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Sur "Bivouac", la montagne gagne les airs de la violoncelliste Sara Oswald

La violoncelliste vaudoise Sara Oswald. [DR - Patrice Moret]
Sur "Bivouac", la montagne gagne les airs de Sara Oswald / Vertigo / 9 min. / le 14 octobre 2022
La musicienne vaudoise promène son violoncelle au grand air dans "Bivouac". Sur son premier album solo, Sara Oswald livre treize titres essentiellement instrumentaux inspirés par son amour et sa fascination de la montagne.

C’est enfin le grand saut pour Sara Oswald. Après des collaborations avec les Young Gods, Sophie Hunger ou Pascal Oberson, après une multitude de concerts proposés via Skype durant la pandémie, la violoncelliste qui a fondé le quatuor Barbouze de chez Fior s’offre ses premiers frissons solitaires en studio.

Avec "Bivouac", elle célèbre la puissance sauvage de la nature alpine à travers un répertoire essentiellement instrumental, où les ambiances cinématographiques côtoient les climats plus naturalistes, où la violence cohabite avec la douceur, les orages avec les éclaircies sonores.

Humeurs orchestrales impressionnistes

"La montagne fait complètement partie de ma vie, j'habite d'ailleurs en montagne. J'ai l'impression qu'elle a donc beaucoup d'influence sur ma manière de composer la musique, de la penser et aussi par rapport aux images que je me fais en écoutant cette musique. Ce thème s'est imposé de manière assez naturelle parce qu'il vibre totalement avec ce que j'ai envie de refléter de ma musique. Et pour moi le bivouac est un lieu éphémère, où l'on se sent bien, où l'on va se poser pour digérer la marche qu'on a faite ou celle qui nous attend le lendemain. J'aime cette idée de chaleur du bivouac, de lieu de ressource", détaille Sara Oswald.

Elle parsème ici toujours ses humeurs orchestrales impressionnistes d’intentions mélodiques pop assez claires et se permet même un chant en islandais qui évoque des paysages éclaboussés de geysers. Les bivouacs de Sara Oswald se font ainsi ici en tout temps et en toutes circonstances. "En vivant à la montagne, en étant imprégnée de la puissance du minéral, les grands espaces constituent une source d'inspiration directe pour ma musique très cinématographique", estime Sara Oswald pour qui la marche allège les pensées et suscite souvent des idées sonores qu'elle répertorie dans son smartphone.

Voyage sur des chemins escarpés

Dans cet album, les titres des morceaux prennent ainsi des allures de voyage sur des chemins escarpés, qui passent par "Autrans", une commune dans le Vercors, "Jökull", glacier en islandais, ou directement l'"Islande". Pour étoffer ses paysages sonores, Sara Oswald a aussi choisi de jouer du piano électrique ou de l'organelle pour explorer les harmonies, de convier Franz Treichler (The Young Gods) et le batteur jazz Julian Sartorius à deux de ses "bivouacs", ainsi que d'injecter quelques pulsations électroniques sur "Disco Squelette".

Autant de reliefs, de couleurs et de nuances qui participent de la réussite de cette entrée en matière discographique de Sara Oswald et gomment l'a priori solennel et monochrome qu'on pourrait conférer à un album de violoncelliste.

Olivier Horner

Sara Oswald, "Bivouac" (Irascible Music).

Sara Oswald en concert à l’Usine à gaz, Nyon, le 28 octobre; La Spirale, Fribourg, le 19 novembre.

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