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Des inédits de Serge Gainsbourg pour le cinéma dans le coffret "Initales BO"

Serge Gainsbourg chante sur le plateau de "Taratata". [Ina via AFP - Jean Pierre Leteuil]
Gainsbourg, des inédits à la Une! / L'Echo des Pavanes / 14 min. / le 13 octobre 2021
Trente ans après la disparition de Serge Gainsbourg, un coffret de cinq disques vinyles comptant plus de trois heures et demie de musique composée pour le cinéma apparaît, avec de nombreux inédits. Le temps de découvrir une autre facette des talents de compositeur de l’artiste.

En 2001, la première intégrale des chansons de Gainsbourg consacrée au cinéma voit le jour. Faisant partie de la collection "Écoutez le cinéma", elle se compose alors de trois CDs, puis cinq en 2015. En septembre 2021, changement de format: le coffret "Initiales BO" est disponible exclusivement sur vinyle, accompagné de quelques morceaux inédits. Au total, il regroupe cinq disques et trois heures et demie d’écoute.

Un marché musical qui évolue

Depuis quelques années, les CDs n’ont plus vraiment la cote: dans la collection "Écoutez le cinéma", les nouvelles parutions se font sur disque vinyle, le seul format qui, semble-t-il, se vendre encore.

Gainsbourg a quant à lui très peu connu le CD. L’essentiel de sa carrière musicale s’est construit sur disque vinyle. Écouter les musiques de films de Gainsbourg sur ce format donne alors aux quelques titres inédits la patine de l’époque où ils auraient pu paraître.

Inévitablement, le vinyle donne à l’anthologie un aspect confidentiel, et un prix plus élevé. Ce sont plutôt les collectionneurs que le grand public qui sont ciblés. À noter que la majeure partie des titres de l’anthologie existent par ailleurs sur CD – les inédits vinyle comptent pour vingt minutes sur les trois heures et demie d’écoute.

Des inédits surprenants

Parmi ces titres inédits, la chanson "Tendresse", extraite du film "L'eau à la bouche". Il s'agit de la première bande originale que Gainsbourg compose en compagnie d’Alain Goraguer et de ses musiciens. Très jazz, on croirait entendre les premiers disques de chansons de Gainsbourg, mais sans sa voix.

Alain Goraguer n’est autre que le complice des premiers disques de Gainsbourg, du "Poinçonneur des lilas" à "Black trombone", en passant par "Mambo miam miam" à "New York USA". Musicien caméléon, il suit Serge Gainsbourg dans ses envies les plus insolites et le guide sur des chemins jazz, latino et africains.

La pochette du coffret vinyle "Initiales BO" de Serge Gainsbourg. [Écoutez le cinéma/Universal]

Par exemple, pour la bande originale de "L'eau à la bouche" en 1960, Gainsbourg a beaucoup emprunté à la musique classique avec une relecture kitsch de la fameuse cantate de Bach. Opportuniste, il, s’approprie la musique du moment qui fonctionne. Cette année-là, il se trouve que l'un des disques qui marche le mieux en France n’est autre que le fameux "Play Bach" du pianiste Jacques Loussier.

Des arrangeurs reconnus

Aujourd’hui, on ne passe plus sous silence le travail décisif accompli par les arrangeurs qui se sont succédé auprès de Serge Gainsbourg. Dans cette anthologie, ils sont crédités et reconnus à leur juste valeur: Alain Goraguer, Michel Colombier et l’allié le plus mythique de Gainsbourg, Jean-Claude Vannier.

Avec son style entre rock psychédélique, funk et orchestre à cordes, Vannier fait merveille aussi bien dans l’album culte "Histoire de Melody Nelson" en 1971 que dans les bandes originales des films de la même époque.

Autres morceaux à découvrir, ceux du film "Sex Shop" de Claude Berri, dont l’action se passe dans un club échangiste. Gainsbourg et Vannier produisent des musiques de danse avec des ruptures stylistiques franches, du thème groovy avec un côté été indien, suivi d'une sorte de parodie de James Brown en se terminant par un retour du thème dans une orchestration 100% Jean-Claude Vannier.

Nicolas Julliard

Adaptation web: ms

Serge Gainsbourg, "Initiales BO" (Collection Écoutez le cinéma, Universal Music).

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