Publié

"Tout peut arriver", la drôle de remise en question du rappeur Roméo Elvis

Roméo Elvis. [Straussphere]
L'invité: Roméo Elvis, "Tout peut arriver" / Vertigo / 35 min. / le 2 juin 2022
Trois ans après le succès de "Chocolat" et près de deux ans après des accusations d'agression sexuelle, Roméo Elvis est de retour avec "Tout peut arriver". Un troisième album au fil duquel le rappeur belge de 29 ans se remet fréquemment en question avec beaucoup d'autodérision.

A 29 ans, Roméo Elvis est désormais l'un des fers de lance du rap belge. Grâce au succès de "Chocolat" voilà trois ans notamment, le frère de la chanteuse Angèle est devenu l'une des voix de baryton incontournable de la scène hip-hop francophone.

Son flow hypnotique et ses textes caustiques pleins d'autodérision resurgissent aujourd'hui au fil des seize titres de "Tout peut arriver", produit entre autres par le Français Myd. "Ce titre d'album vient d'un terme que j'utilise énormément et que je mets en dualité avec le terme 'rien n'est grave'. J'aime bien trouver une complémentarité dans l'un et l'autre", explique à la RTS Roméo Elvis.

"Mes chansons doivent être sans fioritures"

Un troisième album traversé par des remises en question, près de deux ans après des accusations d'agression sexuelle sur les réseaux sociaux. Après avoir regretté sur Instagram "d'avoir utilisé (ses) mains de manière inappropriée sur quelqu'un", croyant répondre "à une invitation qui n'en était pas une", Roméo Elvis en fait le sujet de nouveaux titres, tout en insérant d'autres éléments biographiques dans son répertoire. "Tout le mal que je fais, il faut qu'il m'serve à changer", scande-t-il ainsi dans "Maquette".

Une manière de tourner la page. Tout comme le confinement a permis à Roméo Elvis de repartir quasiment à zéro en jetant une bonne partie de chansons déjà écrites. "Je me suis dit pourquoi pas faire quelque chose qui me rende dingue davantage que juste me faire plaisir. Du coup, j'ai jeté presque la moitié de mes titres pour écrire de meilleurs morceaux", indique le rappeur belge qui estime que ses "chansons doivent être sans fioritures".

"Nécessité de tout ramener au second degré"

"Tout peut arriver" accueille ainsi les introspections de Roméo Elvis, entre autres sur la réussite qui procure un sentiment de toute-puissance et d'impunité dans "Bien" ("La vie d'artiste, ça reste (...) le succès du flou/J'crois qu'c'est pour ça qu'j'ai dérapé") et "L'adresse" ("J'ai trop laissé le diable danser/Trop laissé les gens m'encenser"). Il répond aussi à ses détracteurs qui pensaient que sa carrière resterait au point mort dans "Flanchin". Le rappeur qui se destinait originellement à la photographie évoque aussi le ménage qu'il a fait au sein de son entourage ("3 cafés").

"Ce qui me distingue des autres rappeurs est, je crois, la nécessité de tout ramener au second degré, à l'autodérision, à l'humour. On peut y voir aussi une forme d'auto-critique, un rapport au rap qui sort du simple egotrip", estime par ailleurs un Roméo Elvis qui cherche l'inspiration en courant et le dit de façon surprenante sur ce drôle de titre qu'est "Quand je marche (comme Ben Mazué)". Alors que sur "Rappeur préféré", il s'amuse à faire des clins d'oeil à d'autres artistes de la scène hip-hop et à se moquer du succès.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: Olivier Horner

Roméo Elvis, "Tout peut arriver" (Island Def Jam/Universal Music).

Roméo Elvis en concert au Paléo Festival, Nyon, le 21 juillet 2022.

Publié