Souvenez-vous. 1972. Charles Aznavour sort "Comme ils disent", un de ses plus beaux titres. Une chanson bouleversante qui décrit la vie d’un homosexuel entre canaris, quolibets, solidarités travesties et matins solitaires. Le refrain se termine comme un aveu: "Je suis un homo comme ils disent". Aznavour n’est pas gay. Mais diablement courageux. Il ne parle pas de lui mais, sans doute, d’un de ses amis, chauffeur, décorateur. Et homo, comme ils disent.
La chanson, du moins en terre francophone, est peut-être le dernier champ culturel à avoir si peu interrogé les sexualités, à avoir été aussi peu LGBT-friendly.
La "faute" à une culture hip-hop dominante, profondément machiste, quand elle n’est pas homophobe.
Et puis, une chanson, ça n’est pas cantonné à une galerie, ça ne reste pas discrètement planqué sous la couverture d’un livre. Ça circule sur toutes les lèvres, une chanson, ça se partage, c’est impudique, une chanson.
Pourtant, depuis que le rappeur-danseur-DJ Kiddy Smile a été invité à jouer à L’Elysée, c’est comme si le hip-hop et la chanson française se découvraient non hétéronormés – queer, en un mot. Mais qui, comment, pourquoi?