Publié

Bear McCreary forge la musique des "Anneaux de pouvoir"

L'affiche de la nouvelle série "Le Seigneur des anneaux: les anneaux de pouvoir". [Amazon Prime/WarnerBros/HarperCollins]
Bear McCreary forge la musique des "Anneaux de pouvoir" / L'Actu Musique / 10 min. / le 23 septembre 2022
Impossible d’échapper au phénomène récent de la nouvelle série télévisée "Les anneaux de pouvoir" inspirée des écrits de J.R.R. Tolkien. Les moyens investis sont considérables, et cela se ressent aussi au niveau de l'ambitieuse bande originale signée par l’Américain Bear McCreary.

Depuis les adaptations au cinéma du "Seigneur des anneaux" et du "Hobbit" par Peter Jackson, l’univers de l’écrivain britannique J.R.R. Tolkien continue de faire recette.

Les moyens investis sur la nouvelle série "Les anneaux de pouvoir" par la plateforme Amazon Prime sont considérables, et cela se ressent jusque dans la bande originale; on aura rarement entendu pareille ambition musicale sur le petit écran. Il fallait donc un compositeur avec les épaules solides pour un tel projet. Et c'est l’Américain Bear McCreary qui a été enrôlé.

>> A lire aussi : La série "Les anneaux de pouvoir" s'installe au coeur de la Terre du Milieu

Si le générique des "Anneaux de pouvoir" est signé par le compositeur canadien Howard Shore, à qui l'on doit la B.O. marquante et récompensée par trois Oscars de la trilogie du "Seigneur des anneaux" réalisée par Peter Jackson il y a vingt ans, tout le reste de la composition musicale revient au compositeur Bear McCreary.

La carrière de Bear McCreary a explosé

Quadragénaire né à Los Angeles, McCreary démarre sa carrière de compositeur à la télévision sous les meilleurs auspices, en signant en 2004 la musique de "Battlestar Galactica", remake audacieux d’une série de science-fiction kitsch des années 1970 qui va être salué pour l’originalité de ses choix esthétiques et narratifs. Les compositions, elles, sont remarquées parce qu’elles s’éloignent des poncifs musicaux que l’on associe généralement à la science-fiction. Bear McCreary écrit une bande originale riche de percussions tribales, d’instruments orientaux et de musique minimaliste empruntée à Philip Glass.

Depuis, la carrière de Bear McCreary a explosé, à la télévision surtout, avec une spécialisation dans les genres du fantastique et de la science-fiction. Après "Battlestar Galactica", il y a eu notamment "The Walking Dead", "Outlander" et, plus récemment, les séries "See" et "Fondation". On entend ainsi la musique de McCreary dans des centaines d’épisodes, des dizaines de films et quelques jeux vidéo. Autant dire qu’il avait la notoriété et le calibre pour écrire les neuf heures de musique de la première saison des "Anneaux du pouvoir".

Le travail de Bear McCreary prolonge le modèle développé par Howard Shore: une écriture ample, héroïque, taillée pour la mythologie, les décors majestueux, les créatures étranges et les batailles épiques du monde de Tolkien. Comme dans les films de Peter Jackson, la partition est émaillée d'une large palette de mélodies et de leitmotivs pour les nouveaux personnages et contrées de cette série. On parle d’une quinzaine de thèmes différents rien que pour la première saison.

L'identité musicale du "Seigneur des anneaux" respectée

Bear McCreary recourt également à une écriture chorale particulièrement développée, qui fonctionne comme un commentaire de l’action. Cette place importante laissée au chant rappelle l’abondance de langages inventés de toutes pièces dans les romans par Tolkien.

L'identité musicale du "Seigneur des anneaux" est respectée à la lettre par Bear McCreary, qui établit une continuité parfaite avec les bandes originales des films de Peter Jackson, tout en élargissant leur univers musical. On peut apprécier ce travail titanesque chaque semaine, avec un album mis en ligne au moment de la sortie d'un nouvel épisode, ce qui permet d’écouter la totalité des compositions produites pour la série.

>> A lire aussi notre grand format : "Le seigneur des Anneaux", la trilogie mythique de Peter Jackson

Un bémol, peut-être: comme dans les trilogies, on frôle parfois l’indigestion, tant la musique est riche et appuie constamment l’action et les dialogues, sans se ménager des temps de respiration afin de laisser les images parler d’elles-mêmes.

Cette réserve mise à part, le tour de force de Bear McCreary est impressionnant: la palette mélodique est mémorable, tandis que la qualité de la composition et l’intensité dramatique demeurent constantes, en dépit de quelques longueurs.

Sujet radio: Pascal Knoerr

Adaptation web: olhor

Publié