"En place", la série qui mise sur un candidat noir à la présidentielle française
Découvert par le grand public en 2020 grâce à son film "Tout simplement noir", comédie hilarante sur le racisme pour laquelle il a reçu le César du meilleur espoir masculin, Jean-Pascal Zadi poursuit son exploration de la France sociale et politique avec "En place", une mini-série de six épisodes.
Co-créateur avec François Uzan ("Family Business, "Lupin") et réalisateur, le natif de la banlieue parisienne de Bondy y incarne également le rôle principal de Stéphane Blé. Suite à une altercation avec Eric Andrei, candidat de gauche à l’élection présidentielle, cet animateur de maison de quartier devient une célébrité sur les réseaux sociaux. C'est alors que William Crozon, conseiller politique, l'encourage à se lancer dans la course à l'Elysée. Mais, quinze ans après l'accession de Barack Obama à la présidence américaine, la France est-elle prête à voir une personne noire accéder à la plus haute marche du pouvoir?
On est France, on n’est pas aux Etats-Unis, ici on aime les noirs s’ils font rire, s’ils ramènent la coupe à la maison ou s’ils font du gospel…
Pour cette satire politique, Jean-Pascal Zadi s'est entouré d'une palette de stars dont Benoît Poelvoorde dans le rôle du candidat de gauche cynique, Eric Judor dans celui du conseiller politique sournois, Fadily Camara, dans celui de Marion, la femme de Stéphane Blé, Marina Foïs, en parodie de la candidate éco-féministe et Jean-Claude Muaka, en ami complotiste.
>> A voir: la bande-annonce de la série "En place"
Des dialogues et punchlines savoureux
L'affiche de la série "En place". [Netflix]Choisir un anonyme, un peu dadais, et le propulser dans les hautes sphères, ici politiques, n'est pas une nouveauté, mais fonctionne toujours très bien pour pointer ce qui dysfonctionne et pour créer des scènes drôles et cocasses.
Dans "En place", l'écriture et l'autodérision de Jean-Pascal Zadi font le reste pour proposer une série aux dialogues et punchlines savoureux qui met aussi efficacement le doigt sur les dérives de la machine médiatique, en particulier en période électorale.
Pas assez radical dans le ton
"En place" souffre pourtant de quelques défauts. Outre des personnages parfois un peu trop caricaturaux et quelques maladresses de scénario, la série aurait gagné à être plus courte. "Elle aurait pu tenir dans un film d'une heure trente plutôt qu'en six épisodes de trente minutes", indique Noémie Desarzens lors du débat séries de l'émission "Vertigo".
La critique regrette aussi une série qui n'est pas "assez radicale dans le ton", ce qui est pourtant la marque de fabrique de Jean-Pascal Zadi. "'Tout simplement noir' soulevait de vraies questions de société, ici ça reste assez gentil."
Andréanne Quartier-la-Tente
"En place", mini-série de 6 épisodes, à voir sur Netflix