Les véritables premiers pas du chanteur belge Arnold Charles Ernest Hintjens, alias Arno et né le 21 mai 1949 à Ostende, sont électriques et bilingues, bien que majoritairement anglophones. Sous le nom de T.C. Matic, sa voix fumée enregistre quatre albums en quatre ans entre 1981 et 1985: "T.C. Matic", "L'apache", "Choco" et "Yé yé".
Malgré un premier groupe éphémère baptisé Freckle Face en 1972 avant l'épisode Tjens Couter (1973-1975), qui tous deux affirmaient déjà son amour pour le blues (il vénère Robert Johnson, John Lee Hooker ou Sonny Boy Williamson), ce n'est qu'au début des années 1980 que l'aura d'Arno dépasse enfin la frontière franco-belge.
Au sein de T.C. Matic, formation brute de décoffrage rock qui inspirera en Suisse le trio genevois The Young Gods, Arno développe déjà une écriture mi-farfelue mi-crue. En quête d'une identité sonore propre qui ne soit pas une copie de groupe rock anglais ou américain, l'Ostendais cherche avant tout "une caisse de résonance pour la stupidité, pour le mécontentement général, le chômage…", indique Gilles Deleux, l'un de ses biographes.
Un leitmotiv préfigurant l'unification européenne va entre autres valoir à T.C. Matic un beau retentissement. Grâce à "Putain, putain, c'est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens" ("Putain, putain"), Arno va pouvoir entamer sa carrière solo en 1986 sous les meilleurs auspices.