Riopy, le piano comme une catharsis et un épanouissement
Riopy, Jean-Philippe Riopy de son vrai nom, est devenu à 39 ans l’un des plus grands phénomènes musicaux actuels. Ce pianiste et compositeur franco-britannique autodidacte, encore inconnu il y a peu dans son pays natal en France, est resté pendant cinq semaines en tête du classement des meilleurs disques classiques aux Etats-Unis avec son album "Tree of Light", ou "arbre de lumière", sorti en 2019.
Ses morceaux sont aussi massivement streamés, avec plus de 600 millions d’écoutes. Le pianiste a cependant dû affronter des épreuves difficiles avant de connaître le succès.
Un piano salvateur
La pochette de l'album de Riopy, "Thrive". [DR - Warner Music Group]
Riopy grandit dans une secte en France avec ses quatre frères et sœurs. Victime de violences, il y est coupé du monde. Son seul salut est un piano abandonné auquel il s’accroche. "Lorsque j’ai touché le piano pour la première fois, je me souviens avoir eu la sensation d’une goutte d’eau qui tombe sur la mer comme une bombe atomique!", se souvient Riopy, interrogé par la RTS.
Il s'enfuit à 18 ans, laissant derrière lui sa famille et une jeunesse traumatisante. Après de brefs séjours à Paris et à Los Angeles, un concours de circonstances le conduit au Royaume-Uni, où il devient vendeur de pianos. Un philanthrope l’entend jouer et décide de financer ses études de musique contemporaine à Oxford. C’est ainsi que commence la carrière de pianiste de Riopy.
Sa musique au style cinématographique séduit. Le jeune pianiste compose d’abord pour la publicité et joue lors d'un dîner organisé par le magazine Vanity Fair à Londres. Chris Martin, le chanteur et pianiste de Coldplay, est présent. Conquis par le jeu de Riopy, il lui offre un piano.
"Thrive", un album épanoui
Aujourd’hui, Riopy s’apprête à sortir en avril son quatrième album, "Thrive" ou "s’épanouir". Un titre reflétant son état d’esprit: "C'est 90% de bonheur et 10% de traumatisme qu’il me reste à régler, précise le musicien, qui se passionne aussi pour les neurosciences. La musique m’a sauvé la vie une première fois. Puis jusqu'en 2012 ou en 2013, j'avais mon appartement, mon piano et je gagnais ma vie, mais j'étais toujours dépressif et suicidaire." Pour apprivoiser ses maux, il décide alors d’étudier les neurosciences et la science du cerveau et achète même un casque électro-encéphalogramme.
>> À regarder: le clip de "Nocturne"
L’album "Thrive" est inspiré de chefs-d’œuvre classiques retravaillés par Riopy. Deux accords des "Gymnopédies" du compositeur et pianiste Erik Satie l’inspirent: "À chaque fois que je les entendais, un monde se créait dans ma tête. Je suis parti de cela pour écrire l’album. Le procédé était long, cela m’a pris presque deux ans."
Quant au premier morceau "Nocturne", il s’inspire des œuvres de Frédéric Chopin. "Il y a un côté très cathartique, ajoute Riopy. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir du talent, mais plutôt d’être une espèce de catalyseur. La source passe par moi et je la digère. J’ai la chance d’avoir vécu une expérience difficile au début de ma vie. Je le vois comme une opportunité. Je prends tout cela et je le transforme en musique."
Propos recueillis par Julie Evard
Adaptation web: Myriam Semaani
Riopy en concert le 2 mars à l’Alhambra, Genève, et au Kaufleuten, Zurich, le 16 mars.
"Thrive" (Warner Music), album à paraître le 14 avril.