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"B.R.I", nouvelle série policière qui plonge au coeur de l'antigang

69S-20230506-bri-PLAYER-RTS [Caroline Dubois / Cheyenne Federation / Canal +]
Ecrans – "B.R.i" / Six heures - Neuf heures, le samedi / 6 min. / le 6 mai 2023
Mettant en scène une brigade antigang à Versailles, la série de Canal+ "B.R.I." propose une réalisation différente des polars classiques sous l'oeil du jeune réalisateur Jérémie Guez, qui brouille les limites entre justice et crime.

La B.R.I est une brigade de recherche et d'intervention plus communément appelée Brigade antigang. Il s’agit d’une unité d'enquête et d'intervention de la police judiciaire française.

"B.R.I" est aussi le titre de la nouvelle série policière de Canal+. Après la fin de la série "Engrenages" au bout de huit saisons en 2020, la chaîne n’avait plus de produit maison dans ce genre. Elle a donc fait appel au jeune auteur de romans policiers, scénariste et réalisateur Jérémie Guez pour créer, cosigner le scénario et réaliser "B.R.I".

Immersion dans le grand banditisme

Jérémie Guez fait découvrir le travail et les personnalités des membres de l’équipe de la BRI de Versailles, une unité historique spécialisée dans le grand banditisme. On y suit Saïd (Sofian Khammes), qui prend la tête d’une équipe constituée de jeunes policiers d’élite: Badri (Rabah Naït Oufella), Vanessa (Ophélie Bau), Julien (Waël Sersoub) et Socrate (Théo Christine).

Le nouveau commandant va devoir trouver sa place au sein de son groupe en imposant des méthodes bien différentes de celles de Patrick, l’ancien chef charismatique et respecté qui entretient des liens troubles avec le voyou Éric Perez, chef de gang gitan. Ce dernier est en conflit ouvert avec un autre clan, les El Hassani, avec le risque de déclencher une guerre des gangs qui embraserait toute la capitale française.

>> À regarder: la bande-annonce de la série "B.R.I.":

Un polar revisité

Si le scénario évoque à première vue d’autres productions comme la comédie de Claude Zidi "Les ripoux" (1984), "Flic ou voyou" de Georges Lautner (1979) et "Serpico" de Sidney Lumet (1973), la série "B.R.I" ne s’inscrit pas dans le genre du polar classique.

Jérémie Guez construit sa narration sur la déconstruction des clichés en promenant les spectateurs et spectatrices dans une histoire au sein de laquelle ils et elles sont actifs. La réalisation va également dans ce sens: les cadrages serrés en caméra portée collent aux personnages.

Au milieu de décors anodins, une routine d’enquête qui, avant l’action, raconte les interminables heures de planque, les séances épuisantes à pomper du métal ou à se boxer entre collègues, parfois à la limite de règlements de compte fondés sur des a priori.

Des personnages ambivalents

Entre celles et ceux qui représentent la loi et celles et ceux qui la transgressent, la limite est floue. Les membres de la brigade sont exemplaires de cette limite. Par exemple, le personnage de Badri (Rabah Naït Oufella), qui a grandi en cité dans une famille réfractaire à la police, n’assume pas son métier. Il ment à ses proches en leur cachant son vrai job, et par la même occasion sa culpabilité de faire partie de "l’autre camp". Pour Badri, intégrer la BRI était la seule manière de quitter son milieu.

Mis à part lorsque les policiers et policières portent leur uniforme d’intervention, leur masque et leurs armes, il est difficile de les différencier des voleurs, ce qui leur permet de se fondre facilement dans l’anonymat des banlieues.

Une série qui divise

Les actrices et acteurs, très peu connus du grand public, ont volontairement été choisis par Jérémie Guez pour cette raison: de Rabah Naït Oufella à Sofian Khammes, Waël Sersoub et Théo Christine, jusqu’à Ophélie Bau, découverte dans deux films d’Abdellatif Kechiche. Parmi les plus connus jouent Bruno Todeschini, Emmanuelle Devos et Vincent Elbaz, qui incarne le chef de gang gitan Eric Perez.

L’interprétation de Vincent Elbaz divise d’ailleurs le public. Sur le site Allociné, beaucoup de retours trouvent sa performance et son accent ridicules ou caricaturaux. En général, la difficulté à entendre et comprendre certains dialogues est aussi mentionnée à de nombreuses reprises.

De l’autre côté, les critiques ayant apprécié la série soulignent le choix de casting intéressant, son réalisme et le suspens omniprésent.

Sujet radio: Pascal Bernheim

Adaptation web: Myriam Semaani

"B.R.I.", série en 8 épisodes, disponible sur Canal+ et myCanal.

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