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"La Troisième Vérité", du théâtre pour les oreilles et les pieds

"La Troisième Vérité" avec Camille Mermet. [TPR - Guillaume Perret]
La troisième vérité / Vertigo / 6 min. / le 26 mai 2020
A La Chaux-de-Fonds du 30 mai au 1 juin, la comédienne Camille Mermet propose une pièce déambulatoire sous forme d'audio-guide. Un passionnant jeu de piste entre fiction et réalité.

Ça débute là. Creux-du-Paccot. Une place minuscule généreusement encadrée par des bistrots. Un cercle rouge sur le pavé. On s'y tient. La balade commentée peut démarrer, casque audio sur la tête. La guide, c'est Camille Mermet, comédienne et désormais habitante de La Chaux-de-Fonds.

On lève le nez, tourne le regard. On est seul, chaque participant-e se suivra à intervalle suffisamment long pour donner une impression de parfaite intimité. On observe et on suit les indications vocales. Les anecdotes se suivent et les détails architecturaux apparaissent. Une visite touristique lambda organisée par les autorités touristiques? On pourrait le croire. Mais quelques rues plus tard, à l'ombre d'un square discret qu'orne une fontaine à poissons, le ton de notre guide change radicalement.

Une balade poétique

Nous ne sommes plus visiteurs de La Chaux-de-Fonds, mais bel et bien spectateurs de "La Troisième vérité", une proposition théâtrale qui brouille allégrement les cartes pédestres et divinatoires. La réalité devient magique, le plan si sagement quadrillé de la cité neuchâteloise entre dans une quatrième dimension: l'étrange côtoie le scabreux, le pittoresque bascule dans le paranormal.

"La Troisième Vérité" avec Camille Mermet. [TPR - Guillaume Perret]

Il y a ces histoires d'éléphants en rade pour cause de guerre, ce labo clandestin d'héroïne, ce fermier condamné pour zoophilie, ces rassemblements de chats ou cette bouche d'égout en fonte ornée d'une calligraphie arabe. Les autres, celles et ceux qui n'ont pas de casque audio sur les oreilles, arborent subitement un air bizarre. A moins que cela ne soit le visiteur-marcheur qui suscite une attention accrue par son comportement singulier et son regard insistant?

Entre fiction et réalité

Dans le casque, Camille Mermet est devenue confidente, alliée, diseuse de bonnes et mauvaises aventures. Sa voix dialogue désormais avec les instruments zinzins du musicien Louis Jucker et la prose de plus en plus baroque de l'écrivain Dejan Gacond. Comment démêler le vrai du faux? Et puis, ne s'est-on pas perdu en chemin, après avoir tourné dans la mauvaise direction? Au terme d'une heure de promenade, nous touchons au but: la Société de consommation, un bar-librairie.

Le papier reçu au début du périple et plié dans la poche avec le plan de secours nous dévoile le nom de son patron, Nicolas. Nous ne sommes donc pas perdus. Quoique. A la fin de cette pièce audio-déambulatoire, un livre offert nous révèle faits et affabulations du récit. On peut refuser de le lire. Et rester ainsi dans le flou délicieux de cette "Troisième Vérité".

Thierry Sartoretti/ld

"La Troisième Vérité", une balade audio-guidée sous l'égide du Théâtre Populaire Romand (TPR), du 30 mai au 1er juin à La Chaux-de-Fonds.

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