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Richard H. Kirk, pionnier de l’électro, est mort à l'âge de 65 ans

La pochette du single de Richard H. Kirk, "Never Lose Your Shadow". [©Minimal Wave, Mute Artists Limited - Phil Barnes]
Le monde de la musique pleure la disparition de Richard H. Kirk, fondateur de Cabaret Voltaire / Le Freak ! / 5 min. / le 22 septembre 2021
Le musicien britannique a posé les bases de la musique industrielle et de la techno à travers ses nombreux projets, notamment au sein du groupe Cabaret Voltaire. Compositeur et producteur prolifique, Richard H. Kirk avait encore sorti deux albums en 2021.

C'est Mute, le label de l'artiste, qui l'a annoncé dans un tweet: Richard H. Kirk, musicien et producteur pionnier de la musique électronique, leader et co-fondateur de Cabaret Voltaire, est décédé mardi à l'âge de 65 ans.

La carrière musicale de Richard H. Kirk débute dans la ville britannique de Sheffield dans les années 1970. Avec ses amis Chris Watson et Stephen Mallinder, il fonde le groupe Cabaret Voltaire qui expérimente avec les sons des machines et tente de croiser technologie et musique. Ce sont les débuts de la musique industrielle.

Leurs performances surprenantes s’inspirent du dadaïsme – Cabaret Voltaire est le nom du café zurichois qui vit naître le mouvement dada – et du travail d’Andy Warhol, en utilisant des projections. Croisement entre musique industrielle et éthique punk, le groupe joue d'abord dans la rue et dans des toilettes publiques.

Cabaret Voltaire démocratise la musique électronique

En 1975, la première performance du groupe est chaotique, face à un public qui s’attendait à voir un groupe de rock et qui ne comprend pas ce nouveau genre musical. L’audience et le groupe finissent par se jeter des objets à la figure. Pourtant, l’arrivée du mouvement punk à l’époque ouvre les esprits et la musique industrielle du groupe finit aussi par s’imposer.

En 1978, Cabaret Voltaire signe chez Rough Trade (Jarvis Cocker, The Strokes, The Smiths) à Londres. Ils sortiront plusieurs singles sur ce label, dont "Nag Nag Nag", "Three Mantras" et l’album "Red Mecca". Au début des années 1980, Chris Watson décide de quitter le groupe pour aller travailler à la télévision. Richard H. Kirk et Stephen Mallinder continuent sans lui.

En 1987, Cabaret Voltaire sort son disque le plus vendu, "Code". D'autres albums s'enchaînent, mais le duo finit par se séparer en 1994. Après vingt ans d'absence, Cabaret Voltaire, composé uniquement de Richard H. Kirk, refait surface lors de concerts à partir de 2014 et sort un album en 2020, "Shadow of Fear".

Un musicien inarrêtable

A côté de Cabaret Voltaire, Richard H. Kirk a aussi une très riche carrière solo. Compositeur prolifique, il sort entre 1980 et 2011 plus d’une trentaine d’albums sous son nom ou sous tout une série de pseudonymes, tels que Sandoz ou Electronic Eye.

Il fonde aussi en 1990 le duo Sweet Exorcist avec son ami Richard Barratt. Leur chanson "Testone", samplant des sons de "Computer Game" du groupe japonais Yellow Magic Orchestra – fameuse pour ses 'bips' –, sera remixée à maintes reprises, marquant les débuts de la techno. Deux albums de Sweet Exorcist verront le jour, "Spirit Guide to Low Tech" en 1994 et "RetroActivity" en 2011.

En 2021, Richard H. Kirk était encore bien occupé avec la sortie d’un EP, "Shadow of Funk", en février dernier, et de deux albums, "Dekadrone" et "BN9Drone".

Son travail a influencé de nombreux musiciens, parmi lesquels le chanteur-guitariste de New Order, Bernard Sumner, Martin Gore de Depeche Mode ou encore David J du groupe de rock gothique Bauhaus.

Myriam Semaani

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