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Pas d'orchestre dans la fosse pour "L'affaire Makropoulos" à Genève

Le grand théâtre de Genève présente dès ce soir "L'affaire Makropoulos", une oeuvre jouée en l'absence de l'orchestre.
Le grand théâtre de Genève présente dès ce soir "L'affaire Makropoulos", une oeuvre jouée en l'absence de l'orchestre. / 19h30 / 2 min. / le 26 octobre 2020
Situation sanitaire oblige, le Grand Théâtre de Genève propose l'opéra de Leoš Janáček dans une version sans orchestre dans la fosse mais avec une bande-son enregistrée.

C'est une vision un peu irréelle que l'on peut découvrir actuellement Grand Théâtre de Genève: celle d'un chef d'orchestre privé des dizaines de musiciens qui l’entourent normalement lors de l'exécution d'un opéra.

De par la grande promiscuité qu’implique dans la fosse d’orchestre l’effectif musical exigé pour jouer "L'affaire Makropoulos" de Janáček, la salle genevoise et l'Orchestre de la Suisse Romande (OSR) ont décidé de diffuser une bande-son lors des représentations qui ont lieu en ce moment.

Le chef d'orchestre tchèque Tomas Netopil ne dirige donc ici qu’une poignée de chanteurs sur scène, au rythme d’une bande-son qui est diffusée par une trentaine de haut-parleurs.

Ca fait vraiment super bizarre. C’est quelque chose que je ne voudrais pas forcément refaire dans ma vie. Même si on fait tout pour retranscrire les émotions de la musique de Janacek, et qu’on obtient un très bon résultat, il y a quand même un côté humain qui manque.

Tomas Netopil, chef d’orchestre qui dirige "L'Affaire Makroupoulos" au Grand Théâtre de Genève

Un défi pour les chanteurs

C'est un gros défi également pour les chanteurs solistes, dont l’interprétation influe normalement sur la conduite de l'orchestre. Ici, à eux de se calquer entièrement sur la bande-son.

Un exercice finalement moins contraignant que redouté au départ par la soprano suisse Rachel Harnisch qui joue le rôle titre. Rencontrée juste avant son entrée en scène lors d'une répétition, elle confie: "Je dois dire que ça aussi des avantages, parce que vous connaissez d’avance chaque tempo, vous n'avez pas les bruits de la fosse d'orchestre, vous n'êtes pas dérangé, vous êtes plus concentré. Le résultat est très intime, très dense, très complexe".

Une partition enregistrée au mois de juillet

La partition de Janacek que l'on entend a été enregistrée au mois de juillet par l'OSR en prévision de possibles restrictions sanitaires liées au Covid.

Une solution qui ne conviendrait pas forcément pour un opéra plus classique, mais qui est adaptée pour "L’Affaire Makropoulos" selon le directeur du Grand Théâtre Aviel Cahn: "C’est très cinématographique, comme mise en scène, mais aussi comme musique. Et pour cette œuvre-là spécifiquement je pense que ça ajoute une touche différente mais très intéressante."

Mis en scène par le réalisateur Kornél Mundruczó, "L’Affaire Makropoulos" évoque le destin d’Emilia Marty, femme mystérieuse à la longévité inégalée – 337 ans– grâce à un élixir imaginé par son père assassiné sur ordre de l’Empereur d’Autriche. Un opéra qui oscille entre thriller et science-fiction.

Pour les prochaines productions, le Grand Théâtre cherche d’autres solutions. Il pourrait notamment s’inspirer de l’Opéra de Zurich, où l’orchestre joue en direct, mais dans une salle éloignée, avec un son transmis par fibre optique.

Sujet TV: Véronique Wicht et Mathieu Lombard

Adaptation web: aq

"L'affaire Makropoulos" de Leos Janacek, à voir au Grand Théâtre de Genève juqu'au 6 novembre 2020

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