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Des chansons populaires évoquant des lieux décryptées par des géographes

36 chansons populaires qui parlent de lieux sont décortiquées par des géographes de l'Université de Genève dans un nouveau livre
36 chansons populaires qui parlent de lieux sont décortiquées par des géographes de l'Université de Genève dans un nouveau livre / 19h30 / 2 min. / le 16 décembre 2021
Des géographes de l'Université de Genève publient un livre dans lequel ils décortiquent 36 chansons populaires qui parlent de lieux, d'"Amsterdam" de Jacques Brel à "Penny Lane" des Beatles" via "Hollywood" de Madonna ou "Seine Saint-Denis Style" de NTM.

Si il existe peu de ressemblances entre ces chansons, toutes évoquent un lieu précis et associent des lieux à des rêves, des cauchemars, des émotions et des valeurs. "Elles participent à construire nos imaginaires géographiques, elles lient expériences et valeurs à des lieux, et du coup conditionnent notre pratique du monde", estime Raphaël Pieroni, géographe, directeur de la publication intitulée "Monde enchanté - Chansons et imaginaires géographiques".

Un point commun qui les unit dans un livre où 36 airs ancrés dans la culture populaire sont disséqués par 25 géographes de l’Université de Genève. Autant de chansons célèbres qui "légitiment l’approche scientifique parce qu’elles ont un effet sur le social, parce qu’elles nous affectent, modifient nos expériences et les lieux que nous fréquentons".

Les stéréotypes d'"Africa" de Rose Laurens

Sur le site internet du département de géographie et environnement de l'institution, huit vidéos sont en accès libre pour résumer et accompagner une page de la publication. Le titre "Africa" (1982) de Rose Laurens, où la chanteuse française blanche s’offre corps et âme au continent qui devient par métonymie un homme noir, s'y voit notamment décrypté: "C’est une chanson qui véhicule un imaginaire extrêmement raciste de ce qu’est l’Afrique, une vision stéréotypée emprunte de rapports de pouvoir, de genre, de classe, de race", explique Raphaël Pieroni.

La vision subjective de Genève de Marie Laforêt

Les morceaux peuvent aussi être ambassadeurs d’une vision subjective des lieux qui façonnent tout autant l’imaginaire des personnes qui les écoutent. Ainsi de "Genève...ou bien", chanson de Marie Laforêt en hommage à la ville où elle s’est repliée en 1978, en pleine vague disco, et à un moment où la Française avait perdu beaucoup de sa popularité.

>> A voir, Marie Laforêt chante "Genève...ou bien" dans cette archive de la RTS :

En 1993, Marie Laforêt chante Genève. [RTS]
Ode à Genève / Zig zag café / 4 min. / le 12 septembre 2000

"Marie Laforêt y parle de cette Genève sous la neige, c’est une Genève endormie, qui ne fait pas de bruit. On est très loin de la Genève cosmopolite, bigarrée, capitale européenne des squats dans les années 1990, festive. Elle parle très peu de cette Genève-là. Elle parle d’elle et de la fin de sa carrière", détaille Raphaël Pieroni.

Dimension performative de certaines chansons

D'autres chansons présentent quant à elles une dimension performative, avec un impact matériel sur les lieux. "Penny Lane" est ainsi devenu un lieu de recueillement pour les fans des Beatles et le rayonnement de "Nathalie" de Gilbert Bécaud est à l’origine d’un bistrot moscovite, le café Pouchkine, créé trente-cinq ans après la sortie de ce titre qui a conduit longtemps de nombreux touristes à chercher ce lieu imaginaire aux abords de la place Rouge.

Sujet TV: Cecilia Mendoza, Fred Berney

Adaptation web: olhor

"Monde enchanté - Chansons et imaginaires géographiques", ouvrage collectif, éditions Georg.

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