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La chanteuse suisso-tamoule Priya Ragu part à l’assaut de Londres

La chanteuse saint-galloise d’origine sri-lankaise Priya Ragu. [DR]
Priya Ragu à lʹassaut de Londres / Vertigo / 8 min. / le 23 mars 2021
Priya Ragu est Saint-Galloise d’origine sri-lankaise. L’an passé, elle a signé un contrat avec une grande maison de disques en Grande-Bretagne. Un de ses morceaux, mélange de hip-hop et de folkore sud-asiatique, fait même partie de la bande son du jeu vidéo FIFA 21.

Il faut voir les vidéos de Priya Ragu. Elles sont colorées, lumineuses, et nous projettent dans un univers de fêtes de maharajas, sauf que dans ses clips ces souverains d’un nouveau type télescopent dans leur look tradition et culture urbaine. Certains, excentriques et très maquillés, semblent sortir de l’univers du voguing, associant saris soyeux et sneakers exclusifs. Ils sont à l’image de Priya Ragu, futuristes mais aussi ancrés dans une riche tradition culturelle.

Priya Ragu avait huit ans à peine lorsqu’elle a débuté sa carrière musicale dans le groupe de son père. Ils animaient alors des mariages au sein de la communauté sri-lankaise suisse. Par la suite, elle a travaillé dans le domaine de l’aéronautique. Tout en collaborant avec différentes formations alémaniques à succès, dont les rappeurs Sektion Kuchikäschtli.

En 2013, elle parvient en finale de la Demotape Clinic, un concours de maquettes proposé par le festival M4Music. Quatre ans plus tard, elle quitte son travail pour partir à New York. L’occasion pour elle de prendre du recul et d’écrire des chansons.

Les beats hip-hop rebondissent sur les mantras de Krishna

Mais c’est en duo avec son frère, le producteur Japhna Gold, que sa carrière a véritablement démarré, en faisant basculer le folklore sri-lankais dans la modernité. Les beats hip-hop rebondissent sur les mantras de Krishna et les sonorités de Kollywood, l’équivalent tamoul des studios de Bollywood. Priya Ragu explique que "ce mélange culturel et musical s’est fait de manière très organique en studio. Et dès la sortie de notre premier morceau, nous avons été frappés par l’impact qu’il avait sur les gens. C’était un signe que nous étions sur le bon chemin".

Priya Ragu a grandi en écoutant principalement de la soul et du jazz, alors que son frère Japhna Gold était plutôt fan de hip-hop et de r’n’b. Ils ont mélangé leurs univers pour aboutir au son actuel du projet. "Ceci dit, au début, il y avait un peu de tension entre nous deux, parce que j’avais une autre vision artistique que lui et puis je me suis dit qu’il fallait que je lui fasse confiance et que l’on se mette simplement au travail."

En 2020, toutes les portes se sont ouvertes

Et soudainement le succès est venu. Le duo part tourner le clip du morceau "Lighthouse" en Inde en 2019. Un ami, qui travaillait auparavant pour la chaîne de télévision locale VH1, recommande leur vidéo, mais sans garantie. Finalement, la chaîne la met immédiatement en rotation intensive. L’édition indienne du magazine Rolling Stone embraye et écrit sur ce morceau, la BBC rebondit et le diffuse aussi régulièrement.

"On peut vraiment parler de chance. En 2020, toutes les portes se sont ouvertes. `Good Love 2.0`, un morceau que nous avions déjà enregistré par le passé, a été lui aussi diffusé sur BBC Radio One par la DJ et animatrice vedette Annie Mac. Plusieurs labels de disques se sont alors intéressés à nous. Ils voulaient tous nous rencontrer."

Un album à paraître dans le courant de l'année

Le confinement arrive mais paradoxalement ne freine pas le développement du projet. Priya Ragu trouve rapidement une équipe de management et décide de signer avec la multinationale discographique Warner UK. Dès lors, le morceau "Good Love 2.0" est retiré des plateformes pour ressortir sur Warner.

Priya Ragu a déjà composé suffisamment de morceaux pour un album, qui devrait sortir au deuxième semestre de 2021. Mais pour l’heure, elle construit sa carrière sur les réseaux en agrandissant son cercle de fans. Ces prochains jours, elle va rejoindre Londres pour développer son projet sur le plan promotionnel et aussi musical. La mégapole anglaise est un vivier de musiciens et les studios y sont plus disponibles qu’en Suisse. "On verra comment cela se passe. Je rentrerai peut-être. Qui sait… Je vais avoir deux maisons et voyager d’un pays à l’autre. Parce que je ne peux pas quitter définitivement la Suisse."

Michel Masserey/olhor

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