents tableaux d'"Ex Anima".

Des chevaux comme des stars de cinéma

Dans le programme du spectacle, les chevaux de Zingaro ont droit à de splendides et très glamour portraits en noir et blanc à la façon des photographies de vedettes du studio Harcourt. Ce sont eux les seuls acteurs de ce spectacle. Et chacun a droit à sa biographie, romancée ou livrée avec une pointe d'humour.

On retrouve les quatorze Argentins au nom de toreros. Le nouveau du casting, Van Gogh, qui n'a qu'une oreille. Ou des compagnons historiques de Zingaro tels Calacas, Lucifer, Bamako, Le Tintoret, Soutine, Posada et le plus ancien: Le Caravage, cheval né en 1994. C'est lui que l'on peut parfois apercevoir au petit matin, chevauché par Maître Bartabas, pour une rituelle et quotidienne salutation au Soleil.

Thierry Sartoretti/ld

"Ex Anima" de Zingaro, du 8 juin au 1er juillet à l'Institut équestre national d'Avenches.

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