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Karim Bel Kacem: "Je fais du théâtre à inquiétudes, à questionnements"

Le metteur en scène Karim Bel Kacem. [DR]
Portrait du metteur en scène de théâtre contemporain Karim Bel Kacem / Le Journal du matin / 5 min. / le 29 mai 2017
Dans la querelle qui oppose les défenseurs d'un théâtre de texte, classique, et les partisans d'une vision plus contemporaine, le metteur en scène Karim Bel Kacem prend le parti des seconds. A Genève, sa nouvelle pièce en témoigne.

Le jeune metteur en scène français Karim Bel Kacem vit en Suisse depuis dix ans et s'y sent bien. Fondateur de "THINK TANK THEATRE", l'artiste pose la question d'un "théâtre élargi" qui, en circulant à travers les autres formes artistiques comme le cinéma ou les arts plastiques, peut renouer avec sa veine la plus politique.

"Je fais du théâtre à inquiétudes, à messages", dit-il. "On sort les gens de leur quiétude, on essaye de les rende sensibles à des situations, à des questions qui sont intimes. L'espace scénique est un endroit de doute avant tout", poursuit Karim Bel Kacem.

Archéologie introspective

Karim Bel Kacem fait de l'art pour interroger la politique, avec, au centre de sa réflexion, la détention du pouvoir et sa manipulation.

Sa pièce musicale "23 Rue Couperin", qui se joue dès le 30 mai au Théâtre de Saint-Gervais, à Genève, est un projet sur la banlieue d'Amiens, sur le quartier de son enfance le Pigeonnier où l'artiste a vécu a jusqu'à 17 ans. En 2019, il sera amputé de ses trois plus imposants bâtiments HLM.

>> A voir aussi: Entretien avec Karim Bel Kacem au 12h45 :

L'invité culturel: Karim Bel Kacem nous parle de son spectacle "23 rue Couperin"
L'invité culturel: Karim Bel Kacem nous parle de son spectacle "23 rue Couperin" / 12h45 / 9 min. / le 30 mai 2017

Pièce politique, musicale et visuelle

Dans cette pièce politique, musicale et visuelle l'artiste français souhaite approfondir "cette introspection d’une banlieue-type comme seule la France a réussi à en produire. De mettre à jour le caractère ambivalent de ce grand projet architectural et – par la force des choses – humain", dit-il.

Raconter l'histoire de cette banlieue qui disparaît et qui représente toute son enfance, c'est une manière d'expliquer le fait que l’histoire contemporaine de ces quartiers ne se résume pas seulement à l’urbanisme, mais dans l’analyse du "système-banlieues".

Visuel du spectacle "23 rue Couperin" de Karim Bel Kacem. [DR]
Visuel du spectacle "23 rue Couperin" de Karim Bel Kacem. [DR]

Il faut qu'il y ait des prises de parole qui viennent d'un autre endroit que des sociologues, etc. Souvent les gens qui racontent la banlieue, sont des gens qui n'y ont pas vécu."

Karim Bel Kacem, metteur en scène

Sylvie Lambelet/mcc

"23 Rue Couperin. Point de vue d'un pigeon sur l'architecture", Théâtre de Saint-Gervais, Genève, du 30 mai au 10 juin 2017.

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Comprendre la banlieue

L'artiste français, frère de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation sous François Hollande, estime que l'on ne peut pas nier le fait que sur les 13-15 personnes liées à des attaques de masse en France il y en a très peu qui viennent de Syrie ou de l'Afghanistan. "La plupart d'entre eux sont la deuxième génération d'immigration, d'Algérie ou de Maroc et ils ont vécu dans des Cités en France", estime-t-il.

"Je ne suis pas dans une démarche accusatrice en disant que c'est la banlieue qui a créée les terroristes. Il faut re-questionner les banlieues, car elles seront amenées à disparaître.[...] Si on veut comprendre et prévenir dans le futur, il faut mettre des mots dessus et peut-être que les artistes peuvent le faire."