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"Mafia Queens", le mariage réussi des "Soprano" et de "Desperate Housewives"

"Mafia Queens" [Arte]
Ecrans – "Mafia Queens" / Six heures - Neuf heures, le samedi / 6 min. / le 4 juin 2022
"Mafia Queens" est une série israélienne de 2018 qui vient seulement de débarquer sur la plateforme arte.tv. En deux saisons de vingt et un épisodes, la série tragicomique montre comment les femmes d'un clan mafieux se relèvent suite à l'assassinat des hommes de leur famille.

"Mafia Queens", c'est l'histoire des Malka, une famille de mafieux israéliens installés à Tel-Aviv. Au cours de l'enterrement de vie de garçon d'Eyal Malka, des tueurs assassinent tous les hommes et les gros bras de la famille, dirigée par le père, Jacob Malka.

Les femmes Malka perdent donc brutalement les hommes de leur clan, mais aussi leur statut et leur pouvoir. Elles doivent alors faire face à une nouvelle réalité, dans laquelle elles sont obligées de se battre pour que leur famille garde sa place dans le monde très masculin du crime organisé.

Les mères, épouses, maîtresses, sœurs et filles de la famille Malka tentent de se relever et de réhabiliter l'entreprise familiale qui leur a été enlevée, mais aussi de venger la mort de leurs proches. Il existe évidemment déjà quelques fictions qui se sont emparées de cette thématique. C'est le cas du film "Les veuves" de Steve McQueen sorti en 2018 ou de la série "Suburra" à voir sur Netflix.

Arte.tv promeut "Mafia Queens" comme "une série tragicomique corrosive, doublée de portraits d'héroïnes attachantes et armées jusqu'aux dents façon 'Kill Bill'". La comparaison avec le film de Tarantino paraît peu pertinente. Il s'agirait plutôt ici d'un mélange improbable des "Soprano" et de "Desperate Housewives" dans lequel le paramètre tragicomique se dissout dans le cliché encore plus rapidement qu'un cadavre dans de la chaux vive.

Des situations drôles, mais répétitives

Au début, si quelques situations cocasses activent les zygomatiques, elles ont tendance à être un peu répétitives, notamment les numéros explosifs de mère juive horripilante de la cheffe de famille Dori Malka, interprétée par Rita, la célèbre chanteuse israélienne d'origine iranienne.

La série joue sur quelques clichés, avec des personnages un peu caricaturaux. Il y a par exemple la trentenaire, sœur du chef assassiné, Lizzi, fille de Dori, interprétée par la comédienne Dana Ivgy. Lizzi a toujours été en retrait, dans l'ombre. Elle s'avère redoutablement plus intelligente que son frère décédé.

Il y a aussi l'ex-femme du fils assassiné, Na'ama, jouée par Mali Levi, psy qui ne rêve que d'une vie normale avec ses enfants, Nina, adolescente studieuse et droite dans ses bottes, et son petit frère, Ido, neuf ans, seul rescapé de la tuerie. Il y a encore Sapir, incarnée par Lihi Kornowski, la maîtresse du fils assassiné, ex gogo-girl russe au grand cœur. Et puis la sœur de Dori, Tzipi, interprétée par Orly Silbersatz, pas vraiment gâtée par la nature.

Un portrait décalé de la société israélienne

Toutes ces femmes et les autres personnages de la série offrent dans "Mafia Queens" un portrait décalé de la société israélienne assez saisissant grâce, notamment, à des actrices et des comédiens qui jouent parfaitement leurs partitions et donnent, presque, une dimension shakespearienne au drame. L'aspect thriller de "Mafia Queens" est très efficace et le scénario ne tombe pas dans le piège du cliché qui prétend que si des femmes prennent le pouvoir, la violence disparaît.

La série est disponible sur art.rv en version originale, en hébreu, sous-titrée en français et en allemand, et est à voir jusqu'en mars 2023.

Sujet radio: Pascal Bernheim

Adaptation web: Lara Donnet

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