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Prudence, le projet pop risqué de la chanteuse de The Dø

La chanteuse du groupe The Dø Olivia Merilahti lance son projet solo, Prudence. [DR - Anael Boulay et Alex Lasnier]
Prudence ose la pop calibrée / Vertigo / 10 min. / le 1 juin 2021
La chanteuse Olivia Merilahti, moitié de The Dø, se lance dans l’aventure solo avec un premier album, "Beginnings". Résolument pop et électronique, il devrait surprendre les amateurs des premières productions de la formation française.

Oubliez la pop indépendante et rageuse des débuts de The Dø. Avec Prudence, Olivia Merilahti explore un tout autre univers musical, celui du r’n’b et de l’électronique. Des musiques qu’elle écoute beaucoup depuis une dizaine d’années.

Dans ce projet, la chanteuse et musicienne française se donne la possibilité d’explorer l’univers de la pop, une pop calibrée à l’américaine. Pour y parvenir, Olivia Merilahti s’est associée à plusieurs producteurs renommés, dont Surkin, DJ et compositeur français, et Xavier de Rosnay, moitié du duo electro Justice. Ensemble, ils ont créé la carrosserie rutilante de la fusée Prudence.

"Prudence est le nom parfait pour une héroïne futuriste"

Olivia Merilahti a voulu que son projet s’inscrive résolument dans un univers de science-fiction. "Pour moi, c’était nécessaire de me créer un alter ego qui me permette de sortir de mon quotidien et de plonger dans un imaginaire nouveau. Prudence, c’est le nom parfait pour une héroïne futuriste, c’est presque une planète pour moi", confie-t-elle à la RTS.

Il y a aussi une part de provocation de la part d’Olivia Merilahti, sachant que son projet relève de tout sauf de la prudence. Il aurait été plus confortable et rassurant de sortir un nouvel album avec The Dø que de lancer une aventure musicale explorant des sphères sonores nouvelles.

Prudence, une parenthèse pour The Dø

Ce voyage ne signifie pas pour autant la fin de la trajectoire du groupe français. Il s’agirait plutôt d’une parenthèse: "c’était sain après dix ans de vie très intense, axée quasi exclusivement autour de The Dø. J’avais besoin de travailler avec d’autres gens, d’échanger avec des personnes différentes sur la production de nouvelles chansons."

L’option quasi purement électronique de ce nouveau projet s’inscrit dans une évolution naturelle entamée dans le dernier album de The Dø. Le duo avait déjà misé sur le recours à des instruments virtuels. Prudence affirme plus encore ce parti pris: "cela correspond à la musique que j’écoute depuis plusieurs années: du hip-hop et du r’n’b principalement américains."

Une ambition très commerciale affichée

Cette option répond aussi à une pratique musicale plus indépendante. Olivia Merilahti est devenue maman depuis la sortie du dernier album de The Dø. Grâce à l’ordinateur et aux outils virtuels, elle a pu produire et créer ses maquettes partout où elle le voulait, au gré de ses déplacements entre Paris et Biarritz, où elle a alors en partie vécu.

Si l’habillage sonore de cet album est très synthétique, il flirte plus avec la pop calibrée de Dua Lipa ou Sia qu’avec l’approche plus expérimentale de Björk. Prudence affiche son ambition très commerciale. "J’ai toujours aimé la musique pop très mainstream. Beaucoup de gens ne veulent pas l’admettre, moi je le fais volontiers. J’ai eu beaucoup de plaisir à composer ces chansons mais cela exige aussi beaucoup de travail. La pop mainstream est très sophistiquée en fait. Les leaders du genre sont clairement les Américains. Je voulais que le résultat musical ne soit pas trop chargé, qu’il affirme mon identité sonore", détaille la chanteuse.

"Un de mes objectifs principaux serait de féminiser les studios"

Prudence se veut aussi un projet féministe. Olivia Merilahti s’y présente en héroïne de science-fiction. Femme, sœur, mère, justicière, Prudence traverse ses chansons en changeant de peau, de rôle, toujours fidèle à sa volonté de constamment évoluer, à l’instar de son autrice. "Depuis le dernier album de The Dø, il y a eu tout un questionnement et une prise de conscience par rapport à mon métier en tant que femme. Il y a beaucoup de choses qui ne vont pas dans l’univers de la musique. Concrètement, mon objectif le plus important dans cette industrie serait de féminiser les studios. Des interprètes, des musiciennes, il y en a. Mais les inégalités se ressentent le plus fort dans le domaine des studios et de la technique. Personnellement, je cherche à féminiser mon équipe pour un futur album, mais je dois avouer que je n’ai pas encore trouvé mon équipe."

Michel Masserey/sb

Prudence, "Beginnings" (RCA France).

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