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Le mythique "Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band" des Beatles a 50 ans

La pochette de l'album "Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band" des Beatles. [Apple Corps Ltd]
Sgt. Pepperʹs Lonely Hearts Club Band: 50 ans! / Nectar / 53 min. / le 30 mai 2017
"Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band", huitième album aussi révolutionnaire que mythique des Beatles, fête son demi-siècle. Célébré par la critique et plébiscité par le public, il symbolise le passage du rock à l’âge adulte.

Au moment où les Beatles entrent en studio, en novembre 1966, le quatuor de Liverpool vit une petite crise. Les voyages harassants, l’hystérie du public et les conditions chaotiques des concerts ont raison de leur enthousiasme sur scène. Ils prennent une décision inouïe pour l’époque : tourner le dos aux concerts, pour toujours.

De ce renoncement naît "Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band" publié le 1er juin 1967, fruit de quatre mois de travail en studio, à l’abri du monde, pour 32 millions d’exemplaires vendus. Pour le groupe, c’est un nouveau départ. Le disque recèle quelques-uns des plus beaux titres des Beatles: la chanson titre bien sûr, mais aussi "Lucy in the Sky with Diamonds", "With a Little Help from my Friends" ou le phénoménal "A Day in the Life", qui fait appel à un orchestre symphonique, effaçant d’un coup les frontières entre le rock et la musique classique.

Le rock n’est plus une mode passagère pour les ados, il devient art à part entière. L’album, contrairement à l’habitude de l’époque qui privilégiait le format 45 tours, n’est pas un bout-à-bout aléatoire de morceaux déconnectés les uns des autres. C’est une œuvre cohérente avec un début et une fin. Et aussi un concept unique: les Beatles ont pris provisoirement l’apparence d’un groupe fictif, le très edwardien et psychédélique Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band.

>> A voir: La pochette culte des Beatles dans le 19h30 :

La chronique photo: la pochette mythique des Beatles
La chronique photo: la pochette mythique des Beatles / 19h30 / 2 min. / le 31 mai 2017

Expérimentations révolutionnaires

"Sgt. Pepper’s" propose des expérimentations insolites et révolutionnaires: voix déformées, instruments ralentis ou accélérés, bandes magnétiques découpées et recollées de façon aléatoire. Le studio n’est plus le lieu où l’on enregistre la musique. C’est celui où elle s’invente et se crée. "C’était totalement révolutionnaire, se souvient Geoff Emerick, très jeune ingénieur du son des Beatles en 1967. Personne n’avait expérimenté à ce degré. Je me souviens qu’il y avait parfois d’autres groupes qui travaillaient en même temps que nous à Abbey Road. Les Beatles leur demandaient de venir écouter un ou deux enregistrements. C’était incroyable, ils n’avaient jamais entendu de chose pareille de toute leur vie."

Réédition honteuse?

Enregistré en mono sur un magnétophone à 4 pistes, "Sgt. Pepper’s" vient de ressortir dans une version stéréo remixée par Giles Martin, fils du légendaire producteur George Martin. Cette édition du 50e anniversaire agace profondément Geoff Emerick, ingénieur du son de cet album emblématique: "Cela rapporte sans doute beaucoup d’argent à la maison de disques et aux Beatles mais c’est une honte".

Je suis assez dégoûté. Quelqu’un aurait-il l’idée de repeindre La Joconde ? Eh bien, c’est ce qui passe avec "Sgt. Pepper’s".

Geoff Emerick, ingénieur du son de "Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band"

Tous ne partagent pas son sentiment: le magazine Rolling Stone, qui a mis "Sgt. Pepper’s" au premier rang de son classement des meilleurs albums de tous les temps, écrit de la nouvelle version que le disque "respecte les intentions de l’original en mono". Et que c’est ainsi "que le disque doit être entendu".

Mathieu Truffer/olhor

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