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Dans "Rêves capital", Bertrand Burgalat voit la pop en technicolor

La pochette de l'album de Bertrand Burgalat, "Rêve Capital". [DR/Yannick Le Vaillant - Serge Leblon]
L'invité: Bertrand Burgalat, "Rêve capital" / Vertigo / 37 min. / le 2 juillet 2021
Le Français Bertrand Burgalat, compositeur, chanteur et producteur, fondateur du label Tricatel en 1985, fait son grand retour avec un dixième album pop intitulé "Rêve capital", auquel il a convié plusieurs auteurs et musiciens amis.

Dix-huit morceaux pour un retour en forme baptisé "Rêve capital", quatre ans après "Les choses qu’on ne peut dire à personne". Touche-à-tout artistique, Bertrand Burgalat a momentanément mis de côté ses talents de producteur ou d'arrangeur pour s'offrir quelques escapades pop rêveuses en solitaire. Cet artiste polyvalent, par ailleurs président du Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) et surtout fondateur du label parisien Tricatel en 1985 qui adore les contre-pieds musicaux (Valérie Lemercier, A.S. Dragon, Helena Noguerra ou Michel Houellebecq), prodigue enfin à nouveau sa science de compositeur et chanteur.

"Rêve capital" voit aussi Bertrand Burgalat officier à la basse, aux claviers, au vibraphone et autres instruments parmi des ajouts de cordes du Bulgarian Symphony Orchestra, des vents, des synthétiseurs ou des chœurs. Il y a aussi convié toute une batterie de musiciens-amis fidèles, dont des membres de Catastrophe signés sur son label, qui apportent des nuances à la palette pop déjà haute en couleur de celui qui a signé quantité de bandes originales pour le cinéma. Le répertoire accueille aussi les penchants jazz, psyché ou krautrock d'un artiste qui semble digérer aisément la moindre influence et parle-chante doucement avec des faux airs de Katerine ou Albin de la Simone par moments.

"Je ne suis pas assez nostalgique pour être moderne"

"La carotte pour la réalisation d'un album solo parmi toutes mes autres activités, c'est l'impression d'avoir progressé et d'exprimer des choses qu'on ne parvenait pas à dire à avant. (...) Mais sortir un disque pour moi, c'était plutôt dépenser de l'argent que d'en gagner. C'est donc une problématique difficile et met les choses sur un autre plan. J'ai du mal à me motiver en tant que patron de label. Mais j'avais commencé l'album il y a trois ans, avant de traîner, me décourager puis ensuite de faire mûrir et épurer les chansons. C'est un mal pour un bien en quelque sorte", s'amuse Bertrand Burgalat qui assume sa dimension d'artiste confidentiel.

Forme de long métrage chanté où Burgalat se met en scène avec une certaine désinvolture et des pointes d'auto-dérision, "Rêve capital" déploie ses airs nonchalants avec un charme parfois surrané. "Ce n'est pas un album concept au sens strict, mais il est conçu comme l'histoire d'une journée sans être pour autant un reportage. Cela commence et finit la nuit avec des moments tour à tour solaires ou crépusculaires", explique à la RTS le chanteur qui reprend sur "Rêves capital" les textes de plusieurs auteurs, dont le journaliste et écrivain Laurent Chalumeau.

"Je ne suis pas assez nostalgique pour être moderne", estime enfin Burgalat dont les compositions ont pourtant bien en même temps un pied dans le passé que dans la modernité pop. Un entre-deux que cet artiste polymorphe sait toujours habiller d'arrangements  s'apparentant à de la haute couture.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Texte et adaptation web: Olivier Horner

Bertrand Burgalat, "Rêves capital" (Tricatel).

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