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L'histoire vraie des Centaures du théâtre

Une photo du spectacle "Centaures quand nous étions enfants". [Théâtre AmStramGram - Martin Dutasta]
Théâtre: Centaures, quand nous étions enfants / Vertigo / 7 min. / le 31 octobre 2017
"Centaures, quand nous étions enfants" est à voir du 3 au 5 novembre à Genève. Ce spectacle raconte l'histoire véritable de Camille et Manolo, fondateurs d'une compagnie de théâtre équestre à Marseille.

Ils s'appellent Camille et Manolo, installés à Marseille avec leurs moitiés cheval, Gaïa et Indra. À quatre, ils forment un couple de centaures: part humaine et part animale réunies. Leur histoire a l'odeur du foin, le parfum de l'aventure et la saveur du conte. Du théâtre équestre. Voici un art qu'on ne connaissait pas. Il y a des chevaux, des comédiens, du trot, de la danse, du galop et de la parole.

Pas du cirque mais du théâtre

Ce n'est pas du cirque où le dressage mène à une prouesse technique et un numéro d'adresse. C'est du théâtre. Avec une histoire, racontée en paroles et en mouvements. À quatre. Ou à deux. Car chez les centaures, l'arithmétique devient floue dès le premier hennissement: un cheval plus son cavalier égale un centaure. Donc Manolo est avec Indra et Camille avec Gaïa.

Entre calanques et prison

Camille et Manolo viennent de Marseille où ils habitent une sorte de palais balinais en bois à un galop des calanques et un petit trot de la prison des Baumettes. Camille et Manolo, la quarantaine, c'est une histoire d'amour et de chevaux. Une grosse quinzaine d'étalons, dont le frison Gaïa et le pur-sang espagnol Indra, leurs deux compagnons de tournée pour le spectacle "Centaures quand nous étions enfants".

Un conte ou un roman d'aventures

D'abord, on n'y croit pas, et pourtant c'est vrai. Ces deux-là ont fondé le théâtre du Centaure. Ils y jouent des pièces de théâtre du grand répertoire: "Les Bonnes" de Jean Genet ou "Macbeth" de Shakespeare, toujours avec leurs chevaux.

On leur doit aussi des transhumances et des surgissements. Comprenez le retour du monde animal et campagnard en pleine ville, comme lorsque des centaines de moutons ont traversé le Vieux Port de Marseille après avoir traversé au pas le Sud de la France.

Ils invitent aussi dans leur palais les enfants des quartiers voisins ou vont à cheval rencontrer les prisonniers des Baumettes. Et l'histoire de Camille et Manolo est si singulière que Fabrice Melquiot, directeur du théâtre Amstramgram, leur a écrit un texte-portrait-spectacle de théâtre équestre.

Une utopie équestre

A Genève, le plateau du théâtre Amstramgram est recouvert d'un tapis qui atténue le fracas des sabots. Un écran diffuse en fond de scènes des images, des films. La vie de ce couple insolite et singulier défile devant nos yeux, accompagnés des commentaires en voix off ou en direct de Camille et Manolo.

Un biopic? En quelque sorte. L'histoire d'une fille née dans la Camargue et partie à Bali avant de rejoindre le Théâtre du Soleil d'Ariane Mouchkine à Paris. Et l'histoire d'un gars de Paris qui, enfant, rêvait comme métier de faire "château avec des chevaux et des artistes".

Le poète René Char disait: "il n'y a que deux conduites avec la vie: ou on la rêve ou on l'accomplit". On peut aussi accomplir ses rêves: l'utopie équestre de Camille et Manolo vit depuis bientôt 25 ans au rythme des chevaux.

Dans "Centaures, quand nous étions enfants", les étalons Gaïa et Indra sont danseurs, part animale des deux comédiens qui évoluent sur ce plateau avec une aisance, une fluidité et une harmonie qui touchent au cœur et font de chaque spectateur un rêveur galopant.

Thierry Sartoretti/ld

"Centaures, quand nous étions enfants", Théâtre Amstramgram, Genève du 3 au 5 novembre 2017

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