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Mighty Mo Rodgers, bluesman de choc au Festival Blues Rules

La pochette de l'album "The Virus" de Mighty Mo Rodgers. [Dr]
Mighty Mo Rodgers, un existentialiste au Festival Blues Rules de Crissier / Vertigo / 5 min. / le 2 septembre 2021
Le Festival Blues Rules se tient à Crissier (VD) les 3 et 4 septembre. Malgré le Covid qui bouscule son affiche, il présente quelques légendes américaines du genre. Comme ce vendredi soir Mighty Mo Rodgers, 79 ans, pianiste et infatigable chroniqueur social.

"En 1965, quand j’ai sorti mon premier 45 tours, j’étais juste un gamin du collège. Je cherchais ma voie dans la musique. Je ne me considérais pas comme un artiste de blues. J’apprenais les styles populaires de l’époque: rhythm’n’blues, soul. D’abord vous imitez, ensuite vous innovez. Vous apprenez de vos héros et de vos héroïnes", indique à la RTS Mighty Mo Rodgers, qui fêtera l’an prochain ses 80 ans.

Tatouage au bras, voix posée et délicieusement grave, il ne quitte jamais son cahier noir. Il y note chaque jour ses impressions, des idées de textes, des paroles de chansons ou des propos entendus. "Toujours au crayon, pour corriger mes fautes", rit ce pianiste né à Chicago et dont la carrière passe par les studios d’enregistrement de Los Angeles.

"J’appelle ça du blues existentiel"

Mighty Mo Rodgers chante, très bien, avec une verve puissante, teintée de soul et gospel. Il est aussi, et peut-être avant tout, un homme de conviction, un artiste engagé. "Dans toutes mes chansons, j’aborde des thèmes actuels, la réalité d’aujourd’hui. Je n’ai jamais cueilli de coton, je n’ai jamais trimé derrière une mule, comme Muddy Waters. J’ai grandi dans un environnement urbain. Aujourd'hui, vous avez des guerres, de la violence, l’Afghanistan, toutes ces choses folles… Mon nouvel album 'The Virus' est un disque de blues contemporain, car il s’adresse aux gens aujourd'hui, parle de leur vie. J’appelle ça du blues existentiel".

Un nouvel album rageur

"The Virus", son dernier album sorti en pleine pandémie, est un disque rageur. On y trouve les bruits de la rue, des coups de feu, des cris et un rappeur nommé General. "J’ai intégré le hip-hop dans mon album pour parler du problème des armes. Je l’ai aussi enregistré avec un groupe de gospel qui avait jadis accompagné Stevie Wonder. Je parle avant tout de la condition humaine. Voilà le sens du blues. Il concerne tout le monde. Et il y a de quoi avoir le blues aujourd'hui. Le monde s’effondre et on ne le voit pas", déplore Mighty Mo Rodgers.

Et de poursuivre: "la seule chose qui pourrait le sauver, c’est de s’aimer les uns les autres. Pourquoi ça ne marche pas? Voilà ce que j’essaie de faire avec ma musique. C’est ambitieux. Aux Etats-Unis, ma musique est souvent mise de côté: Mighty Mo veut dire la vérité. Nous préférons ne pas l’entendre".

Thierry Sartoretti/olhor

Mighty Mo Rodgers en concert au Blue Rules Festival, Crissier, ve 3 septembre à 21h30.

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