Instruments de musique baroque (image prétexte). [Domaine public - Evaristo Baschenis]
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Révisez vos classiques! Les baroqueux

>> Pour tous les mélomanes qui s'ignorent et pour celles et ceux qui veulent réviser leurs classiques, Catherine Buser, spécialiste musique classique à la RTS, a décidé de partager les œuvres qui lui ont donné envie de faire son métier.

>> En cinq parties, elle vous propose d'entrer dans l'histoire de la musique dite classique à travers ses plus grands compositeurs.

>> Pour commencer, la période baroque qui s'étend du début du 17e siècle jusqu'au milieu du 18e siècle. : Composer au féminin

>> A consulter également, notre dossier sur les compositrices : Je Sais Pas Vous

>> Et si vous préférez des oeuvres musicales classiques présentées de manière ludique, rendez-vous sur la page de notre web-série

Jean-Sébastien Bach

1685-1750

Laissant de côté la musique du Moyen Âge et celle de la Renaissance, nous débutons ce tour d'horizon avec la musique baroque. Et pour entrer en matière, quoi de mieux que l'une des œuvres pour orgue les plus connues au monde: la toccata et fugue en ré mineur de Jean-Sébastien Bach. Une musique utilisée dans d’innombrables films, que ça soit dans "Pirate des Caraïbes" ou le générique de la série "Il était une fois l’homme".

Un must avec son écriture rhapsodique quasi improvisée, ses grands accords qui font frémir l’orgue et mettent en valeur la virtuosité de l’organiste.

Bach était un formidable virtuose du clavier. A Weimar, où il occupe son premier poste important, il tenait l’orgue de l’église luthérienne. C’est pour cette église qu’il a composé sa fameuse toccata. Mais comme on refuse de lui confier le poste de maître de chapelle, il décide de se rendre à Köthen où peut s'épanouir son talent de compositeur de cour.

C’est alors l’époque des œuvres instrumentales, concertos brandebourgeois, sonates et partitas pour violon et surtout les fameuses suites, pour clavecin ou violoncelle. L’intimité feutrée de la Première suite pour violoncelle offre un contraste saisissant avec l’écriture héroïque et grandiose de la toccata.

Lorsqu’il quitte Köthen en 1723, c’est pour prendre le poste de Kantor à Leipzig, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1750. Le compositeur se partage entre des heures de cours, des charges musicales dans les deux églises de la ville, St Thomas et St Nicolas, ainsi que des charges officielles lors de grandes cérémonies.

C’est à cette période que remonte la majeure partie de ses œuvres religieuses et la fameuse série des cantates. Bach devait composer une cantate pour chaque dimanche et pour les fêtes. Ce qu’il a fait pendant cinq saisons. On a de la peine à imaginer ce travail colossal. Il fallait trouver un livret, composer la musique, la faire copier, puis la faire répéter. On peut se demander comment il arrivait à tout faire. Certaines fêtes chrétiennes nécessitaient des œuvres plus soutenues, notamment Pâques qui a inspiré au compositeur deux Passions qui comptent parmi ses chefs d’œuvre. L’ouverture de la Passion selon Saint-Jean est un mouvement tout simplement sublime.

Bach a composé cette cantate lors de sa première année comme cantor à Leipzig. L’œuvre a été interprétée pour la première fois le 7 avril 1724, le jour du Vendredi saint. C’est l'une des œuvres sacrées les plus grandioses de Bach avec la St Matthieu et la Messe en si.

Georg Friedrich Haendel

1685-1759

Bach avait un grand rival en Angleterre en la personne de Haendel, son exact contemporain puisqu'ils sont nés tous les deux en 1685. Si Bach est rattaché à l’Allemagne, Haendel lui est Européen. Il est né à Halle, a vécu à Londres et composé des dizaines d’opéras italiens.

"Rinaldo", son premier opéra composé outre-Manche, lui a valu un véritable triomphe. Notamment grâce à un air sublime qui a connu plusieurs avatars avant de s’imposer: "Lascia ch'io pianga…" ("Laisse-moi pleurer sur mon sort cruel, et soupirer à la liberté…")

"Ombra mai fu" est un autre air très connu du compositeur qui ouvre l’opéra "Serse" composé en 1738. Avec "Lascia ch'io pianga", ils ont tous les deux connu une vie hors de l’opéra qui a assuré leur succès.

