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Pharoah Sanders, grand prêtre du jazz mystique, est mort à 81 ans

Pharoah Sanders. [afp - Torben Christensen]
Pharoah Sanders, grand prêtre du jazz mystique, est mort à 81 ans / Le Journal horaire / 15 sec. / le 24 septembre 2022
Pharoah Sanders, l'une des figures les plus créatives du jazz, qui avait embrassé l'influence des musiques africaine et indienne, est mort samedi à 81 ans, a annoncé son label.

"Nous sommes anéantis d'annoncer que Pharoah Sanders s'est éteint. Il est mort paisiblement, entouré de membres de sa famille et d'amis aimants à Los Angeles", a indiqué le label Luaka Bop dans un communiqué.

Pharoah Sanders avait exploré le saxophone jusqu'aux confins de son timbre, puisant dans les traditions orientales, indiennes et africaines pour transformer sa musique en expérience mystique.

Avec ses saxophones qu'il malmenait, usant des embouchures par centaines à force de les ronger, criant dans le pavillon de ses instruments ou les faisant vibrer sous la puissance de son souffle continu, il a élargi encore davantage les horizons du free jazz, mouvement né à la fin des années 1950 qui a libéré les improvisations des contraintes harmoniques.

Héritier de John Coltrane

Pharoah Sanders est considéré comme l'un des héritiers du grand John Coltrane, mort prématurément en 1967, et dont il avait signé quelques solos agressifs dans le dernier album "Live in Japan", sorti de manière posthume en 1973.

Mais Sanders, qui jouait également de l'alto et du saxophone soprano, ne faisait pas l'unanimité et n'a jamais atteint la popularité de Coltrane ou d'Ornette Coleman, qui voyait pourtant en lui "probablement le meilleur joueur de saxophone ténor au monde".

Un emblématique morceau de 33 minutes

Le son qu'il produisait, évoluant entre stridence et volupté, l'a consacré comme l'un des maîtres du jazz spirituel. Ce courant, au sortir des sixties, voulait rassembler les sociétés divisées par les tensions raciales, sociales et politiques sur une terre sonore où l'on prêcherait paix et bonheur pour tous dans un joyeux syncrétisme religieux.

Son emblématique "The Creator has a master plan", morceau de près de 33 minutes tiré de son album "Karma" (1969), en est devenu l'un des hymnes: on l'y entend et on l'y voit entrer dans une transe où il semble exorciser ses démons avant d'atteindre une forme d'extase.

afp/boi

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