Luciano Pavarotti, la splendeur du bel canto

Grand Format

AFP - Karim Jaafar

Introduction

Avec sa voix chaleureuse, timbrée, reconnaissable entre toutes, son tempérament jovial et son incontournable écharpe rouge, Luciano Pavarotti a conquis le cœur des mélomanes du monde entier.

Aussi à l’aise au théâtre que dans un stade de foot, Pavarotti a chanté tous les rôles destinés à sa voix exceptionnelle.

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La jeunesse lyrique

AFP - Farabola/Leemage

Luciano Pavarotti naît à Modène le 12 octobre 1935 dans une famille modeste. Son père est boulanger, sa mère ouvrière dans une usine de cigare où travaille également la mère de Mirella Freni, une amie d’enfance qui est elle aussi destinée à un brillant avenir.

Le jeune garçon a deux passions: le chant qu'il pratique dans la chorale de l’église et le football. Longtemps, il hésitera entre les deux voies.

Son père, qui possède une belle voix de ténor, encourage sa passion pour l'art lyrique en lui faisant découvrir les plus grands ténors de son temps, en particulier Giuseppe de Stefano que Pavarotti sera un jour appelé à remplacer au pied levé. A la sortie du lycée, Luciano hésite à embrasser la carrière de footballeur mais il finit par suivre une formation pour devenir instituteur. Sa vie durant, il conservera intacte sa passion pour le foot et deviendra un fan inconditionnel de l’équipe de la Juventus de Turin.

Son éducation vocale formelle commence en 1954 sous l’égide d’un ténor local, Arrigo Pola, qui accepte de le former gratuitement. Les premières années sont difficiles.

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Pavarotti, chanteur populaire. [RTS - Christian Hlavac]RTS - Christian Hlavac
Quai des orfèvres - Publié le 5 février 2018

Parallèlement à ses études, Luciano travaille à plein temps, d’abord en tant qu’instituteur puis en tant que vendeur d’assurances, et ces métiers pèsent lourds sur sa voix. Il manque d’abandonner son rêve quand il est atteint d’un nodule aux cordes vocales. Heureusement, le jeune homme se rétablit rapidement.

Il obtient son premier succès en 1961 lorsqu’il gagne le concours international de Reggio Emilia. Le prix offert au lauréat est un rôle à l’opéra de Reggio. C’est ainsi que le 29 avril 1961, Pavarotti fait ses débuts lyriques dans le rôle de Rodolpho de "La Bohème".

>>> À voir: Luciano Pavarotti interprète la Bohème à Paris

Le ténor italien Luciano Pavarotti dans le rôle de Rodolfo de "La Bohème" de Puccini le 30 janvier 1996 à Turin. [AFP - Mauro Pilone]
[AFP - Mauro Pilone]

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Les rôles de la maturité

AFP - Stuart Ramson

En 1963, après avoir chanté à Amsterdam, Vienne et Zurich, Pavarotti est invité à remplacer au pied levé son idole, le grand Giuseppe di Stefano, à Covent Garden où il est accueilli avec enthousiasme. Cet épisode marque le début de sa carrière.

Luciano Pavarotti s’impose ainsi progressivement comme l’un des plus grands ténors lyriques de sa génération. Sa voix convient parfaitement aux exigences du "bel canto".

Très vite, sa renommée commence à dépasser le seul milieu de l’art lyrique. Sa personnalité joviale et exubérante lui vaut la faveur du public.

>> Ecouter "Quai des orfèvres", Luciano Pavarotti, les rôles de la maturité :

Luciano Pavarotti dans l'opéra "Il Trovatore" de Giuseppe Verdi à Florence en 1992. [AFP - Massimo Sestini]AFP - Massimo Sestini
Quai des orfèvres - Publié le 6 février 2018

A la fin des années 70, son répertoire évolue. S’il continue de chanter les grands rôles lyriques qui l’ont rendus célèbres, il se tourne peu à peu vers des rôles plus dramatiques qui exigent une voix plus lourde comme Radamès dans "Aïda" ou Manrico dans "Le Trouvère".

"Quand Luciano Pavarotti chante, le soleil se lève sur le monde".

Carlos Kleiber, chef d'orchestre

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Pavarotti & Friends

Keystone - Alastair Grant

Luciano Pavarotti est resté dans les mémoires comme le ténor les plus célèbre de la seconde moitié du 20e siècle. Il est avec Maria Callas l’un des seuls artistes lyriques dont la popularité a dépassé le cercle restreint des amateurs d’opéra. Des années 1970 aux années 2000, le ténor est partout. Sur les plus grandes scènes internationales, à la télévision, dans les rayons de disques, sur les couvertures de magazines. Les grands théâtres se l’arrachent, les salles affichent complet et sa maison de disques fait des recettes en or.

>> Ecouter "Quai des orfèvres", Pavarotti and Friends :

José Carreras, Luciano Pavarotti et Placido Domingo à Tokyo le 25 juin 2002. [AFP - Yoshikazu Tsuno]AFP - Yoshikazu Tsuno
Quai des orfèvres - Publié le 8 février 2018

Pavarotti est sans doute l’un des chanteurs les plus médiatisés de l’histoire. Aucun autre artiste lyrique n’a mieux compris que lui l’importance des médias. Pavarotti en a largement profité pour transmettre sa passion à un public qu’il voulait le plus large possible.

