Publié

"Halston", la série Netflix taillée sur mesure pour Ewan McGregor

Ewan McGregor en Halston au Club 54. [ATSUSHI NISHIJIMA/NETFLIX]
"Halston", la série de Ryan Murphy sur le couturier américain Roy Halston / Vertigo / 1 min. / le 28 mai 2021
Le Studio 54, le fric, la mode, la drogue, Liza Minnelli, la mini-série "Halston" produite par Ryan Murphy est un condensé de ce que fut la gloire, puis la déchéance, du créateur de mode américain Roy Halston incarné par Ewan McGregor.

Roy Halston Frowick. Ce nom n'évoque rien en Europe alors qu'il est l'équivalent de Yves Saint Laurent aux Etats-Unis. L'homme a habillé les plus grandes stars de l'époque, de Lauren Bacall à Jackie Kennedy, de Liza Minelli à Elisabeth Taylor, tout en rendant accessible ses produits de luxe à la classe moyenne. "Je veux habiller tout le monde en Amérique", disait-il.

C'est le premier mérite de "Halston", mini-série en cinq épisodes de Netflix, produite par l'expert en glamour Ryan Murphy ("Nip/Tuck", "The Prom" ou "Hollywood"): évoquer le parcours d'un homme ici méconnu, qui a connu la gloire et les excès avant d'être dépossédé de sa marque, de son nom, et vaincu par les contraintes d’un modèle économique cruellement exigeant.

Début fulgurant

On saura peu de choses sur l'enfance de Roy Halston Frowick, né le 23 avril 1932 dans l'Iowa, sinon par une scène très émouvante où le couturier fouille dans sa mémoire olfactive pour créer un nouveau parfum.

La série commence par sa première consécration. Le 20 janvier 1961, lors de la cérémonie d'investiture de J.F. Kennedy, Jackie est coiffée d'une toque imaginée par celui qui fut d'abord modéliste. Le succès est immédiat et le nom d'Halston devient une référence. Grâce à un riche investisseur (Bill Pullman, ambigu à souhait), le talentueux couturier va s'élever dans le monde des affaires. Halston aura sa tour, son empire et déclinera son nom en de nombreux produits dérivés.

Ewan McGregor incarne Halston, couturier star des années 70 et 80 aux Etats-Unis. [Netflix]
Ewan McGregor incarne Halston, couturier star des années 70 et 80 aux Etats-Unis. [Netflix]

Et descente rapide

Mais que vaut la réussite sans sa face obscure? Ces nuits entières passées au Studio 54, le plus souvent avec son inséparable amie Liza Minelli (parfaitement réincarnée par Krysta Rodriguez), ces addictions aux drogues et au sexe, cette mégalomanie qui aveugle, ce mépris des concurrents qui agace, ces amis qui trahissent, ces amants qui arnaquent et surtout une industrie de la mode tenue par des financiers qui dépossèdent les artistes en les achetant.

En adaptant le livre de Steven Gaines, Ryan Murphy et Ian Brennan retracent avec paillettes et intelligence l’ascension et la descente aux enfers d’un personnage au talent éclatant, mais au tempérament souvent ignoble. Ils accordent aussi une importance bienvenue à la création et au geste artistique.

Un acteur extraordinaire

Une grande partie de la qualité de la série repose sur le jeu d'Ewan McGregor, sublimé par ce rôle d'artiste narcissique et incontrôlable, qui fume cigarette sur cigarette et crache le nom de ses rivaux avec un magistral dédain. L'Ecossais n'en fait jamais trop dans ce monde too much.

Pour celles et ceux que la mode laisse indifférents, la série offre d'autres plaisirs, comme la recréation du New York des années 1970 à 1980, une plongée dans la fascinante décadence du Studio 54 et l'arrivée, dans l'indifférence générale, du sida qui coûtera la vie à Halston en 1990.

Une proposition d'Antoine Bal

Adaptation web: Marie-Claude Martin

Publié