"Faux-semblants", une série horrifique avec une double Rachel Weisz
La série est une relecture drôle, horrifique et percutante du film de David Cronenberg avec une touche féministe, puisque les jumeaux interprétés par Jeremy Irons il y a trente-cinq ans deviennent des jumelles. Rachel Weisz s'empare des rôles du couple de femmes gynécologues Elliot et Beverly Mantle, dont les prénoms épicènes n’ont pas changé depuis le film.
Récemment sortie sur Amazon Prime Video et découpée en six épisodes de cinquante minutes, "Faux-semblants" est signée de la scénariste de "Succession" et "Normal People", Alice Birch.
>> A voir: la bande annonce de "Faux-semblants"
Améliorer la santé des femmes
La substance passionnante de l’histoire que raconte "Faux-semblants" est à la fois la différence et la complémentarité des deux sœurs et leur relation complexe. Ces deux gynécologues sont déterminées à bouleverser les soins dans leur domaine et plus généralement tout ce qui concerne la santé des femmes. La série véhicule un discours politique à force d’humour cynique, de passion et d’horreur, au sens cinématographique du terme, mais sans recours au militantisme.
La douce et gentille Beverly souhaite mettre sur pied leur propre clinique pour favoriser un partenariat soignantes-patientes afin de libérer les parturientes de la stigmatisation dont elles sont toujours victimes. Et se débarrasser des mythes qui collent toujours à la grossesse, à l’accouchement et aux femmes en général.
De son côté, la diabolique Elliot est plutôt intéressée par la procréation médicalement assistée. Elle pense au laboratoire de pointe qui ira de pair avec la clinique, dans lequel elle pourra réaliser des miracles question fertilité et repousser les limites de ce qui est acceptable dans la fabrication de bébés sur mesure.
>> A écouter: deux avis en opposition sur la série "Faux-semblants"
Ames sensibles s'abstenir
"Faux-semblants" n’est pas destinée aux personnes sensibles, qui s’effarouchent facilement et ne supportent pas la vue du sang. Même les fans les plus endurcis de séries médicales pourraient avoir un peu de peine avec certains passages. Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans l'action avec une scène d'accouchement en gros plan hyper réaliste et assez intense.
On est cependant loin de l’imagerie gore du film de Cronenberg et de ses femmes mutantes finalement assez ridicules face à une représentation claire et sans chichi de la réalité d’une salle d’accouchement, qui ne laisse pas de place à l’intimité et qui fracasse le romantisme lorsque cela tourne mal.
La série évoque d’autres thèmes, comme ceux des origines et de la classe sociale: de la mère porteuse asservie à la famille noire ignorée, des fausses couches inexplicables à la mortinatalité, des examens de routine dont les conditions d’exécution peuvent changer le cours de l’existence d’une femme. Toutes ces histoires interrogent évidemment sur l’éthique, la négation de la douleur féminine et l’hypothèse qu'une femme noire vaut encore moins qu'une femme blanche. Ces questions extrêmes, mais hélas courantes, mettent le doigt sur les limites de la médecine, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde.
Sujets radio: Pascal Bernheim, Crystel Di Marzo
Adaptation web: mh
"Faux-semblants", à voir sur Prime Vidéo, six épisodes doublés en français ou en V.O. sous-titrée.