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Régis, l’obscur pyromane

Régis en concert au Club Tent. [Paléo - Lionel Flusin]
Régis en concert au Club Tent à Paléo. - [Paléo - Lionel Flusin]
On le présente comme la relève de la musique romande. Courte rencontre avec Régis, en concert au Club Tent de Paléo samedi soir.

A cause des Nuls, on a l’impression que tous les Régis sont des cons. Pourtant celui-ci fait plutôt dans le côté intello, obscur et ténébreux, voire insaisissable. C’est d’ailleurs à travers les paroles d’une de ses chansons, "Vague", qu’il se décrit sur son site internet:

"Brutale et sans mobile

Une déferlante de fonds hostiles

Glacée, née des abysses

Lame dans la brume, esquisse

La vague que je suis oscille

Dans le creux de moi-même je vacille

Me joue des courants mais glisse

Me brise en mille Régis"

Régis, en vrai, c’est Julien Reginato. Son nom de scène, il le tient de la déformation de son nom de famille. Même si, assure-t-il, "c’est aussi un très beau prénom".

Le projet se fonde il y a un peu plus d’un an grâce à Cheptel Records, label genevois autour duquel gravitent tous les musiciens de Régis. Une "petite famille", si l’on en croit le leader du groupe.

>> À voir: l'interview de Régis et extrait de son concert au Club Tent et de son showcase au Cosmo :

Régis, interview et concert au Paléo 2017
Régis, interview et concert au Paléo 2017 / RTSculture / 1 min. / le 23 juillet 2017

Quant à sa musique, si lui-même évoque des influences du côté de Joy Division, Nirvana, Motörhead, Alain Bashung ou Gainsbourg (le joli mélange!), le fait est qu’elle n’est semblable à rien ni personne, tout en évoquant à l’auditeur attentif une multitude de souvenirs indéfinis.

Le tout pour porter des textes en français, du registre de la poésie parfois opaque, "des collages surréalistes", pour reprendre ses propres mots - qu’il chante d’une voix grave et suave, parfois dos au public et souvent interrompu par des cris inarticulés, comme poussé par une impulsion irrésistible.

Une image soignée et toujours en noir et blanc... [Régis]

Parce que Régis, finalement, c’est surtout un personnage. Un peu absurde, comme sorti de nulle part - bien qu’on lui connaisse un passé punk dans le quartier genevois du Lignon - et plutôt inattendu - par exemple lorsqu’après un final psychédélique ponctué de cris bestiaux, il demande au public du Club Tent: "ça va les p’tits loups?".

Et quand, dans les dernières minutes du concert, il s’allume nonchalamment une cigarette pendant que son micro prend feu (oui, pour de vrai), il devient évident que le choix qui s’impose est binaire: soit on l’adore, soit on le hait - mais dans tous les cas, avec une certaine classe.

Séverine Chave

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