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Nadège Rochat, la violoncelliste genevoise qui a conquis le Royaume-Uni

La violoncelliste genevoise Nadège Rochat. [Serena Bolton]
Epiphanie au violoncelle pour Nadège Rochat / L'Echo des Pavanes / 43 min. / le 22 novembre 2021
La violoncelliste genevoise Nadège Rochat sort un nouveau disque, en collaboration avec l'Orchestre national royal d'Écosse et le chef d'orchestre Benjamin Levy. Au programme, deux concertos, l'un d'Antonin Dvorak et l'autre d'André Caplet.

Originaire de Genève et issue d’une famille de musiciens, la violoncelliste Nadège Rochat sort un nouveau disque chez Ars Produktion.

Elle y interprète deux œuvres: l’une, peu connue, se nomme "Epiphanie" d'André Caplet (1878-1925), et la seconde est le concerto pour violoncelle en si mineur de Dvorak (1841-1904). Elle y est accompagnée par l'Orchestre national royal d'Écosse, dirigé par Benjamin Levy.

L’Orchestre national royal d’Écosse

Nadège Rochat, qui enseigne à la Royal Academy of Music à Londres, se souvient de sa rencontre avec l’Orchestre national royal d'Écosse: "Le label avec lequel je travaillais enregistrait un disque avec cet orchestre. On m’a engagée comme soliste pour jouer du Ralph Vaughan Williams. J’ai adoré travailler avec les musiciens, je les ai trouvés frais et spontanés, ce qui est d’ordinaire difficile pour un grand orchestre."

Une spontanéité qui se retrouve dans la vidéo de promotion qui accompagne la sortie de l’album, qui contient quelques images de répétitions détendues, où solistes, musiciens et chef d’orchestre sont sur un pied d’égalité.

Deux œuvres, deux ambiances

Le concerto de Dvorak, romantique et composé lors du séjour du musicien aux Etats-Unis, faisait peur à Nadège Rochat lorsqu’elle était enfant. "Je me souviens être à l’étage dans ma chambre à quatre ou cinq ans, et ma mère écoutant le CD de ce concerto très fort dans le salon. L’ambiance du début du premier mouvement me faisait imaginer des sous-bois obscurs et des créatures sauvages! Cela m’angoissait", raconte en souriant Nadège Rochat à la RTS.

Sur le disque figure aussi le morceau "Epiphanie (d’après une légende éthiopienne)", d’André Caplet. Peu connue et enregistrée, cette œuvre stimule pourtant l’imagination. "J’ai découvert cette œuvre grâce à Jacques Tchamkerten, responsable de la bibliothèque du Conservatoire à Genève et expert en musique française à la Haute Ecole de Musique. Mon dada, c’est de découvrir des compositeurs qui n’ont pas suffisamment été mis en lumière à leur époque. C’est le cas pour Caplet, même s’il était très respecté par Debussy, ce qui était rare à l’époque. Lorsque j’ai entendu cette 'Epiphanie' pour la première fois, j’ai été transportée dans un monde magique par les premiers accords lumineux", se souvient la violoncelliste.

Pour la musicienne, l’épiphanie contée par le morceau se rapproche de la nôtre car elle fait référence à la venue de rois du monde entier pour célébrer la naissance de Jésus. "Le premier mouvement s’appelle 'Cortège'. J’imagine un trésor en voyage, composé d’éléphants et de pierres précieuses, qui traverse le désert."

Apprendre à jouer d’un instrument, c’est apprendre à devenir maître en communication.

Nadège Rochat

Encourager l'imagination du public

Une fois qu’on visualise l’idée de ce que la musique pourrait vouloir dire, comment la transmettre au public? "À travers les couleurs sonores", répond Nadège Rochat. "Il y a d’abord un aspect technique, comment utiliser le violoncelle pour imiter différentes choses, et un aspect créatif, ou comment encourager l’imagination du public. Pour cela, nous les musiciens faisons des exercices de visualisation du son: comment s’échappe-t-il du violoncelle? J’imagine que je tire le son du violoncelle avec l'archet. Il faut aussi pouvoir être présente sur le moment et prête pour la communication."

Propos recueillis par Benoît Perrier

Adaptation web: Myriam Semaani

Nadège Rochat, Royal Scottish Orchestra, Benjamin Levy, “Dvorak & Caplet: Cello Concertos”, Ars Produktion, 2021.

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