Joseph Gorgoni célèbre les 20 ans de sa créature en reprenant, en tournée romande, son tout premier show. Alors qu'Omar Porras, dont on peut voir le nouveau spectacle "Amour et Psyché" au théâtre de Kléber-Méleau de Renens, a repris, pas plus tard que la saison dernière et après l'avoir modifié au moins une demi-douzaine de fois ces 25 dernières années, sa "Visite de la Vieille Dame".
Deux si bonnes viandes. Enfin non, justement. Deux si bons personnages de théâtre, mais faits d'une même viande. Chair de la même chair, sang du même sang. De qui parle-t-on? De Marie-Thérèse Porchet née Gorgoni. Et de son double de l'ombre, sa sœur de travestissement: "La Vieille Dame", fameux personnage de Dürrenmatt joué par le metteur en scène genevo-colombien Omar Porras... Elles sont des sœurs jumelles, nées sous le signe des tréteaux.
Deux stars du théâtre
Un jour, les historiens écriront que les deux stars du théâtre romand de ces 20 dernières années, ce sont bien elles. Les chiffres le diront, le nombre de tournées, de représentations, de reprises, de retours, d'adieux, d'éternels come-back, de réinterprétations, d'articles de presse, de vocations, de larmes versées dans le public, de souvenirs encore embués et vifs.
Alors bien sûr, les idiots, les aveugles, les mal embouchés, les bien-pensants, les catégoriques vous diront que Marie-Thérèse et la Vieille Dame, ça n'a rien à voir – non mais des fois, Gopferdamminommol! Et pourtant. Même façon de porter la perruque. Mêmes tournées triomphales en terres romandes, bourbine et jusque dans le monde. Même jeu sur un accent à couper au couteau de charcutier.
Même succès par-delà les chapelles. Mêmes critiques des chapelles. Même genre – le mauvais, enfin, on se comprend, le vrai, le juste, le seul qui soit vrai, le genre humain que l'on décide de se construire. Même éternelle jeunesse – no botox, mais des tonnes de maquillage. Même façon de renverser la tête comme Miss Piggy, et de se rengorger en toisant les étoiles. La Vieille Dame, la truie est (surtout) en elle. Quant à Marie-Thérèse, elle en aura fichu, du boxon…
Le monde a fait de moi une putain, je vais faire du monde un bordel.