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"Brand New Cherry Flavor", la série la plus excentrique de la rentrée

Brand New Cherry Flavor sur Netflix. [Netflix / RTS]
Ecran - "Brand New Cherry Flavor" / Six heures - Neuf heures, le samedi / 6 min. / le 28 août 2021
Mise en ligne de manière très discrète par Netflix à la mi-août, la mini-série "Brand New Cherry Flavor" a pourtant de quoi séduire les amateurs et amatrices du genre horrifique. Sans compter que c'est la série la plus décalée proposée en cette rentrée sur la plateforme de streaming.

Adapté d'un roman de Todd Grimson sorti en 1996, "Brand New Cherry Flavor" nous emmène dans les bas-fonds de l'Hollywood des années 1990. Lisa Nova (Rosa Salazar), jeune réalisatrice vient y tenter sa chance après avoir tourné un premier court métrage d’horreur. Elle rencontre Lou Burke, un producteur influent mais qui va la harceler sexuellement puis, face à son refus de se soumettre, la laisser sur le carreau après lui avoir volé son film.

Assoiffée de vengeance, Lisa passe alors un pacte avec Boro (Catherine Keener), une femme étrange qui manie la sorcellerie et qui lui propose d'utiliser la magie noire pour arriver à ses fins. Lisa entre alors dans un monde surnaturel rempli d'hallucinations effrayantes et de démons du passé.

Le pouvoir de la destruction

Le ton et la forme de cette série réalisée par Nick Antosca et Leonore Zion sont plutôt inhabituels pour Netflix qui donne généralement dans le formaté. Ici, on ose beaucoup, oscillant entre David Cronenberg et David Lynch, à la fois par un climat cauchemardesque et par un univers où l'expression artistique passe par la destruction.

Celle des autres comme la pratique Lou Burke le producteur, la destruction de soi-même comme le fait Roy Hardaway (Jeff Ward), jeune star paumée, coqueluche d’Hollywood, jamais en phase avec l’idéal qu’il représente, ou enfin la destruction des autres et de soi-même, qui est le lot de Lisa Nova dont la mue inquiétante est magnifiquement interprétée par l'actrice Rosa Salazar.

Au fil des épisodes, tout ce petit monde sombre dans une spirale mortifère hypnotisante, initiée par la trouble sorcière Boro qui, au bout du compte, se trouve parfaitement à sa place au milieu de cette bande de psychotiques et qui n’est pas sans rappeler la femme à la bûche de "Twin Peaks".

Destiné à un public averti

Dans "Brand New Cherry Flavor",s’il est bien sûr question de pouvoir féminin, de réappropriation d’une œuvre par sa créatrice et, en filigrane, de relations mère-fille, le scénario parvient heureusement à éviter le manichéisme basique et à créer le trouble; le profil de chacun des personnages révélant des facettes qui se complètent ou s’opposent subtilement.

Composé uniquement de huit épisodes, et malgré de belles qualités et un excellent trio d'acteurs, "Brand New Cherry Flavor" peut pourtant devenir quelque peu lassant lorsque les réalisateurs tentent de nous expliquer le pourquoi du comment.

Mais quand un ovni passe dans le ciel du monde des séries, ce serait dommage de se priver. A noter tout de même qu'avec ses scènes de sexe, de drogue, de magie noire, d'horreur et de... chatons (si, si), cette série est destinée à un public averti.

Sujet radio: Pascal Bernheim

Adaptation web: aq

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