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Balance ton tube: "Dlakam" de la chanteuse kurde Marya Hawrami

Capture d'écran de la vidéo de Marya Hawrami "Dlakam". [Youtube]
Balance ton tube / Vertigo / 5 min. / le 7 juillet 2020
Quels sont les tubes de l’année 2020 écoutés par les 2 millions d’étrangers qui vivent et font vivre notre pays? Durant l'été, découvrez les musiques des communautés qui vivent en Suisse. Aujourd'hui: "Dlakam" de la chanteuse kurde Marya Hawrami.

La voiture est blanche comme le cheval ailé du conte des 1001 nuits. En sort Shéhérazade, rien de moins. Une princesse orientale en robe de fête aux confins de l’Orient. Nous sommes à Souleimaniye, à équidistance de Tabriz et Bagdad, au cœur du Kurdistan irakien. C’est là, en plein boulevard, escortée d’une lignée de danseurs, de flûtiste et de joueur de tambour, qu’apparait la chanteuse Marya Hawrami.

Quand affirmer son amour en pleine rue ne va pas de soi

Les téléphones portables s’agitent immédiatement, les caméras tournent. Marya Hawrami entonne "Dlakam", "Mon cœur", une chanson d’amour où il est question d’un chemin de roses pour relier l’être aimé. Je vous le disais: Shéhérazade est de retour!

Sauf qu’en 2020, dans ce lieu miraculeusement en paix, se tenir ainsi, en pleine rue, pour y affirmer son amour, sa voix et sa féminité, visage découvert et chevelure au vent, cela ne va pas de soi.

Le courage de Marya Hawrami

Marya Hawrami, rossignol de la chanson kurde marie tradition et modernité. Elle est originaire de la pieuse Halabja, cette ville bombardée et gazée en 1988 par le sinistre "Ali le chimique", cousin criminel du dictateur Saddam Hussein. Il voulait ainsi en finir avec les velléités d’indépendance des Kurdes. Marya Hawrami chante son amie la rose et les épines ne sont jamais loin.

L’idée de ce clip en pleine rue, orchestré comme une flashmob, est un emprunt. Quelques mois auparavant, en 2019, la diva libanaise Najwa Karam s’était présentée de même: tout de blanc vêtue, jaillissant elle aussi, à l’impromptu dans la rue avant de s'éclipser dans un 4x4 immaculé. Le soleil de la chanson arabe se trouvait alors dans la partie européenne de Beyrouth, pas ici, à Souleimaniye, au cœur de ce Kurdistan où la paix a la fragilité d’une statuette de porcelaine.

Il faut saluer le courage de la belle Marya Hawrami. 18 millions de vue pour le clip "Dlakam". Et quelques sérieuses menaces en sus des commentaires enthousiastes.

Thierry Sartoretti/aq

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