Au très contemporain théâtre Maggio, sur les bords de l'Arno à Florence, le metteur en scène Leo Muscato propose une "Carmen" très actuelle, dont l'intrigue se déroule dans un camp rom au début des années 1980.
Cette version, d'ores et déjà complète, propose une Carmen très provocante, femme libre, forte et fragile à la fois et un Don José, policier jaloux et violent. Face à ces personnages, le directeur du théâtre a proposé au metteur en scène une idée folle.
Il [le directeur du théâtre] m'a demandé si ce ne serait pas possible que, pour une fois, on décide de la laisser en vie cette Carmen, avec tout ce que les femmes subissent dans le monde.
Modifier le dénouement, une idée folle
Au départ, cette proposition semble pratiquement impossible à mettre en oeuvre. Mais peu à peu, au fil des répétitions, l'idée de modifier le dénouement de l'oeuvre de Bizet fait son chemin. Les deux cantatrices qui interprètent le personnage de Carmen acceptent de courir le risque. Et pour la première fois, Carmen ne meurt pas à la fin de l'oeuvre. Elle se défend et tue Don José.
"Il faut que le public comprenne que ce geste n'est pas une légitimation de la violence ou de l'homicide, mais seulement un moyen de dire "non" à la violence", explique la mezzo-soprano Veronica Simeoni, interprète de Carmen.
Décision controversée
Cette modification a été très mal accueillie par une partie du public. "Nous n'avons pas changé une seule note, nous n'avons pas changé une seule syllabe, nous avons juste modifié une action de quelques secondes. Et vous devez savoir que certains ont dit que je devais pourrir en enfer parce que j'ai osé faire cela, sans même avoir vu le spectacle", déplore le metteur en scène.
En 2017 en Italie, 115 femmes ont été assassinées par leur compagnon. Cette "Carmen" revisitée participe donc à la prise de conscience de cette société où la violence sur les femmes est encore trop souvent fréquente.
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Valérie Dupont/mh