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Electro et musique orientale, le mix gagnant d'Acid Arab

Acid Arab. [DR - Pierre Emmanuel Rastoin]
Musique: LʹOrient vire techno avec Acid Arab / Vertigo / 8 min. / le 1 décembre 2016
Le groupe français Acid Arab est en concert vendredi 2 décembre 2016 au Fri-Son, à Fribourg. Comme son nom le laisse entendre, ces musiciens télescopent tradition arabe et sonorités électroniques ou acid. Interview.

L’album en question s’intitule "Musique de France" et c’est un vrai manifeste dans le contexte politique actuel hexagonal. Ce disque bourdonnant et protéiforme réunit un vaste panel de chanteurs et musiciens issus de tout le bassin méditerranéen, notamment de Turquie, de Syrie, d’Algérie et d’Israël.

Ces artistes posent leur voix ou font dialoguer leur instrument sur des compositions électroniques très diverses. Cela va de la techno carrée à de l’industriel atmosphérique. Derrière Acid Arab, on retrouve à l’origine deux DJ's, Guido Minisky et Hervé Carvalho.

Plus de vingt ans de mélanges

Le concept musical leur est venu en 2012 lors d’une date à Djerba, en Tunisie. Les deux leaders improvisent un set en ping pong en intégrant des vinyles de pop électronique orientale. L’effet est immédiat. A leur retour, ils peaufinent le concept, sortent leurs premières compilations et organisent des soirées labellisées Acid Arab. Sur scène, le duo se transforme en quatuor: un batteur et un musicien-producteur les rejoignent, apportant une énergie et un dynamisme supplémentaire à leur maelström rythmique.

Le mélange de musique électronique et de sonorités arabes n’est pas neuf. Depuis plus de 20 ans, la plupart des productions pop arabes sont dopées par des rythmiques ou des effets synthétiques cheap. Ce choix musical s’explique en partie par le manque de moyens. Un orgue électronique peut aisément remplacer tout un orchestre. L’autre facteur, c’est le vernis de modernité qu’apportent les instrumentations électroniques clinquantes.

L’Orient entre en transe

Au Liban, des groupes comme The Soapkills ou Lumi mêlent dès la fin des années 90 pop, sonorités électroniques et tradition arabe. Quelques années plus tard, sur la place Tahrir, la jeunesse égyptienne manifeste sur fond d’electro chaabi, mélange de musique populaire arabe et d’électro galopante. Un mélange décalé qu’incarne à sa manière le Syrien Omar Souleyman, une des principales figures de la pop arabe actuelle.

Aujourd’hui installé en Turquie, le chanteur a travaillé avec Four Tet, un DJ et producteur majeur de la scène électronique. Acid Arab ne s’est pas trompé en invitant Rizan Saïd, le claviériste et compositeur d’Omar Souleyman, à participer à son album "Musique de France ".

Michel Masserey/olhor

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