Haendel était non seulement un compositeur d’opéras prolifique, mais également un organiste de grand talent. Il improvisait souvent de véritables concertos durant les entractes de ses oratorios. Il laisse une belle œuvre pour claviers, orgue et clavecin mais dont le recensement est laborieux tant il s’est peu soucié d’y mettre lui-même un peu d’ordre. Seules huit suites ont été publiées sous son contrôle en novembre 1720 alors qu’il était établi à Londres depuis de nombreuses années.

Haendel précise dans la préface: "Je me suis trouvé dans l'obligation de publier les leçons ci-après en raison des copies incorrectes qui en ont été faites à l'étranger, et cela à mon insu. J'en publierai d'autres à l'avenir, estimant qu'il est de mon devoir de servir par mon modeste talent une nation dont j'ai reçu si généreusement protection."

Parmi les suites qui ont rencontré le plus grand succès auprès des pianistes en herbe, la cinquième suite pour clavecin, celle qui indique en sous-titre "le forgeron harmonieux".

Parmi les airs d'oratorio les plus célèbres d'Haendel, il y a le si fameux chœur "Hallelujah" tiré du "Messie". Une oeuvre composée en 1741 considérée comme le chef-d’œuvre absolu du genre et l’un des airs les plus populaires de Haendel.

Le texte se réfère principalement à la résurrection du Messie et à la rédemption qu’elle opère. Elle a d'ailleurs été composée pour le temps de Pâques et interprétée pour la première fois pour cette fête. La tradition veut que depuis la mort du compositeur, elle soit donnée pendant le temps de l’Avent.

C'est l’une des œuvres les plus populaires de Haendel avec les "Water music" et les "Musiques pour les feux d’artifice royaux".

Georg Philipp Telemann

1681-1767

S’il est d’usage d’opposer Haendel et Bach, l’époque baroque compte également un troisième larron en la personne de Georg Philipp Telemann. Bach et Haendel le connaissaient bien d’ailleurs et avaient pour sa musique une grande estime.

Telemann est sans doute l’un des compositeurs les plus productifs de toute l’histoire de la musique. A son actif, plus de 3'600 œuvres répertoriées!

Sa musique, comparée à celle de Jean-Sébastien Bach, est plus extravertie, plus séduisante que savante. Telemann avait un penchant pour les mélodies avenantes et les contours nets, ce qui lui donne un côté avant-gardiste, annonciateur du classicisme à venir.

Il a œuvré d’abord à l’opéra de Leipzig, puis à Eisenach où il prend la direction de la Chapelle de la ville. Il poursuit ensuite sa carrière à Weimar et la termine à Hambourg où il occupe le poste de directeur de la musique. Bref, un génial touche-à-tout dont on n’a pas encore fini d’explorer toute l’œuvre.

Teleman est surtout connu pour sa Tafelmusik. Sous ce titre se cache un recueil d’œuvres instrumentales publiées en 1733. C’est l’apogée d’un genre qui fleurissait à la cour. Telemann en était d'ailleurs assez satisfait.

Jean Philippe Rameau

1683-1764

On ne saurait refermer cette balade dans les chefs d’œuvre du baroque sans opposer aux figures allemandes la personnalité de Jean-Philippe Rameau. Contrairement à ses homologues germaniques, Rameau est venu à la composition sur le tard. Il a commencé sa carrière comme théoricien de la musique. Ses traités d’harmonie font toujours figure de référence. A force de définir les règles de la composition dans ses manuscrits, il s’est mis lui-même à écrire de la musique.

Ses plus grands chefs d’œuvre sont des opéras-ballets dont les canons marquent l’apogée du baroque français et se sont opposés avec force à ceux de la musique italienne. Sa création la plus célèbre dans ce domaine est l’opéra "Les Indes Galantes".

Toute sa production lyrique a dormi dans les bibliothèques pendant près de deux siècles, mais elle bénéficie aujourd’hui d’un vaste mouvement de redécouverte.