Le festival des Athénéennes à Genève a placé sa 9e édition (du 6 au 14 juin) sous le thème de la spiritualité. Un mot-clé suivi d'un point d'interrogation, qui titre la vaste réflexion déployée dans l'édito de leur programme. Face à "la tentation utilitaire qui menace la nature spirituelle de l’art", les organisateurs ont souhaité faire de leur manifestation un de ces îlots où l'art "ne se soumet pas aux exigences de rentabilité, mais revendique son inutilité" un de ces lieux où il puisse "continuer d'irriguer les corps, d'éclairer les âmes, et de nourrir les esprits."
Exigence, découverte, et mélange des genres
Au souffle puissant des intentions répond une programmation placée sous le triple signe de l'exigence, de la découverte et de l'éclectisme. Les trois co-programmateurs et fondateurs, Audrey Vigoureux, Marc Pernoud et Valentin Peiry ont en effet fait du mélange des genres leur marque de fabrique.
"Réunir chaque soir des ensembles de style différent et que le public fasse le voyage de bout en bout était un pari. Et ça marche de mieux en mieux" se réjouit Marc Perrenoud au micro de la RTS. Un métissage des genres, mais aussi des spectateurs. "Le public est vraiment mélangé et réunit des gens de tous âges, de tous milieux, qui veulent aussi découvrir des choses qu'ils ne connaissent pas" confirme Valentin Pery.
"Nous avons choisi un tarif unique par soirée, ce qui invite à rester toute la soirée, voire toute la nuit" ajoute Audrey Vigoureux. Au total, ce ne sont pas moins de 22 concerts dont sept créations et trois ciné-concerts qui se déroulent du 6 au 14 juin dans trois lieux emblématiques genevois: l’Alhambra, le Temple de la Madeleine et l’Abri.
Gérard Depardieu est revenu
Le 8 juin, Gérard Depardieu et le trio Jasmin Toccata ont fait vibrer le coeur et l'esprit des festivaliers avec les "Confessions" de Saint Augustin. L’acteur, présent l'année passée pour son récital en hommage à Barbara est revenu cette fois pour un spectacle inédit. "Gérard Depardieu avait donné des lectures de Saint Augustin il y a une dizaine d'années à Notre Dame de Paris et au Louvre, mais c'est la première fois qu'il s'entoure des trois stars de la musique que sont le claveciniste Jean Rondeau, le luthiste et théorbiste Thomas Dunford et le percussionniste persan Keyvan Chemirani" précise Audrey Vigoureux. Une rencontre rare, entre baroque et modalité orientale, qui s'est poursuivie avec la musique traditionnelle syrienne du Sham Trio et le jazz de Red Sun.
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Le 7 juin, quatre solistes exceptionnels étaient réunis autour d'un répertoire de chambre visionnaire. Iddo Bar-Shai au piano, Tedi Papavrami au violon, Victor Julien-Laferrière au violoncelle et Isabel Villanueva à l'alto se sont pour l'occasion constitués en quatuor pour interpréter l'oeuvre pour piano et cordes en sol mineur no 1 et des oeuvres de Janacek.
Ce soir-là, la route de ces grands interprètes a croisé celle de l'Orage. La formation genevoise réunie autour du batteur Nelson Schaer et du guitariste Robin Girod a proposé ses mélodies atmosphériques, aux accents métissés et foudroyants avant que Stade et son jazz electro improvisé ne conclue la partie concertante. Car la nuit s'est poursuivie à l'Abri au son des Wunderbar.
Le voyage d'exception se poursuit tous les soirs. Mardi 11 juin, le quatuor Bela a interprété "Tetras" de Xenakis, le dernier quatuor de Beethoven, rejoint par la pianiste Audrey Vigoureux pour un quintet de Chostakovitch. Ce concert a été suivi par le trio de jazz Gauthier Toux, et son invité de marque: le saxophoniste remarquable Christophe Panzani qui a fait résonner ses sons spatialisés avec la magnifique acoustique du Temple de la Madeleine.
Propos recueillis par Benoît Perrier/Adaptation web: Manon Pulver
Les Athénéennes , 9e festival de musique classique, jazz et créations. Du 6 au 14 juin 2019