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"En haute mer", une prise de risque payante pour une série à voir sur Play RTS

En haute mer
Débat séries / Vertigo / 21 min. / le 22 novembre 2024
En adaptant librement en une mini-série de quatre épisodes le roman de Fabien Feissli "En eau salée" paru en 2015, cet ambitieux projet rebaptisé "En haute mer" cumulait toutes les incertitudes. C'était sans compter sur le talent de Denis Rabaglia et ses équipes pour éviter un possible naufrage.

Il paraît bien loin ce temps où la RTS se contentait de co-produire des séries pépères se déroulant dans des vignes ou des bibliothèques. Aujourd'hui, le département fiction voit grand, voit large et même grand large! Il fallait être un peu fou pour lancer le chantier d'un polar psychologique en quasi-huis clos, filmé à bord d'un véritable cargo, ayant pour cadre la marine marchande suisse et reposant sur un casting international dont l'unique visage à peu près connu du grand public serait Maud Wyler.

La mini-série "En haute mer" met en scène l'inspectrice Aurélie (Maud Wyler) qui a laissé maladroitement filer Florian (Maël Cordier), un jeune homme soupçonné d’être impliqué dans la disparition de sa petite amie Julia (Isaline Prévost Radeff). Aurélie apprend qu’il a été arrêté sur un cargo de la marine marchande suisse pour le meurtre d’un matelot. Envoyée en Afrique du Sud pour le rapatrier, elle découvre que Julia a été passagère de ce cargo quelques semaines auparavant. Elle poursuit son enquête, seule, et fait face à la résistance de l’équipage. Peu à peu, la tension monte, le fantôme de Julia planant sur le cargo.

>> Voir la bande-annonce de la série :

En haute mer - Le trailer
En haute mer - Le trailer / En haute mer / 1 min. / le 1 novembre 2024

Un navire marchand comme décor

On l'aura compris, c'est ici un navire marchand qui sert d'unique et impressionnant décor. "On s'est dit qu'on avait besoin d'un bateau et qu'on ne pouvait pas juste tout faire en fonds verts", indique dans le 19h30 du 21 novembre le réalisateur Denis Rabaglia. L'option paraît en effet non négociable pour obtenir le résultat réaliste attendu. Quiconque a déjà observé un cargo à quai imagine volontiers, derrière le gigantisme du bâtiment, le labyrinthe dissimulé à l'intérieur et propice aux images fabuleuses.

La salle des machines avec ses enchevêtrements d'escaliers, ses tuyauteries sur trois étages, sa cale immense rouillée quasi vide qui peut servir de terrain de basket, son poste de pilotage et ses ponts offrent des décors naturels grandioses indispensables à un polar à l'atmosphère tendue où le danger est embusqué partout.  

En affrétant un vraquier - un navire de charge - de 160 mètres de long, la production pensait avoir résolu le problème majeur. Sauf que non! Si un tournage repose impérativement sur un plan de travail précis établi des mois à l'avance pour éviter tout dépassement de budget, avec la marine marchande, il en va tout autrement. Impossible de réserver un cargo neuf mois à l'avance. Et lorsqu'une compagnie accepte, elle est incapable de garantir qu'il sera disponible le jour dit. L'Interlaken de la série accostera néanmoins la veille du premier jour de tournage à Bilbao.

Une image extraite de la série "En haute mer" réalisée par Denis Rabaglia. [Alva Film - Gatz Kalea Filmeak - RTS]
Une image extraite de la série "En haute mer" réalisée par Denis Rabaglia. [Alva Film - Gatz Kalea Filmeak - RTS]

Un tournage sous contraintes

La météo, autre source d'angoisse, va s'avérer favorable, un atout indispensable car le bateau ne peut sortir par tous les temps. Les jours en mer ont représenté un vrai défi imposé par les horaires de la capitainerie peu compatibles avec celles du tournage. Mieux valait tout sécuriser en amont pour gagner du temps en mer. Par exemple, pour donner l'illusion du grand large lors d'un contrechamp, une manœuvre d'envergure oblige à pivoter le cargo à 180 degrés, ce qui ne se fait pas en quelques secondes.

Un tournage sur un vraquier en mer nécessite surtout le respect de consignes de sécurité avec lesquelles il est impossible de transiger, d'où le recours à une équipe réduite soumise à une efficacité indispensable. Et parce que Denis Rabaglia désirait un équipage multiculturel à l'écran qui symbolise l'échelle sociale, des comédiens non francophones ont été retenus, ce qui n'a pas toujours facilité la justesse de leur jeu en français. Au final, cinq ans pour parvenir à développer une telle série en forme de thriller psychologique n'auront pas été de trop pour un résultat impressionnant à découvrir sur Play RTS.

Philippe Congiusti/ld

"En haute mer" de Denis Rabaglia, avec Maud Wyler, Carlos Bardem, Philippe Torreton, Mael Cordier. A voir sur Play RTS en intégralité du21 novembre 2024 jusqu'au 20 mai 2025.

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