Montréal, refuge des musiciens syriens

En début d’année, le conseil municipal de Montréal a adopté à l’unanimité une déclaration désignant Montréal ville refuge.

Les frères Shanwar, Lusian et Naeem, sont arrivés à Montréal il y a quelques semaines seulement. Lusian n’a pas 30 ans, il parle déjà un peu le français, la musique pour lui n’est qu’un divertissement. Naeem, son grand frère, est un tout petit peu plus âgé, il est lui un virtuose du qanun, un instrument à cordes pincées. Il ne parle qu’arabe. Il a encore dans le regard le chemin parcouru.

"Je ne suis pas un réfugié, je suis un migrant"

"Nous venons de Homs. Nous sommes chrétiens. J’ai dû partir pour le Liban où j’ai poursuivi ma formation musicale. J’espère pouvoir rentrer un jour au pays. Je ne suis pas un réfugié. Je suis un migrant." Naeem, grâce à son oncle qui l’a accueilli, vit de manière relativement confortable son installation. Il ne veut parler ni de la guerre, ni de politique. Quand il joue, il y a des siècles de culture qui bruissent.

>> A voir Naeem Shanwar :

Nazih Borish, lui, débarque dans sa voiture enfumée. Il a une trentaine d’années. Il vient de Latika, au bord de la mer. Cela fait plus d’un an qu’il est arrivé à Montréal, il parle essentiellement anglais. Encore davantage que les frères Shanwar, Nazih refuse de parler du pays. Il y a la peur, il y a l’oubli : "Je préfère vous raconter tout cela en musique." Il sort un luth oud, un instrument dont il est un virtuose. On décèle du flamenco, du blues, de la musique indienne.

J’ai forgé mon style au fil du temps. Il y a de multiples influences dans mon jeu. On peut dire que je suis à moitié Syrien à moitié Canadien!

>> A voir Nazih Borish :

Nazih joue avec nombre de groupes locaux, dans des styles multiples. Il y a, dans ce refuge nord-américain, une promesse et une mélancolie infinies. Que sa musique porte.

Arnaud Robert/mcc

_{>>  Cette chronique a été diffusée dans l'émission Paradiso, sur La Première, le 18 août.}