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"Thriller" de Michael Jackson, les quarante ans d'une révolution pop

L'album "Thriller" de Michael Jackson fête ses 40 ans. C'est le plus grand succès de l'histoire de la musique pop
L'album "Thriller" de Michael Jackson fête ses 40 ans. C'est le plus grand succès de l'histoire de la musique pop / 19h30 / 2 min. / le 20 novembre 2022
Un duo avec Paul McCartney ou la guitare hard rock d'Eddie Van Halen figurent sur l'album "Thriller". Avec ce disque, le plus vendu de tous les temps, Michael Jackson a sculpté il y a quarante ans une pop hybride devenue la norme depuis. Un album enrichi d'inédits célèbre cet anniversaire.

Ecoulé à "plus de 100 millions" d'exemplaires selon la maison de disques Sony et les légataires de l'artiste disparu en 2009, "Thriller" sort le 30 novembre 1982. Et consacre Michael Jackson comme le "King of pop". L'image de la mégastar n'est plus la même quarante ans après, sauf pour ses fans. Un documentaire récent, contesté par ses héritiers, a relancé les accusations de pédocriminalité, démenties de son vivant par le chanteur, qui n'a jamais été condamné pour de tels faits.

"Thriller" n'en demeure pas moins un marqueur de l'histoire musicale. "Dawn FM", album de la machine à tubes The Weeknd, sorti début 2022, s'en inspire clairement. "Michael est quelqu'un que j'admire. Ce n'est pas une personne réelle, vous voyez? Quand j'ai commencé la musique, c'est à ça que j'aspirais", confie d'ailleurs le Canadien à la revue GQ.

Le côté mille-feuilles sonore de "Thriller" doit beaucoup à l'association entre Michael Jackson et Quincy Jones, producteur de légende recruté sur son précédent disque ("Off The Wall", 1979).

Enceintes en feu

Le chanteur appelle initialement Quincy Jones pour son carnet d'adresses afin de trouver un producteur. Mais "Q", comme le surnomme Frank Sinatra, se propose. "Quincy, dont ne voulait pas la maison de disques pour 'Off The Wall', qui voit d'un mauvais oeil ce producteur venu du jazz, cette musique 'qui ne vend pas une cacahuète', comme on dit à l'époque dans l'industrie musicale", raconte à l'AFP le Français Olivier Cachin, auteur des livres "Michael Jackson, Pop Life" et "Michael Jackson, métamorphoses musicales".

La collaboration entre Jones et Jackson, tous deux co-producteurs de "Thriller", fera pourtant des étincelles. Au propre comme au figuré. Pour le titre "Beat It", "on a travaillé cinq jours et nuits d'affilée sans dormir. A tel point qu'à un moment, les enceintes du studio ont surchauffé et pris feu", se souvient Quincy Jones dans le magazine Rolling Stone. Sur ce morceau, il y a le guitariste de Toto, Steve Lukather, écrasé par le solo d'Eddie Van Halen. On trouve donc une pincée de hard rock sur "Thriller", mais aussi Paul McCartney en duo pour la bluette "The Girl Is Mine".

Une photo datant de 1983 montrant Paul McCartney et Michael Jackson. [AFP]

On entend aussi une rythmique rap sur "Wanna Be Startin' Somethin'". Sans parler du sample - sans autorisation - sur ce même morceau de "Soul Makossa". Son créateur, le saxophoniste Manu Dibango, figure de l'afro-jazz, intentera une série de procès pour plagiat, soldée par un arrangement financier.

Morts-vivants

Le disque, neuf titres à l'origine, se prolonge par des clips en 1983. Mais la nouvelle chaîne musicale MTV, qui programme du rock joué par des artistes blancs, refuse de diffuser celui de "Billie Jean". Le patron du label de Jackson, Walter Yetnikoff, "menace alors MTV de les dénoncer publiquement comme des gros racistes et de leur bloquer l'accès aux clips des artistes de rock de son catalogue", rappelle Olivier Cachin. La bataille est gagnée.

Yetnikoff se braque ensuite quand Jackson propose pour fin 1983 un clip de près de 14 minutes pour le morceau "Thriller", réalisé par John Landis, le réalisateur des "Blues Brothers", dont il aime le film "Le loup-garou de Londres". "Yetnikoff ne voit pas pourquoi dépenser près d'un million de dollars - du jamais-vu pour un clip - alors que l'album est déjà N°1 (des charts), mais Michael a une vision, est têtu", rembobine le journaliste Olivier Cachin.

Le mini-film est présenté en avant-première dans un cinéma de Los Angeles devant un parterre de stars. On y voit Jackson se transformer en loup-garou dans un prologue de quatre minutes avant que la chanson ne commence. Puis des morts-vivants sortent de leurs tombes, sur une voix-off de Vincent Price, acteur culte du cinéma d'épouvante des années 1950-60. "Thriller" vient d'accoucher d'une autre révolution entre musique pop et film horrifique.

ats/ld

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"Thriller 40", un best of dans les coulisses

Pour fêter les quarante ans de "Thriller", l'édition spéciale "Thriller 40th Anniversary" regorge d'inédits et plonge les auditeurs et auditrices dans les coulisses de l'enregistrement de l'album à travers les premières versions de ses chansons.

La pochette de l'album "Thriller 40", réédition des 40 ans de l'album "Thriller" de Michael Jackson. [Sony Music Entertainment]

Quincy Jones et Michael Jackson ont travaillé sur plusieurs dizaines de chansons avant de n'en retenir que neuf pour figurer sur l'album "Thriller". Le best of propose de nombreux enregistrements et démos de ces chansons n'ayant pas été retenues, la plupart pourtant complètes.

En 2008, des artistes en vogue du moment ont ré-enregistré certaines chansons de l'album en duo avec le chanteur pop, notamment Fergie ("Beat It"), Akon ("Wanna Be Startin' Somethin'") et Will.I.Am. ("P.Y.T", "The Girl is Mine"). Ces versions sont également disponibles dans l'édition spéciale.

Enfin, "Starlight", une version alternative de la chanson "Thriller" avec des paroles différentes est aussi à découvrir.

Parmi les moments intéressants de cette édition anniversaire figure une démo 'maison' de "Billie Jean" datant de 1981, soit deux ans avant la sortie de la chanson. On entend Michael Jackson chanter des paroles différentes pour les couplets tout en fredonnant certains passages encore incertains. En revanche, le refrain est déjà fixé.

Une démo a capella de la chanson "Beat It" est également disponible. Dans cet enregistrement, Michael Jackson parle: "Voici les harmonies vocales sur les refrains de 'Beat It'. Je vais faire les couplets, puis les refrains." Il aligne ensuite, un à un, uniquement avec sa voix, tous les éléments et les mélodies nécessaires, rythme en beatbox compris.

Myriam Semaani