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Gorillaz a manqué de folie technologique sur scène à Genève

Le chanteur Damon Albarn au sein de Gorillaz, le 4 novembre 2017, sur la scène du Royal Arena de Copenhague au Danemark. [AFP - BAX LINDHARDT / SCANPIX DENMARK]
Le chanteur Damon Albarn au sein de Gorillaz, le 4 novembre 2017, sur la scène du Royal Arena de Copenhague au Danemark. - [AFP - BAX LINDHARDT / SCANPIX DENMARK]
Le groupe virtuel Gorillaz s'est produit jeudi soir en chair et en os à l'Arena de Genève. Une première romande. Le concert retransmis en direct sur Couleur 3, bien qu'impressionnant visuellement, n'a pas toujours été artistiquement à la hauteur.

Quand la bande de Damon Albarn partait en tournée la première fois en mars 2001, la dimension virtuelle des Gorillaz était encore essentielle: le groupe jouait derrière un voile blanc prenant toute la scène, sur lequel les personnages étaient projetés mais au travers duquel on entrevoyait les vrais musiciens s’agiter. Britpop, rap américain, ombres chinoises.

Seize ans après, les Gorillaz ont levé le voile. Le concept s’est humanisé: l’orchestre et Damon sont au-devant la scène, tandis que les écrans – où habitent 2-D, Murdoc, Russel et Noodle – sont relégués à l’arrière (écran géant), sur les côtés et au-dessus (petit écran rond et mobile).

Les quatre membres fictifs animés du groupe "Gorillaz": 2D, Murdoc, Russel, et Noodle. [KEYSTONE]
Les quatre membres fictifs animés du groupe "Gorillaz": 2D, Murdoc, Russel, et Noodle. [KEYSTONE]

Little Simz en ouverture

La rappeuse anglaise, programmée en première partie, chauffe le public qui remplit la salle. L’atmosphère est humide. A 21h, Damon, alias 2-D, entre et entame le refrain de "Last living Souls", extrait du deuxième album "Demon Days". "Sommes-nous les dernières âmes vivantes?". La foule répond d’un "oui" corporel. L’Arena vit.

Vu le nombre d’invités sur chaque album des Gorillaz – notamment "Humanz", sorti cette année – on se demande qui les rejoindra sur scène. Les capitales européennes profitent constamment de guests de choix dans les concerts d’envergures, mais la Suisse est trop souvent laissée pour compte. Les coûts des défraiements l’emportent sur les bénéfices d’un retentissement médiatique relativement limité.

Heureusement, les Gorillaz ont les épaules (et le coffre) pour embarquer officiellement nombre d’autres artistes sur la route. C'est à 21h35 que le groupe De La Soul se joint à la fête pour interpréter "Superfast Jellyfish", issu du troisième opus "Plastic Beach". Les rappeurs, qui se produisent ce vendredi soir à l'Usine de Genève, reviendront à plusieurs reprises. Tout comme Little Simz qui remontera pour chanter "Garage Palace", single produit par les gorilles et qui vient de sortir.

Des tubes

Les tubes et classiques s’enchaînent. Gorillaz fait l’honneur à Genève de jouer "Ticket Tape" pour la première fois dans sa tournée européenne. Et surtout, le show visuel est au rendez-vous. La scène est littéralement quadrillée par des dizaines de spots de lumière, pendant que les quatre écrans diffusent des images en lien avec chaque titre.

2-D apparaît sur l’écran géant pour backer son alter ego Damon, puis c’est Murdoc qui arrive à toute allure, au volant d’une voiture, sourire et folie au coin des lèvres. Ici, le petit écran du haut affiche le visage de Russel, en 8-bit. Là, ce même panneau descend et rougit entièrement. Mise en abîme de toute beauté: dans les écrans latéraux, ce disque rempli de rouge fait désormais office de soleil brûlant.

A 22h40, les Gorillaz terminent sur "Don’t get lost in heaven", recommandation adressée à leur public de ne pas se perdre dans le monde imaginaire. Le message est définitif, il n’y aura pas de rappel. Il n’y aura pas non plus eu d’hologrammes, ce qui aurait été l’incursion la plus palpable du virtuel dans le réel, des personnages créés par Jamie Hewlett sur la scène de Damon Albarn.

On aurait apprécié un peu plus de folie technologique peut-être, surtout pour un groupe précurseur en matière de réalité augmentée. Mais les gorilles ont décidé de s’humaniser, pour de vrai. Ils sont en chair et en noce.

José Tippenhauer/mcc

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