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"Fabula Rasa", une fable apocalyptique filmée en direct

"Fabula Rasa", mise en scène signée Bartek Sozanski. [Théâtre de l'Orangerie]
Une fable apocalyptique filmée en direct du théâtre de lʹOrangerie / Vertigo / 11 min. / le 28 juin 2022
Que restera-t-il après l'effondrement de la civilisation des suites de la crise climatique? Spectacle pluridisciplinaire, "Fabula Rasa" tente de répondre à cette question cruciale avec de la vidéo, des mots, de la musique et des silences. A voir au théâtre de l'Orangerie, à Genève, jusqu'au 10 juillet.

Le début de la pièce "Fabula Rasa" commence par la fin du monde. Bartek Sozanski, le metteur en scène du spectacle qui ouvre la saison théâtrale estivale de l’Orangerie à Genève, s'empare de trois maquettes poétiques pour raconter l’apocalypse.

Une thématique pertinente après deux ans de pandémie à observer les thermomètres faire le yoyo. Sur le plateau orné d’un écran, Giulia Crescenzi et Valérie Liengme, deux actrices, dialoguent sur le monde en ruine. Elles sont accompagnées sur scène par la vidéaste Erika Imler.

Le directeur du théâtre de l'Orangerie, Andrea Novicov, a proposé au metteur en scène polonais aux multiples casquettes de créer ce spectacle. A la fois acteur, metteur en scène, réalisateur et marionnettiste, Bartek Sozanski s’intéresse de près au théâtre d’objets.

Le réchauffement climatique filmé

Comment l’humain appréhende-t-il une situation climatique qui a définitivement dégénéré? Une fois que les glaciers ont été engloutis, que la faune et la flore ont été saccagées par les tempêtes et les inondations, que reste-il? Des captations filmées depuis un smartphone? Oui, mais pas seulement.

Le spectacle "Fabula Rasa" est une fable pluridisciplinaire qui tente de répondre à cette question cruciale avec de la vidéo, des mots, de la musique et des silences.

"Fabula Rasa", mise en scène signée Bartek Sozanski. [Théâtre de l'Orangerie]
"Fabula Rasa", mise en scène signée Bartek Sozanski. [Théâtre de l'Orangerie]

Des pierres et des écorces d’arbres à grande échelle

Lorsque Bartek Sozanski découvre le travail de son ami artiste et comédien Antonio Buil, il décide de l’utiliser pour son spectacle. Il s’agit de prototypes construits à partir de pierres, de champignons, de morceaux de terre et d’écorces d’arbres. Ces petites choses, glanées çà et là par le plasticien, proviennent de ses voyages dans la nature. Rassemblées sur trois maquettes, elles offrent une scénographie miniature poétique et terrienne.

Erika Imler, la vidéaste du projet, la filme en direct afin de créer un univers visuel percutant. Projetée sur un écran, cette prise de vue permet au public d’assister à la représentation d’une nature malmenée par l’humain. La conceptrice vidéo relève qu'"être en contact avec les comédiennes, créer une histoire collective avec des images, de la musique, du jeu, c’est comme une danse".

Une écriture de plateau pour raconter l’apocalypse

Dans une écriture collective chapeautée par l’auteur suisse romand Arthur Brügger, les deux actrices sur le plateau, Giulia Crescenzi et Valérie Liengme, naviguent entre manipulation d’objets, dialogue et silences. Ce va-et-vient permet de raconter une fable de la résilience en direct. La fiction? Deux femmes issues de la "génération fin du monde" qui se rassurent, qui se déculpabilisent et qui essayent de raconter leur vie après l’effondrement de la civilisation. Un acte théâtral qui pousse à l’imaginaire et à la réflexion…

Layla Shlonsky/mh

"Fabula Rasa", Théâtre de l’Orangerie, Genève,  jusqu'au 10 juillet 2022.

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