Publié

La série "L'Opéra" décortique l'univers impitoyable de la danse classique

La série L'Opéra [OCS]
Ecrans - "L'Opéra" / Six heures - Neuf heures, le samedi / 5 min. / le 25 septembre 2021
En huit épisodes, "L'Opéra" dépeint avec réalisme le quotidien et les péripéties de la compagnie de ballet de l'Opéra de Paris. Un monde fascinant et mystérieux qui, en coulisses, est pourtant aussi marqué par la souffrance, les discriminations et les intrigues.

La série suit trois personnages qui vont chacun confronter leur rêve à la réalité. Il y a tout d'abord Zoé, danseuse étoile de 35 ans qui a connu un début de carrière fulgurant, mais qui vit désormais dans l’excès avec trop de fêtes, d’amants et d’angoisses. Son niveau de danse s'en ressent et elle est sur le point de se faire licencier. Mais Zoé va se battre contre l’institution, ses pairs et surtout contre elle-même pour décrocher une seconde chance.

A ses côtés, Flora, 19 ans, est une jeune danseuse noire qui vient de rejoindre le corps de ballet comme surnuméraire, c’est-à-dire sans aucune garantie de poser un chausson sur la scène, à moins d’un remplacement en urgence. Elle n'a que quelques mois pour s’intégrer et faire ses preuves. Et finalement, il y a Sébastien, 38 ans, tout nouveau directeur de la Danse. Un homme flamboyant et ambitieux qui veut faire briller l’Opéra au firmament de la danse mondiale.

Une immersion réussie

En 2015, le documentaire "Relève: Histoire d'une création", permettait déjà aux profanes d'entrer dans le monde plutôt fermé du ballet. Un univers qui avait déjà été dépeint au cinéma dans des fictions comme "Black Swan", "Tiny Pretty Things" ou encore "Flesh and Bone".

Avec réalisme, la série "L'Opéra" réussit de belle manière à montrer le quotidien des danseuses et danseurs, mais aussi celui des hommes et des femmes de l'ombre (régisseurs, assistants...), le rapport avec les mécènes ou avec le ministère de la Culture. L'immersion est complète.

"Ça m'intéressait évidemment d'avoir du glamour, de la danse et de la beauté, mais aussi de montrer dans ce métier les négociations et les frustrations", explique Benjamin Adam qui a créé la série avec Cécile Ducrocq ("Le bureau des légendes", "Dix pour cent").

Des séquences ont été tournées au Palais Garnier à Paris (grand escalier, toit, entrée des artistes, grand foyer), mais l'essentiel l'a été à l'Opéra de Liège (Belgique).

Une série qui questionne la notion de réussite

Le casting mélange anciens danseurs et comédiens qui se sont entraînés et sont doublés durant les scènes de danse. On y trouve les actrices Ariane Labed et Suzy Bemba, qui se sont investies corps et âme dans leurs rôles de danseuses, et Raphaël Personnaz qui incarne le jeune directeur de la danse ambitieux inspiré par Benjamin Millepied. Ce directeur de la danse avait apporté une touche glamour à l'Opéra et tenté de réformer la compagnie avant d'en claquer la porte en 2016, au bout d'un an. Millepied n'avait pas caché ses critiques à l'égard de la hiérarchie très stricte du Ballet ou du terrifiant concours de promotion en interne qui, selon lui, paralysait les danseurs.

>> A lire aussi : Le chorégraphe Benjamin Millepied quitte le Ballet de l'Opéra de Paris

Et alors quʹen Suisse romande, deux compagnies de danse font la Une des médias pour harcèlement de toutes sortes, la série "LʹOpéra" évoque les insultes et l'intimidation ou encore la discrimination présente dans ce milieu. Osera-t-on par exemple distribuer une danseuse noire dans le "Lac des cygnes"?

La série questionne la notion de réussite et du droit à la seconde chance, mais s’intéresse aussi à la sclérose qui paralyse des institutions figées dans leur histoire.

ats/aq/pb

"L'Opéra" est à voir actuellement sur OCS, soit par l’intermédiaire de Blue  ou de Canal+.

Publié