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"Coeur", le pouvoir d'attraction de Clara Luciani en reine disco-pop

La chanteuse française Clara Luciani. [Romance Musique - Alice Moitié]
La chanteuse française Clara Luciani. - [Romance Musique - Alice Moitié]
La chanteuse française Clara Luciani publie "Coeur", un deuxième album pop et dansant aux inflexions disco. Onze chansons au pouvoir d'attraction mélodique irrésistible qui devraient aisément confirmer le succès de celle qui avait dégoupillé l'hymne "La grenade".

C'est sous les boules à facettes et les stroboscopes que Clara Luciani a placé ses nouvelles chansons. Trois ans après "Sainte-Victoire" porté par l'hymne féministe "La grenade", la chanteuse française dévoile un "Coeur" battant aux rythmes d'un disco-funk dansant très seventies. Un deuxième album qu'elle accompagne de clips chorégraphiés tout aussi irrésistibles où sa pop, à quelques exceptions plus tamisées, rayonne mélodiquement.

La chanson-titre énergique qui ouvre ce retour en forme de Clara Luciani n'a pourtant rien de rose dans son propos, puisqu'elle évoque les violences conjugales. Si "l'amour cogne", c'est toutefois sous le dancefloor, comme si il fallait un peu de légèreté malgré la gravité. L'artiste féminine des Victoires de la musique 2020 creuse ainsi le sillon de cette dynamique de l'alliance des contraires qui lui a déjà valu de se distinguer élégamment par le passé. Danser pour expier, exorciser, tel est le credo de son nouveau répertoire conjuguant désir et plaisir sans omettre les peines et les tourments.

Tubes impérieux

Le coeur a beau être battant, il a ses crève-coeur. A l'image de "Respire encore", autre tube impérieux de l'album qui évoque à la fois un hymne au lâcher prise, au déconfinement, mais charrie aussi sa charge nocive en suggérant la fin d'un calvaire intime: "Il faut qu’ça bouge/Il faut que ça tremble/Il faut que ça respire encore/Dans le bordel des bars le soir/Débraillés dans le noir/Il faudra réapprendre à boire/Il faudra respirer encore". Ailleurs, comme dans "Amour toujours", la passion est une lutte dévorante qu'elle résume en chantant qu'"il faudrait apprendre à aimer sans saigner". Encore une fois chez Clara Luciani, les bleus à l'âme se métamorphosent en catharsis pop explosives, jouissives, tel sur l'irrépressible "Le reste".

Aux épanchements couplés aux déhanchements de cette première partie expressive de "Coeur", dont des pointures de l'electro française comme Yuksek ou Alex Gopher ont modernisé les sonorités disco et références à une variété vintage, succèdent quelques titres plus ombragés et mélancoliques: "J'sais pas plaire" et ses doutes sur le pouvoir de séduction, le duo intimiste "Sad & Slow" un brin poussif avec Julien Doré et "La place" évoquant la métamorphose féminine et les outrages du temps.

A presque 28 ans, l'ex-mannequin et voix grave éphémère de La Femme née à Martigues s'affirme ainsi comme une pétroleuse hors pair, s'enhardit subtilement malgré quelques essoufflements et des répétitions sur le plan musical au sein de ce "Coeur" parfois trop palpitant. Dans son "Au revoir" en guise d'épilogue, elle ose pourtant un dernier geste de panache en imaginant sa fin de reine disco temporaire: "Non, faudra pas pleurer après/Quand j'aurai tout chanté, qu'enfin j'me tairai". La boule à facettes arrête de scintiller, il est temps d'arrêter de danser mais Clara Luciani a su euphoriser la nuit.

Olivier Horner

Clara Luciani, "Coeur" (Romance Music/Universal).

En concert à Genève, Arena, le 7 octobre 2022.

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