Dès lors, le célèbre chanteur a choisi de porter son art hors des salles de concert et des théâtres et interprète à côté du grand répertoire lyrique italien des airs populaires de son pays. On lui doit ainsi plusieurs volumes de mélodies traditionnelles, à l’image d'un album intitulé "Volare" paru en 1987, dont le titre est emprunté à un air célèbre. Pour Pavarotti, chanter ce répertoire est aussi important que les airs d’opéra du moment qui touchent un grand nombre de personnes. Il faut dire que le maestro n’est pas insensible aux sirènes du show business et aiment chanter devant des parterres qui se comptent davantage en milliers qu'en centaines de personnes.

C’est ainsi qu’en 1990, il se lance dans l’aventure des Trois Ténors, événement médiatique sans précédent qui réunit les plus grands ténors du moment: Luciano Pavarotti, Placido Domingo et José Carreras. Leur premier concert est donné le 7 juillet 1990, pour célébrer la Coupe du monde de football à Rome et réunir des fonds pour soutenir la fondation créée par José Carreras pour la lutte contre la leucémie, maladie dont José Carreras avait souffert.

Devant le succès phénoménal, le trio réitère l’aventure à plusieurs reprises, notamment en 1994 à Los Angeles où il chante devant plus d’un million de spectateurs et de téléspectateurs.

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La musique sacrée

AFP - Marcello Mencarini

Aussi à l’aise au théâtre que dans un stade de foot, Pavarotti a chanté tous les rôles destinés à sa voix exceptionnelle. Les opéras de Verdi, Puccini et Donizzetti lui ont offert un terrain de jeu unique. Mais Pavarotti n’en a pas dédaigné pour autant le répertoire sacré. Un domaine où on l’attendait un peu moins mais qui n’en mérite pas moins le détour.

>> Ecouter "Quai des orfèvres", Sacré Luciano Pavarotti ! :

Luciano Pavarotti le 12 juin 1999 à Beyrouth. [AFP - Ramzi Haidar]AFP - Ramzi Haidar
Quai des orfèvres - Publié le 7 février 2018

Difficile de parler de la façon dont le ténor des ténors appréhendait le sacré. Les articles et la presse restent discrets sur ce point. En revanche, Pavarotti parlait volontiers de son instrument exceptionnel comme d'un don. "Je dois tout au bon Dieu et par-dessus tout à mon père, qui m'a donné ma voix", confiait-il en 2001 lors d'un entretien avec un magazine spécialisé.

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Les secrets de Pavarotti

AFP - Marcello Mencarini

Mais, du haut de son mètre nonante, Pavarotti n’est pas seulement une voix qui chante. C’est aussi un homme, avec ses défauts et ses qualités.

Marié à deux reprises, il connaît bien des déboires avec ses épouses. Pavarotti a quitté sa première femme Aduo Veroni après 34 ans de mariage et avec qui il a eu trois filles pour épouser son assistante, Nicoletta Mantovani. L’affaire avait fait grand bruit puisque Nicoletta était beaucoup plus jeune que le ténor.

>> Ecouter "Quai des orfèvres", les secrets de Pavarotti :

Luciano Pavarotti et Nicoletta Mantovani lors de leur mariage à Modène le 13 décembre 2003. [AFP - Paolo Cocco]AFP - Paolo Cocco
Quai des orfèvres - Publié le 9 février 2018
Luciano Pavarotti dans le rôle de Mario Cavaradossi dans "Tosca" de Puccini le 14 janvier 2000 à Rome. [AFP - Leemage]
Luciano Pavarotti dans le rôle de Mario Cavaradossi dans "Tosca" de Puccini le 14 janvier 2000 à Rome. [AFP - Leemage]

Au registre de ses loisirs, on peut citer le cheval et le football. Autre passion méconnue: la peinture. Une vocation qu’il découvre en interprétant le rôle de Mario Cavaradossi dans "Tosca" de Puccini. Dans la mise en scène, le ténor campe le personnage d’un peintre et dans plusieurs scènes, il doit faire semblant de retoucher un tableau avec de faux accessoires de peinture. Un ami lui apporte une vraie boite de couleurs.

Pavarotti se prend au jeu et ramène chez lui son attirail d'artiste-peintre. Il se plaît à représenter des paysages, des natures mortes, choisissant des couleurs vives et ensoleillées. Un travail dont il n’est pas peu fier et qu’il expose même dans une galerie new-yorkaise, en 1979.

Mais malgré son allure de caricature à la Fellini, Luciano Pavarotti restera dans les mémoires comme le ténor mythique de la seconde moitié du 20e siècle,
l'homme qui a voulu marier la pop et l'opéra, la variété et le lyrique. Bref, le mélange des genres, au grand dam des puristes.

Accusé de brader son talent pour le dieu dollar, Pavarotti s'en est expliqué dans une interview accordée au journal "Le Monde de la musique" en 1996:

"Je sais qu'il est plus chic de chanter Mozart à Salzbourg que "My Way" dans un stade. Si je fais les deux, c'est que je pense que chaque activité a son utilité et sa beauté".

Luciano Pavarotti.

Malgré les excès des dernières années, sa carrière est restée exemplaire. Il meurt le 6 septembre 2007 d'un cancer du pancréas dans sa maison de Modène, à l'âge de 71 ans.

Portrait du chanteur Luciano Pavarotti à San Remo le 31 janvier 2000. [AFP - Farabola/Leemage]
Portrait du chanteur Luciano Pavarotti à San Remo le 31 janvier 2000. [AFP - Farabola/Leemage]