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Mort de Jacob Desvarieux, leader du groupe Kassav' et père du zouk

Mort de Jacob Desvarieux, leader du groupe Kassav' et père du zouk. [AFP - Kambou Sia]
Mort de Jacob Desvarieux, leader du groupe Kassav' et père du zouk / Le Journal horaire / 6 sec. / le 31 juillet 2021
Le guitariste guadeloupéen Jacob Desvarieux, mort vendredi à 65 ans des suites du Covid-19, était l'un des fondateurs du groupe Kassav', monument aux Antilles qui a connu un énorme succès dans les années 80 en mélangeant des musiques locales pour créer un style, le zouk.

De santé fragile depuis une greffe rénale, le musicien avait été hospitalisé le 12 juillet à Pointe-à-Pitre après avoir été contaminé par le coronavirus.

Parmi les nombreuses réactions à son décès, celle du judoka guadeloupéen Teddy Riner, qui a rendu hommage à "une immense voix des Antilles", tandis que l'ancienne ministre Christiane Taubira, originaire de Guyane, disait sa tristesse, se remémorant "sa voix, sa dégaine, son talent, sa joie, ce sourire, cette inclinaison de la tête et même sa salopette des débuts".

"Les Antilles, l'Afrique et la musique viennent de perdre l'un de ses plus grands Ambassadeurs. Jacob grâce à ton art, tu as rapproché les Antilles à l'Afrique. Dakar où tu as vécu te pleure. Adieu l'ami", a tweeté le chanteur sénégalais Youssou Ndour.

Pionnier du zouk

Né à Paris le 21 novembre 1955, Jacob Desvarieux grandit en Guadeloupe, où il s'oriente rapidement vers la musique. Il fonde en 1979, avec Pierre Edouard Decimus le groupe Kassav', pionnier du zouk, une musique nouvelle qui fera danser la planète entière et vendre des millions d'albums.

"Au départ, c'était un laboratoire: nous cherchions à trouver une bande-son qui fasse la synthèse de toutes les traditions et sons antérieurs, mais qui soit exportable partout", avait raconté le musicien au journal Libération en 2016.

Un cocktail qui donnera naissance à des tubes festifs et dansants chantés en créole, comme "Zouk la sé sèl médikaman nou ni" (1984, sur un album que Desvarieux cosigne avec un autre fondateur de Kassav' mais qui ne sort pas sous le nom du groupe) ou "Syé bwa" (1987).

"A travers notre musique, nous interrogions nos origines. Qu'est-ce qu'on faisait là, nous qui étions Noirs et parlions français?", expliquait Jacob Desvarieux, la voix douce et voilée et les cheveux blanchis par les années.

>> Le groupe s'était produit en 2012 au Montreux Jazz Festival :

Réaction du public après le concert de Kassav au Montreux Jazz
Réaction du public après le concert de Kassav au Montreux Jazz / Opérations spéciales / 1 min. / le 1 juillet 2012

Explosion dans les années 80

Kassav' explose en même temps que la "world music", les musiques du monde: au milieu des années 80, le public a soif de musiques lointaines et métissées.

La base du style du groupe est le gwo ka, musique guadeloupéenne marquée par les tambours. Il y ajoute d'autres ingrédients venus de toutes les Caraïbes - compas haïtien, biguine... - et un emballage moderne, avec de la basse, des cuivres et des claviers.

Kassav' atteint le pic de sa popularité à la fin des années 80. Il signe un contrat avec la multinationale du disque CBS, sort l'album "Vini Pou" en 1987 (disque de platine) et reçoit une Victoire de la musique en 1988.

Encensé par le jazzman américain Miles Davis, le groupe enchaîne les concerts dans le monde entier. Et parallèlement aux nombreux albums de Kassav', ses membres sortent des disques solo.

Depuis, la mode du zouk est retombée, mais Kassav' a continué d'attirer un public nombreux en concert.

jfe avec ats

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Forte popularité en Afrique

Monument aux Antilles et star en métropole, le groupe est également très connu en Afrique. Le clip de "Syé Bwa" a d'ailleurs été tourné à Kinshasa (République démocratique du Congo, qui s'appelait encore Zaïre).

"L'Afrique s'est ouverte à nous avant même la France", indiquait la chanteuse du groupe Jocelyne Béroard en 2019 au magazine Jeune Afrique.

"Ils ne comprenaient pas le créole, mais ils répétaient plus ou moins phonétiquement, ou ils créaient leurs propres versions", souriait-elle.