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Juliette Armanet, effusion de chansons sentimentales au Montreux Jazz

La chanteuse française Juliette Armanet. [Universal Music France - Alberic Jouzeau]
La prometteuse chanteuse française Juliette Armanet. - [Universal Music France - Alberic Jouzeau]
Une échappatoire? A l’enseigne des concerts d’"Out of the Box", le Montreux Jazz Festival accentue ses pas de côté au cœur d’une programmation déjà touffue. Lundi soir, les chansons de Juliette Armanet et Albin de Simone ont aimanté.

A deux pas de ses trois salles amirales payantes du centre des congrès 2M2C et de ses satellites gratuits, le fameux palace de la Riviera vaudoise joue les hôtes de luxe supplémentaires au côté de l’abbaye de Saint-Maurice, en sus du château de Chillon et l’hôtel des Trois Couronnes à Vevey. Moquette, chaises matelassée, moulures sur plafond haut, grands miroirs aux cadres dorés latéraux attendent le spectateur mis à son aise dans une salle de réception longiligne du premier étage.

Ambiance Victoria Hall ou Jazz Club, selon le point de vue. Lundi soir, la tonalité des lieux était à la chanson, douce ou mélancolique, sentimentale ou délurée, avec la prometteuse Juliette Armanet et le confirmé Albin de la Simone.

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Une option plutôt rare au sein de la programmation montreusienne, en dehors des concerts hommages à Vian ou de Benjamin Biolay en cette 51e édition. Mais un pari payant même si détonnant, malgré quelques couacs organisationnels et flous artistiques à l’entrée en début de soirée.

Coeur meurtri

Sur scène en revanche, la clarté ne fait aucun doute. La chanteuse et pianiste française Juliette Armanet a le verbe franc et parvient à briser l’ambiance feutrée, de circonstances au vu du cadre intimidant.  Elle se "la joue mélo" d’abord, "en solo je prends l’eau des matelots (…) Où est tu mon alter, où es-tu mon ego ? (…) Je traverse le désert en solitaire" ("L’Amour en solitaire"). Puis de se faire à la fois chagrine et perfide, prêtant le flanc à l’autoflagellation de son cœur meurtri via son fameux "Alexandre":

T'es mon blasphème Ma plus belle insomnie Mais te dire je t'aime, je sais M'est interdit T'as beau être odieux Tu es mon dieu

Juliette Armanet, "Alexandre"

Deux extraits qui résument bien la tonalité de "Petite amie", premier album de cette jeune femme plus du tout en fleurs, dont la voix de 33 ans cite le "Foule sentimentale" de Souchon et évoque de façon troublante Véronique Sanson. Et aussi William Sheller, l’un de ses autres dieux musicaux, quand elle emprunte pour un clin d’œil appuyé l’air de son refrain "Un homme heureux" dans ce "Cavalier seule" joué à Montreux.

Érotisé ou passionné

Tour à tour malicieuse et provocatrice, séductrice et sarcastique, Juliette Armanet aimante sans forcer, réorchestrant seule au piano avec plume et autorité ses influences, qu’elle mêle à des mélodies pop et électroniques plus dansantes sur disque. Jusqu’à cette reprise désossée de l'electro et du vocoder de The Weeknd, "I Feel it coming", qu’elle qualifie de "olé olé". "Je te sens venir (…) sans détour j’aimerais faire l’amour tout le jour".

La température monte d’un cran, des briquets épars s’allument. La lumière s’éteint avant un rappel ("L’indien") un brin moins érotisé mais toujours passionné. Des airs peu farouches, pour une belle découverte scénique, qu'Albin de la Simone a quant à lui prolongé tout en dentelles pop romantiques.

Olivier Horner

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