Les festivals de musiques expérimentales ne sont pas légion en Suisse romande. Si il y a bien le LUFF (Lausanne Underground Film Festival) en octobre ou le festival Ear We Are à Bienne en février, il y a surtout le Festival Akouphène qui déroule cette année à Genève sa 22e édition.
L'espace de trois soirées à la cave12, Akouphène propose "un goût assumé pour lʹésotérisme acoustique et ses rituels multiples dont la minutie des gestes libère la matière de ses sons les plus curieux". Le Festival indique ainsi sur son site qu'il veut remplir "nos oreilles de joie pour se souvenir que l'écoute est une magie avant tout, qui tient lieu de chemin le plus direct qui soit vers cette lumière si particulière, celle des vibrations qui savent rendre nos corps à leur état d'instrument pour nous transformer en auditeurs et auditrices au sens le plus total".
Les corps qui deviennent instruments grâce aux vibrations, une belle image qui résume bien l'idée même d'Akouphène: proposer une sorte de voyage aux multiples couleurs. "Ces musiques expérimentales ou de recherche, on peut les appréhender de multiples manières. Cette année, l'éclairage qu'on leur donne, c'est de parler d'ésotérisme acoustique. C'est finalement simplement une manière de marquer le fait que les concerts ou les performances proposées peuvent paraître un peu ésotériques ou mystérieux. (...) Il y a quelque chose d'assez merveilleux dans le fait de voir comment des artistes s'emparent de questions sonores en venant de directions vraiment très différentes pour converger vers une sorte de célébration de ce que l'on peut faire avec du son", raconte dans l'émission Musique Matin du 27 novembre Antoine Läng, co-programmateur du Festival.
L'exploration des nouvelles lutheries
Akouphène explore également cette année le terrain des nouvelles lutheries. Le deuxième jour du Festival, le public pourra découvrir des installations de nouveaux instruments inventés, mais aussi des instruments traditionnels revisités. Une tradition revue et un regain d'intérêt pour les musiques anciennes sont très présents dans la musique expérimentale. Il en résulte des projets qui mélangent les instruments anciens avec des préoccupations très contemporaines, à l'instar du duo Lise Barkas et Yann Leguay qui mixe cornemuse, musique électronique et oscillateur (samedi 30 novembre).
Le même jour, le public pourra aussi découvrir le "Pivophone" de Jen Morris, découvert pour la première fois sur les ondes d'Espace 2 lors de l'Anniversaire de l'Art en 2019. "C'est un dispositif assez simple qui s'articule autour d'une pive qui tournoie. C'est un projet assez évolutif. Depuis, Jen Morris en a proposé plusieurs versions. Là, elle est dans cette continuité autour du développement de cet instrument", souligne Antoine Läng.
Enfin, dimanche 1er décembre, l'interprétation de l'oeuvre "Exploratory" (2019) du compositeur Phil Niblock dans une version inédite par les accordéonistes Jonas Kocher, Hannes Lingens et Ben Richter produira des phénomènes acoustiques impossibles à anticiper ou à reproduire dans d'autres contextes. Une musique très physique et profondément émotionnelle.
Propos recueillis par Anne Gillot
Adaptation web: ld
Festival Akouphène, cave12, Genève, du 29 novembre au 1er décembre 2024.